Le nid du Piou

L'Expat du mois
  • Le nid du Piou
Écrit par Expat.com team le 01 mars, 2013
Je suis ce qu'on appelle un "chercheur". J'ai une thèse de biologie moléculaire, que j'ai eu à Orsay en 2003. Je viens de la banlieue sud de Paris, Bondoufle (ouais c'est le nom de ville bizarre qui est mentionnée dans l'Auberge Espagnole) pour être exact.

Je suis ce qu'on appelle un "chercheur". J'ai une thèse de biologie moléculaire, que j'ai eu à Orsay en 2003. Je viens de la banlieue sud de Paris. Bondoufle (ouais c'est le nom de ville bizarre qui est mentionnée dans L'Auberge Espagnole) pour être exact.

Comment t'est venue l'idée de t'installer en Californie?

Ce n'était pas vraiment une idée, plutôt un impératif. Après ma thèse, mon chef de labo, m'a expliqué très clairement que si je voulais un job dans un labo Français (mon rêve à l'époque), je me devais d'aller "voir ailleurs" pour apprendre une autre façon de travailler. J'avais quelques touches à New-York, Chicago et dans la Bay Area. Ma copine (devenue ma femme depuis) a posé un veto sur les régions avec des températures négatives en hiver... Du coup j'ai accepté le job qu'on me proposait à Berkeley.

Depuis combien de temps es-tu parti? Est-ce la première fois que tu vis loin de chez toi?

Ça fait 11 ans maintenant. C'était ma première mise "hors portée" de ma famille. Sauf si on considère que les 40Km qui séparent Orsay de Bondoufle sont une longue distance...

Comment s'est passée l'installation?

Haha. On est parti avec une valise chacun. Et notre chat. Un pote de fac qui vivait depuis 2 ans à San Francisco est venu nous chercher à SFO et nous a déposé à notre "nouveau chez nous", une maison louée sur Internet. On l'avait jamais visité, ni même rencontré la proprio. Truc énorme. Quand j'y repense, c'était une vraie aventure. Je me rappellerai toujours du réveil dans cette maisonnette vide.

Les Californiens sont-ils accueillants?

Très. Trop peut-être même. Si on ne fait pas gaffe, on peut les prendre pour nos meilleurs amis très très vite, alors qu'en fait non, ils sont juste très polis et très curieux.

Ceci dit, il est possible de se faire de bons amis, faut juste se rappeler que c'est comme partout: ça se fait pas en quelques mois ces choses-là.

Qu'est-ce qui t'a le plus surpris en Californie/aux États-Unis?

Pas grand-chose pour être honnête. Y'a pas de choc culturel quoiqu'on en dise. Ce n'est pas le Maroc ou le Japon. La société est basée sur les mêmes principes occidentaux qu'en France.

Maintenant, la région en elle-même est magnifique. Les étendues sauvages à moins d'1h de route, c'était assez nouveau pour moi.

Quelles sont les différences les plus marquantes avec la France, ton pays d'origine?

La politique d'immigration et la relation de la société américaine avec les immigrés est complètement hallucinante pour un Français. L'intégration ne fait absolument pas partie du système: il n'y a pas d'assimilation. C'est assez bizarre parce que c'est vraiment à l'opposé des valeurs "républicaines" dans lesquelles j'ai grandi.

Quel est ton meilleur souvenir?

La naissance de mon premier fils en 2004. Non pas que la naissance du 2ème n'était pas un évènement digne de ce nom, mais avant, "on était 2", et puis paf, "on était 3". Pas de famille, on était que nous.

J'ai vécu ce changement de situation où d'un coup je n'étais plus éloigné de ma famille (ma mère, mon frère...) pass'que je venais de créer ma propre famille. Ca a été un moment énorme, cette prise de conscience.

Est-ce qu'il y a des choses qui te manquent depuis que tu es installé en Californie?

Les copains surtout. Pour ça, c'est chiant l'expatriation... On rate plein de trucs et puis on se sent oubliés/exclus des choses qui se passent sans nous. Et puis à chaque fois qu'on revient, y'a des nouvelles têtes invitées aux parties... t'as l'impression d'avoir été remplacé parfois.

