Expatriation : quelles alternatives si un passeport est moins avantageux ?

Vie pratique
  • passeports de différents pays
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Publié le 2022-08-09 à 10:00 par Asaël Häzaq
Avec la réouverture des frontières dans la majorité des pays, les projets d'expatriation sont de nouveau possibles. Parmi les formalités indispensables : le passeport. Les administrations sont prises d'assaut depuis plusieurs mois par des futurs voyageurs qui veulent faire renouveler ou créer leur passeport. Quels sont les droits qui y sont attachés ? Quels sont les passeports « puissants » ? Comment voyager avec un passeport moins avantageux ?

Droits attachés au passeport

Le passeport est un document officiel fourni par un État, qui permet de passer les frontières d'un autre État. Le passeport permet aussi à tout citoyen de l'État de délivrance de justifier sa nationalité lorsqu'il se rend à l'étranger. Mais tous ne sont pas égaux en matière de passeport. Certaines nationalités ont des passeports dits «puissants », qui leur permettent de voyager dans plusieurs pays sans visa (près de 200, pour les passeports les plus puissants). Inversement, les autres passeports ne permettent de circuler sans visa que dans quelques pays (moins de 30, pour les moins avantageux).

Quels sont les passeports les plus puissants du monde ?

En 2022, les passeports les plus puissants du monde sont les passeports japonais et singapouriens. Le Japon occupe la première place depuis 6 ans. Singapour l'a rejoint en 2021. Les citoyens de ces États peuvent circuler sans visa dans 192 pays. Les passeports les moins avantageux sont ceux de la Syrie, de l'Irak et de l'Afghanistan. Ils occupent les 3 dernières places du classement (respectivement 110, 111 et 112e). Le passeport syrien permet de voyager sans visa dans 29 États. C'est 28 pour l'Irak et 26 pour l'Afghanistan. Juste au dessus de ces pays, on retrouve le Pakistan, le Yémen, la Somalie, le Népal et les territoires palestiniens, et la Corée du Nord. Henley & Partners, cabinet de conseil en citoyenneté auteur du classement (le cabinet en effectue tous les trimestres), y voit un lien entre le degré de « tranquillité » d'un pays et la puissance de son passeport. Il faut aussi souligner la présence d'accords bilatéraux entre les États, qui permettent ou non ces assouplissements en matière de contrôle aux frontières.

Passeport, expatriation et restrictions

Selon sa nationalité, on peut donc être confronté à plus ou moins de liberté. Il existe plusieurs niveaux de restrictions, de l'absence de restrictions à l'obligation de présenter un visa.

  • Exemption de visa

C'est le système le moins restrictif. Le voyageur est exempté de visa. Son passeport suffit. Il est libre de circuler dans les États qui ont signé des accords bilatéraux avec son pays. Les ressortissants possédant un passeport « puissant » sont ceux de cette catégorie : leur passeport leur permet de voyager dans beaucoup de pays sans visa.

  • Visa obligatoire à l'arrivée

L'expatrié est libre de quitter son pays avec son passeport seul, mais à l'arrivée dans le pays d'accueil, il devra payer un visa. La procédure est simple et se fait à la douane. Le voyageur paie son visa directement auprès des services douaniers, qui lui délivrent un document. Un tampon sera ensuite apposé sur son passeport. Mieux vaut prévoir des liquidités dans la monnaie locale pour faciliter la transaction. Les Comores, le Laos, les Maldives, le Burkina Faso, Oman, le Suriname ou la République dominicaine demandent un visa à l'arrivée (le Suriname et la République dominicaine l'appellent « carte de tourisme »).

  • L'Autorisation de voyage électronique (ESTA)

Mise en place en 2009, l'ESTA permet d'entrer sur le territoire américain sans visa (seul le passeport valide suffit), mais sous conditions. L'expatrié doit être ressortissant d'un État membre du « Visa Waiver Program » (programme d'exemption de visa). Parmi les membres du programme, un grand nombre de pays européens (Belgique, Allemagne, Grèce, France, Danemark, Espagne, Autriche, Slovénie, Irlande…), le Japon, la Corée du Sud, le Royaume-Uni, Taïwan, ou encore, la Nouvelle-Zélande. Le ressortissant d'un de ses pays peut demander l'ESTA pour circuler sans visa aux États-Unis. À noter que l'ESTA est valable 2 ans, mais qu'elle ne garantit pas que son dossier sera automatiquement validé par les autorités américaines. L'immigration peut finalement refuser l'entrée sur le sol américain.

  • E-visa obligatoire avant le voyage

Le remplaçant du visa traditionnel a encore gagné en popularité durant la crise sanitaire. Il permet d'accélérer les procédures tout en les modernisant. La seule contrainte pour l'expatrié est d'avoir un passeport valide et une bonne connexion Internet. Ce qui n'est pas toujours simple, même dans les pays qui ont la fibre. En France, par exemple, il existe encore des zones blanches et brises (zones sans réseau, ou avec un faible réseau). Le e-visa permet de faire une demande de visa entièrement en ligne, visa obligatoire avant de pouvoir voyager. Le Canada, les États-Unis, Djibouti, le Kenya, la Corée du Sud, Dubaï, la Géorgie, ou l'Australie demandent un e-visa.

