Reprise d'entreprise: Avez-vous pensé au Québec ?

Vie pratique
Publié le 2019-07-01 à 12:28 par Anne-Lise Mty
Selon une enquête de l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), les intentions de transfert de Petites et Moyennes Entreprises (PME) sont plus nombreuses au Québec que dans les autres régions canadiennes. Près d'un propriétaire de PME sur quatre aurait l'intention de procéder à un transfert de l'entreprise en 2017-2022, contre un sur cinq dans l'ensemble du Canada.

Au Québec, le vieillissement de la population entraîne d'année en année une hausse du nombre de postes libres et certains secteurs d'emploi subissent un manque de main-d'œuvre problématique. On sait moins que les PME sont, elles aussi, touchées par ce phénomène. En 2030, près du quart de la population aura plus de 65 ans : c'est ce qui explique que de plus en plus d'entrepreneurs cherchent à céder leurs entreprises. 

Tant au Québec qu'au Canada, un peu plus de la moitié des propriétaires majoritaires de PME privilégient le transfert externe de leur PME plutôt qu'un transfert familial ou avec un employé. Une bonne nouvelle pour les expatriés ! D'autant plus que les formalités de reprises sont plutôt simples, et ce, même pour les repreneurs étrangers : pour commencer, on peut se faire aider par le Centre de transfert d'entreprise du Québec (CTEQ) qui dispose d'antennes un peu partout dans la Province. 

Des secteurs plus favorables que d'autres 

Selon l'enquête de l'UQTR, les PME à transmettre se retrouvent dans tous les secteurs économiques, mais principalement dans ceux du tourisme et des services de l'hébergement et de restauration ; ce qui n'est pas une surprise ! En effet, ces deux secteurs sont des piliers pour l'économie du Québec. Le tourisme, par exemple, représente environ 14 milliards de dollars de recettes annuelles. 

Selon des données du site Guichet-emploi — le site de recherche d'emploi officiel du Gouvernement du Canada — les services de restauration accaparent plus de 70 % du PIB de l'industrie et plus de 85 % de l'effectif au Québec. Néanmoins, il faut savoir que le secteur de l'hébergement et de la restauration arrive en tête quant au nombre de dépôts de bilan, soit 19 % de toutes les faillites d'entreprises au Québec, selon des données de 2014. 

Les PME à transmettre disposent le plus souvent de 5 à 19 employés et ont des profils de croissance très diversifiés. « Les observations de terrain montrent que les PME transmises adoptent souvent des stratégies de pérennité à plus long terme qui ne favorisent pas nécessairement une croissance élevée lorsque le repreneur procède à une régénération stratégique », prévient la professeure Louise Cadieux, un des deux auteurs de l'enquête de l'UQTR. 

Une pratique de plus en plus plébiscitée

La pratique de la reprise d'entreprise a le vent en poupe en Amérique du Nord. Pour la période 2007 et 2017, la proportion de PME québécoises issues du repreneuriat est passée de 25 % à 32 %, comparé à 23 % et 25 % pour l'ensemble du Canada. De ce fait, en 2017, près d'une PME québécoise sur trois était issue d'une reprise d'entreprise, tandis cette proportion atteignait le quart au Canada.

Il est également bon de savoir que les repreneurs sont plus nombreux en région rurale : en 2017, 44 % des PME en région rurale appartenaient à des repreneurs au Québec. Au Canada, les repreneurs en région rurale représentaient 31 % des repreneurs. 

C'est en mai 2019 que l'UQTR a dévoilé les premiers résultats de son enquête quantitative portant sur la reprise d'entreprise au Québec et au Canada. Pour en arriver à ce constat, les professeurs Louise Cadieux et Marc Duhamel ont analysé des données de l'Enquête sur le financement et la croissance des PME 2017 de Statistique Canada. Un deuxième rapport devrait être diffusé à l'automne 2019.