Salaires encore plus élevés dans les secteurs de pointe, souffrant d'une pénurie de main-d'œuvre qualifiée. S'il est utile de comparer les salaires entre son pays d'origine et d'expatriation, est-ce la seule variable à prendre en compte ? Comment apprécier au mieux les écarts de salaires entre les différents pays ?
Les pays qui paient le mieux, les métiers les plus en vue
Vous êtes ingénieur dans le numérique, rédacteur web, conseiller clientèle, chargé des relations entreprises, data analyst, développeur ou responsable développement durable. Bonne nouvelle. Vous occupez les postes les plus en vue en 2022. La transition écologique et la digitalisation des échanges continuent leur progression. Si l'ensemble de l'économie a été ralenti lors des premiers confinements, les « métiers de demain » ont plus que jamais le vent en poupe. Des métiers pas forcément « nouveaux » (comme le conseiller clientèle), mais qui se digitalisent. Le numérique occupe une grande part dans les secteurs qui recrutent : marketing, ressources humaines, vente, santé, ingénierie...
Exercer un métier en vue, oui, mais où ? Certains pays sont plus généreux que d'autres. Selon le comparateur William Russell, mieux vaut être data analyst en Suisse plutôt qu'au Japon. Le premier offre un salaire annuel d'environ 101 000 dollars. C'est moitié moins au Japon. La Suisse, tout aussi avantageuse pour les managers des ressources humaines (130 586 dollars annuels), loin devant le Danemark (107 052 dollars annuels), très loin devant la France (61 974 dollars) ou la Pologne (35 337 dollars). En revanche, les médecins ont tout intérêt à s'installer aux États-Unis, où ils gagneront bien plus qu'au Canada ou qu'en Norvège. 151 000 dollars annuels aux USA, contre 112 290 dollars annuels au Canada, et 110 668 en Norvège. La Suisse arrive aux pieds du podium, avec 101 447 dollars annuels.
Allez-vous pour autant vous expatrier dans un pays parce qu'il vous rémunère plus qu'un autre ? Ne prendre en compte que le niveau de salaire est une erreur. En effet, les pays affichant des niveaux de rémunération élevés sont également ceux présentant un coût de la vie plus élevé.
Expatriation et salaire : prendre en compte le coût de la vie
Impossible de comparer les salaires sans prendre en compte le coût de la vie. En Suisse, les salaires sont élevés, mais le coût de la vie aussi. Même situation au Japon, surtout à Tokyo, où le loyer d'un 20m² peut facilement dépasser les 630 dollars mensuels. Le salaire élevé à lui seul ne signifie rien. Il doit être mis en balance avec tous les frais indispensables à la vie dans le pays : transports, essence, alimentation, garde d'enfants, scolarité, handicap, logement, assurances, santé, loisirs, etc. L'on comprend mieux les salaires élevés suisses en les comparant au coût de la vie, lui aussi élevé. Selon l'OCDE, l'indice des niveaux des prix suisses en 2021 est le 2e plus élevé du monde, avec 142 points. La Norvège arrive en tête, avec 152 points. Le Danemark et le Canada sont 6e ex aequo (120 points). Les États-Unis sont 9e (117 points). Loin derrière, le Japon est classé 17e (117 points), et la France, 21e (98 points).
L'on peut donc vivre dans un pays généreux côté rémunération, mais affichant un coût de la vie élevé. Au final, l'on ne profite peut-être pas de son haut salaire, du moins, pas comme on l'avait imaginé. Des comparateurs comme celui de William Russel sont une bonne rampe de lancement, permettant d'apprécier les niveaux de salaires dans tel ou tel pays. Ils ne prennent néanmoins pas en compte le coût de la vie ou le contexte sociopolitique, qui, eux aussi, influent sur le niveau réel du revenu. D'où l'importance de considérer tous les aspects de l'expatriation avant de se lancer.
Comparer les salaires : prendre en compte la profession et la politique du pays
La Suisse est l'un des pays qui paient le mieux au monde. Avec elle, les États-Unis, les Émirats arabes unis, le Japon et le Qatar font également partie des pays les mieux rémunérateurs. Mais attention : l'on parle davantage ici des métiers « de pointe », comme les métiers du numérique, du marketing, de l'industrie et du développement durable. La crise sanitaire (et la crise économique qu'elle a entraînée) n'a fait que renforcer l'écart entre les CSP+ (catégories socioprofessionnelles supérieures) et les autres, plus exposées aux aléas de la conjoncture. Même si les CSP+ ont aussi été impactées par la crise, elles l'ont été dans des proportions inférieures à celles des autres catégories socioprofessionnelles.
Autre élément tout aussi important : la politique du pays. Les lois du pays d'expatriation protègent-elles les travailleurs ? Comment ? En Allemagne, par exemple, les syndicats sont puissants, et dialoguent avec l'État et les instances patronales. Aux États-Unis, patronat et conservateurs continuent de percevoir les syndicats comme une menace. En France, les rapports sont souvent conflictuels entre l'État, le patronat et les syndicats. Outre la protection salariale, le candidat à l'expatriation doit aussi penser à sa protection en tant que citoyen. Quelle est la politique de visas du pays ? Les Émirats arabes unis ont le vent en poupe, surtout depuis la Covid, et multiplient les incitations pour attirer les talents internationaux. En novembre 2021, ils ont amorcé une vaste réforme juridique, visant notamment certaines lois islamiques : assouplissement concernant les relations extraconjugales pour les couples expatriés à Dubaï, meilleure protection des femmes, criminalisation des « crimes d'honneur »…
Conclusion
Coût de la vie, qualité de vie, perspectives de carrière, géopolitique… Beaucoup d'autres données gravitent autour de la notion de « salaire ». En effet, l'expatrié ne vit pas seul avec son salaire, mais l'utilise pour vivre dans un pays donné. Mieux vaut prendre le temps de comparer le salaire entre son pays d'origine et d'autres pays en prenant en compte tout ce qui est indispensable à la vie et au bien-être. L'on sera alors plus à même d'apprécier la signification réelle du salaire proposé par le pays d'expatriation.