  • Visa traditionnel obligatoire

C'est la procédure traditionnelle de visa, établie à l'Ambassade de son futur pays de séjour. Le voyageur doit se rendre en personne à l'Ambassade pour déposer sa demande. Toutes les formalités se font sur place. Il faut prévoir plusieurs rendez-vous aux services des visas pour faire sa demande, puis déposer son passeport pour recevoir le tampon.

  • Restrictions applicables à tous

Attention :

* Les exemptions et conditions décrites ci-dessous concernent seulement les voyages touristiques (moins de 90 jours). Les États sont libres de modifier leurs règles à tout moment. Le Japon, par exemple, exige désormais un visa pour les voyages touristiques, même pour les ressortissants des États avec qui il a signé un accord d'exemption de visa. Mieux vaut contacter son Ambassade ou son Consulat pour toute demande concernant le passeport, le visa et le voyage.

* Il ne faut pas confondre passeport et visa. Un État peut, en plus du passeport, demander un visa d'entrée sur son territoire, ou demander uniquement un visa. L'Égypte ne demande pas de passeport, mais exige un visa. D'autres États, comme les États-Unis, exigent un passeport biométrique.

*Le passeport doit être valide au moins 6 mois après la date prévue de retour de voyage.

Voyager avec un passeport moins avantageux : quelles solutions ?

Que faire lorsqu'on ne fait pas partie d'un État membre du Visa Waiver Program et qu'on souhaite aller aux États-Unis ? Que faire lorsque le passeport n'accorde l'exemption de visa que dans une trentaine de pays ?

  • Voyager aux États-Unis sans ESTA

Les ressortissants d'un État non-membre du Visa Waiver Program doivent demander un visa. On distingue 2 grandes catégories de visas : le non-immigrant et l'immigrant. Le premier concerne les voyages touristiques, d'affaires, le travail ou les études. Le second concerne toutes les personnes qui veulent immigrer durablement aux États-Unis. Là encore, une validation du visa ne signifie pas une entrée automatique sur le sol américain. À l'arrivée aux États-Unis, l'immigration peut refuser le droit d'entrée. Par exemple, elle peut considérer que vous n'avez pas respecté la loi américaine concernant l'immigration et la nationalité. Elle peut aussi considérer que vous représentez une menace à l'ordre public.

  • Voyager avec un passeport moins avantageux

Sans surprise, les passeports moins avantageux exposent à plus de procédures et plus de frais. L'obtention du visa est la seule possibilité pour voyager. Les choses s'équilibrent concernant l'expatriation, voyage long par principe (plus de 90 jours). Tous les ressortissants doivent présenter un passeport et un visa valides (visa étudiant, travail, permis vacances travail…). Si la Covid a changé la donne concernant les exemptions de visa, nul doute que la situation reviendra à la normale à plus ou moins long terme.

  • L'option controversée des golden visas

Au fond, la qualité de passeport puissant ou non échappe aux ressortissants desdits États. Ce sont les États qui établissent ou non des accords bilatéraux. Certains riches ont cependant trouvé une astuce : le golden visa. Ce « passeport doré » ouvre la voie vers une nationalité achetée à prix d'or, et permet à ses détenteurs de bénéficier d'un passeport fort. Par exemple, avoir un golden visa au Portugal permet de circuler librement dans tout l'espace Schengen. Obtenir la citoyenneté portugaise (qui reconnaît la double nationalité) donne automatiquement la citoyenneté européenne. Le passeport portugais, lui, ouvre les portes de 187 pays sans visas. Consciente du risque potentiel de ce visa, la Commission européenne exhorte les États qui le proposent encore d'y mettre fin. Opération réussie pour Chypre, mais pas pour le Portugal, l'Espagne ou l'Autriche.

Conclusion

Peu d'options pour voyager avec un passeport « faible » sans passer par la case « visa ». Les binationaux peuvent éventuellement faire valoir leur double nationalité pour profiter des droits attachés à chaque passeport. La crise sanitaire a cependant freiné les avancées en matière d'exemption de visa (sur le continent Africain, par exemple). D'autres États, comme le Japon, préfèrent geler l'exemption de visa même pour les passeports « puissants ». Le pays est actuellement frappé par une 7e vague Covid sans précédent (plus de 200 000 cas par jour). Vague qui touche davantage les moins de 30 ans. En cause, selon les premières études : un relâchement de l'attention chez trentenaires et les jeunes (refus de faire sa dose de rappel, par exemple). Les hôpitaux sont de nouveau en difficulté et alertent les pouvoirs publics. Le Japon venait de rouvrir ses frontières aux groupes de touristes (depuis le 10 juin). Les plus optimistes tablaient sur une réouverture totale à l'automne. Certains envisagent déjà le maintien des restrictions comme l'obligation de visa, même pour les détenteurs de passeports « forts ».