La famille, ça va en fait, ils nous rendent visite assez souvent. Je ne pense pas qu'on les verrait plus si on habitait Toulouse ou Nice...

La bouffe maintenant, ça va mieux. Mais il m'aura fallu plusieurs années pour trouver tout ce qui me manquait à l'origine... Maintenant, à part l'andouillette et la viande de cheval, ça va. A propos, quand je vois le scandale des bolognaises à la viande de cheval, j'ai envie de balancer des claques: quel est le problème, bordel!?!?!?

La vie d'un expat en Californie, ça ressemble à quoi?

Alors en Californie, c'est facile: on se lève, on tend les bras et on essaie d'attraper le plus possible de billets de $100 qui tombent du ciel. Ensuite, on passe sa journée à les dépenser. Super cool.
Ça, c'est en général ce que les gens s'imaginent. Je rigole pas.

En vérité, ma vie est la même que celle de monsieur tout le monde: je vais au boulot 5 jours par semaine. Et c'est assez épuisant, surtout que niveau vacances, c'est 4 semaines par an et c'est tout. Je profite donc de mes week-ends le plus possible.
Le climat aide beaucoup: je fais du VTT 1 fois par semaine, en pleine nature, la région s'y prête parfaitement (c'est d'ailleurs ici que le VTT a été inventé, ce n'est pas un hasard). On fait aussi beaucoup de balades en forêt pour les mêmes raisons. On essaie aussi de profiter des régions viticoles qui sont à moins de 1h30 de route ou de la côte Pacifique qui offre un accès aux huitres fraichement pêchées! Et puis en bon Américain sur le devenir, c'est barbecue dès que possible y compris le soir en semaine.

J'évite par contre soigneusement les rencontres/événements de la communauté française : les rencontres y sont d'un superficiel, ça m'est impossible à supporter.

Après autant d'années de vie à l'étranger, te sens-tu toujours expatrié ou davantage immigré? Comment cela se traduit-il pour toi?

Je suis définitivement un immigré. J'ai cessé d'être un expat', le jour où j'ai su qu'on s'installait pour de bon. L'expatriation reste définie par le fait qu'à la fin, on rentrera au bercail. L'immigré lui, il ne rentrera pas.
Ceci dit, cette année, on devrait obtenir la nationalité US, donc je cesserai également d'être un immigré en 2013...
 

Qu'est-ce qui t'a donné envie d'écrire ce blog?

J'en avais simplement assez d'écrire le même email plusieurs fois par jour: à mes parents, à mes copains, mes ex-collègues... Et quand j'ai commencé, Facebook n'était pas accessible au commun des mortels, alors le blog était une bonne idée.

As-tu déjà rencontré du monde grâce à ton blog?

Oui plusieurs. Surtout des auteurs d'autres blogs. De bons souvenirs.
J'ai eu plusieurs contacts avec des lecteurs également: des touristes pour des conseils pour les séjours dans la Bay, des locaux pour des infos sur où trouver quoi...

Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à celles et ceux qui souhaiteraient aller vivre en Californie/aux États-Unis?

Pfff, dur.
Je vais encore passer pour un rabat-joie, mais aller vivre aux US n'est pas une mince affaire. Déjà, sans visa de travail, ça sera très très très dur. Pas impossible si vous êtes prêt à vivre illégalement pendant des années, mais je ne le souhaite à personne.
Et même avec un visa de travail, tant qu'on a pas la Green Card, il faut se préparer à avoir à rentrer en France en moins de 2 mois. J'ai vu ma meilleure amie repartir de cette façon, c'était pas drôle.

Ceci dit, c'est vraiment une grande expérience personnelle à vivre, ne serait-ce que pour le côté pédagogique: devenir un étranger est une expérience qui ne peut pas se raconter... je sais pas comment dire, mais vraiment, on devient moins con et beaucoup plus tolérant sur un tas de chose.

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