Immigration au Québec et à Ottawa : la compétition est lancée

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Publié le 2021-05-18 à 10:00 par Veedushi
Le Québec a pendant longtemps été la destination de prédilection des expatriés, les Français et francophones en particulier, au Canada. Mais aujourd'hui, il est probable que la province d'Ottawa change la donne avec son nouveau programme d'immigration rapide.

Les médias internationaux rapportent que des expatriés sont en train de quitter le Québec en masse pour se diriger vers d'autres provinces plus avantageuses. Une situation attribuée aux délais de traitement des dossiers de candidatures des immigrants francophones malgré la pénurie de main-d'œuvre dans différents secteurs. Mais Ottawa semble être bien parti pour voler la vedette au Québec. Avec son nouveau programme d'immigration, la province s'apprête à accueillir au moins 90 000 travailleurs essentiels et étudiants étrangers d'ici novembre 2021. Il s'agira, notamment, de 20 000 professionnels de la santé, 30 000 travailleurs dans d'autres secteurs essentiels et 40 000 étudiants étrangers ayant obtenu leur diplôme au Canada.

A savoir que le programme d'immigration d'Ottawa ouvre la voie à la résidence permanente au Canada. De quoi séduire les expatriés au Québec qui, jusqu'à présent, ont été contraints de prendre leur mal en patience. L'une des particularités de ce programme est que la résidence permanente peut être accordée dans un délai de 6 mois contrairement aux 3 années au Québec. Ce qui a entraîné une hausse rapide de la demande ces dernières semaines, comme l'on s'y attendait. Malgré les réserves exprimées par la Royal Bank of Canada dans un récent rapport, selon lesquelles le Canada ne pourrait accueillir que 275 000 immigrants cette année en raison des restrictions de voyage, le pays semble plus que jamais déterminé à atteindre son objectif. Celui d'accueillir au moins 1,2 million de nouveaux arrivants au cours des trois prochaines années.

Il n'empêche que l'intérêt des expatriés francophones pour le programme proposé par Ottawa reste moindre par rapport à celui des anglophones, particulièrement en ce qui concerne le secteur de la santé et les autres métiers essentiels. Les étudiants francophones sont également moins nombreux que les anglophones à déposer leur candidature, selon les indications du département de l'immigration. Il est bon de savoir que ce programme vise essentiellement à répondre à la pénurie de main-d'œuvre dans les secteurs essentiels, gardant en tête la pression qu'exerce la pandémie de COVID-19 sur eux depuis ses débuts.

Les secteurs et provinces qui manquent de main-d'œuvre 

Face à une baisse démographique et une population vieillissante, le Canada fait face à une pénurie de main-d'œuvre dans de nombreux secteurs, et ce dans pratiquement toutes ses provinces. Outre le Québec, d'autres provinces comme l'Ontario, l'Alberta, ou encore la Colombie Britannique, peinent également à répondre aux besoins du marché du travail. Il y a 5 ans, près de la moitié des petites et moyennes entreprises avaient déjà du mal à remplir leurs postes vacants. En effet, les services essentiels et la santé ne sont pas les seuls secteurs concernés. Il y a énormément de postes à pourvoir dans le secteur manufacturier, la technologie, sans oublier la construction et le commerce au détail. Mais au cours de l'année écoulée, la crise sanitaire mondiale est venue aggraver les choses, avec non seulement des restrictions de voyage mais aussi une crise financière qui ne donne pas de signes d'amélioration. Ce qui a freiné l'immigration professionnelle au Canada de manière significative.

D'ailleurs, les derniers chiffres publiés par le Bureau des statistiques du Canada sont alarmants. La hausse du taux de chômage n'a pas ralenti ces derniers mois. Une baisse importante du taux d'emploi a été enregistrée dans les provinces du Québec, de l'Ontario, mais aussi en Terre-Neuve-et-Labrador. En revanche, les données pour l'Alberta, le Manitoba et la Nouvelle-Écosse sont plutôt prometteuses. En Colombie Britannique, au Nouveau-Brunswick et au Saskatchewan, aucun changement majeur n'a été noté depuis le pic de la pandémie.

Le cas du Québec

Il y a encore quelque temps, le gouvernement québécois s'était lancé le défi de réduire le nombre d'immigrants permanents accueillis chaque année, ce qui devait réduire le budget de la province. Les chiffres sont ainsi passés de quelque 50 000 à 40 000. Mais la crise de COVID-19 est venue changer la donne. Le Québec souhaite à présent se rattraper en ajoutant au moins 7 000 personnes à son nouveau quota. Ces dernières semaines, de nombreuses entreprises se sont exprimées au sujet de l'impact de la baisse du quota et de la lenteur des procédures sur le marché du travail québécois. Comme nous l'indiquions plus haut, les expatriés sont actuellement nombreux à quitter le Québec pour d'autres provinces. Comment répondre à l'urgence de la situation hormis l'accélération du traitement des dossiers ? A noter que les autorités québécoises se sont récemment engagées à informatiser tout le système afin d'accélérer tout le processus de traitement des demandes.

Afin d'attirer les meilleurs talents sur son territoire et de voir croître le nombre de demandes, le Québec envisage de revoir ses exigences habituelles de langue française dans le cadre des sélections. Est-ce que cela signifie que les candidats anglophones auront dorénavant plus de chances de postuler au Québec, province essentiellement francophone ? Très probablement, si l'on prend en compte les nouvelles priorités du Québec. Fin 2021, la province avait d'ailleurs lancé le premier projet pilote ayant un volet dédié aux candidats non francophones. Le but étant de répondre à la forte demande d'expertise dans le domaine de la technologie, particulièrement celui de l'intelligence artificielle. On s'attend toutefois à ce que les candidats aient une certaine notion du français ou qu'ils s'engagent à apprendre la langue même s'ils ne sont pas francophones.