Nicolas à Hyderabad : « Tous les jours, c'est une nouvelle aventure ! »

Pourquoi as-tu choisi de t'installer à Hyderabad?

Pour l'aventure ! Hyderabad est la ville la plus dynamique du pays et j'avais envie d'un endroit qui bouge. Un endroit où chaque jour est meilleur que la veille; où tout le monde a envie de voir demain, car ça sera mieux qu'aujourd'hui.

Comment s'est passée ton installation?

L'installation s'est très bien passée, les loyers sont peu chers, 600? tout compris pour un 200m2 avec 3 chambres et 3 salles de bain. L'offre est conséquente, donc l'inflation des loyers est raisonnable. Il y a des services spéciaux pour les expatriés, mais je n'ai même pas eu besoin de faire ça. Un collègue indien m'a aidé et j'ai trouvé très facilement.

As-tu eu des difficultés d'adaptation (barrière de la langue, coutumes)?

Si vous me demandez ça, c'est que vous n'avez jamais mis les pieds ici (rires). Oui, l'adaptation en Inde est difficile, et pour tout le monde. Le pays reste pauvre, et les relations humaines sont parfois violentes. Beaucoup d'Indiens luttent au jour le jour pour se nourrir, et ça crée des tensions. Pour être tout à fait honnête, c'est parfois encore difficile pour moi, même après 2 ans ici.

Comment as-tu procédé pour trouver un emploi en Inde?

Je me suis rendu sur le site d'Ubifrance. Comme je n'étais pas éligible pour le VIE, j'ai contacté les entreprises du site et on s'est arrangé pour me faire venir en contrat local.

Tu as ensuite créé ton entreprise : quelles ont été les formalités pour mettre ton projet sur pied? Quels sont tes conseils?

J'ai choisi de m'associer avec des entrepreneurs locaux. Ils s'occupent de tous les problèmes administratifs, et je peux me concentrer sur mon métier. Je ne vais donner qu'un conseil à celles et ceux qui voudraient entreprendre ici : passez du temps à comprendre la culture avant de vous lancer. J'ai résolu de nombreux conflits grâce à ma connaissance du terrain, sans cela, on serait déjà parti dans le mur.

Qu'est-ce qui t'a le plus surpris à Hyderabad?

On est surpris tous les jours, c'est peut être ça le plus surprenant ;-). Je vais vous donner un exemple au hasard: un jour, je reçois un SMS de mon fournisseur d'accès à Internet : "Désolé, votre connexion Internet a été coupée, un éléphant a détruit la ligne". 10 000 ingénieurs du secteur IT se sont retrouvés sans Internet pendant une journée dans toute la hi-tech City. Le vrai gag, c'est qu'il m'a fallu appeler mon client en Roumanie et lui dire : "je suis désolé, on a pris du retard dans le développement informatique à cause d'un éléphant".

Les Indiens sont-ils accueillants? Est-il facile de s'intégrer et de faire de nouvelles connaissances à Hyderabad?

En Inde, l'étranger est un Dieu, conformément à l'un des préceptes de l'hindouisme, et comme rappelé par Gandhi. Les Indiens prennent ce point très au sérieux et on est reçu partout avec un profond respect.
Pour ce qui est de la socialisation, il y a de nombreux sites, comme Expat blog, mais aussi des pages Facebook, des sites anglophones, où on peut toujours être au courant des futures événements culturels et festifs. Il y en a pour tous les goûts et pour tous les budgets.

Peux-tu partager avec nous un trait caractéristique d'Hyderabad qui te plait particulièrement ainsi qu'un aspect négatif?

Le premier point positif qui me vient à l'esprit, c'est le climat : la mousson est très limitée à Hyderabad, le vent chasse la pollution, il fait soleil 10 mois par an, le top du top ! Ça me change de Lille, ma ville natale.
D'un autre côté, le conservatisme spirituel et religieux me pèse parfois. Aussi, ne vous mêlez surtout pas des histoires entre Indiens. C'est parfois difficile, quand un ami vous exprime sa détresse si il est marié de force par exemple, mais intervenir dans l'histoire peut être lourd de conséquences.

Une idée reçue sur Hyderabad qui s'est avérée totalement fausse...

Sur le site Internet de la ville, on a l'impression d'avoir des photos de la Silicon Valley. En fait, ce sont d'habiles montages, on ne s'aperçoit de la face cachée du décor qu'une fois arrivé sur place. Les bidons-villes sont collés aux buildings de verre et d'acier, et ça, le service com' de la ville se garde bien d'en faire étalage !

A quoi ressemble ton quotidien d'expatrié à Hyderabad?

Je suis convaincu que si on découvre des extra-terrestres sur Mars, il y a une probabilité pour que ceux-ci soient plus proches de nous que ne le sont les Indiens ;-). C'est justement pour ça que je suis bien ici, c'est tellement...différent.
La plupart des gens rêvent d'aventure, mais n'osent pas franchir le pas. J'ai envie de leur dire : même si votre expatriation se passe mal, vous en ressortirez grandi. Dans tous les cas, vous vivrez des aventures uniques, et vous en ressortirez plus fort.
Pourtant, tout n'est pas rose, et souvent, la distance géographique et culturelle pèse. J'appelle ça "le poids de l'exil". Tous les expatriés le vivent, mais en général, on se serre les coudes, et quand on voit quelqu'un de déprimé, on le soutien...parce qu'on sait bien que ça pourrait bien nous arriver un jour!
Aussi, l'arrivée est souvent très dure. Beaucoup ne tiennent pas plus de 6 mois, et jurent ne jamais revenir. Je ne les blâme pas, ça a été dur aussi pour moi au début, alors que j'ai une grande capacité de résilience. Aujourd'hui, quand un camion arrive à fond la caisse à contre-sens et manque de me tuer, ça ne me fait plus grand chose, c'est devenu une situation normale.
J'ai l'impression de ne pas avoir répondu à la question, mais je ne peux pas vous parler de mon quotidien, je n'en ai pas ! Tous les jours, c'est une nouvelle aventure!

Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à la France, ton pays d'origine?

Rien ne me manque au niveau matériel, à défaut de grive on mange du merle non ? Le poids de l'exil se fait uniquement sentir car on est loin de sa famille et de ses amis. Prévoyez 2 allers-retours par an en France dans votre budget : je pense que cela pourra s'avérer salutaire.

Quels conseils peux-tu donner à ceux qui veulent s'installer à Hyderabad?

J'ai trop peur de donner un mauvais conseil. Tout plaquer pour aller au bout du monde, c'est un choix lourd de conséquence. En Inde, on effleure la mort très souvent, mieux vaut être pré-venu, ce n'est pas pour tout le monde. Il faut être en bonne santé physique et mentale.
Je vais donc parler pour moi : j'avais un très bon job, j'ai tout plaqué, je ne regrette rien. Suis-je heureux ? En tout cas, ça y ressemble.