
Le Canada fait toujours rêver les expatriés, mais il est de plus en plus difficile d'y entrer et d'y rester. Le coup de frein à l'immigration se confirme. Le plan 2026-2028 priorise l'immigration économique de longue durée et freine l'immigration temporaire au Canada. Les travailleurs expatriés temporaires et les étudiants sont directement visés par ce coup de frein.
Plan d'immigration 2026-2028 : baisse du nombre de résidents temporaires
Présenté le 4 novembre 2025, le plan d'immigration 2026-2028 prévoit d'accueillir 380 000 nouveaux résidents permanents en 2026. C'est un peu moins que les 395 000 étrangers attendus cette année. La priorité reste d'attirer davantage d'étrangers qualifiés. En revanche, le coup de frein se confirme concernant l'accueil des résidents temporaires. Le nouveau budget veut réduire leur part à 5 % de la population canadienne dès 2027. En revanche, les arrivées de nouveaux résidents permanents après 2027 restent limitées à moins de 1 % du nombre total de Canadiens. Le nouveau plan d'immigration veut justement se passer de cette main-d'œuvre pour miser sur les résidents permanents. Les mots d'ordre sont : stabilité et durabilité.
Résidents permanents
Priorité à l'immigration économique permanente. Cette volonté est clairement affichée par le Plan, qui relève la part des migrants économiques : ils représenteront 64 % de l'ensemble des immigrants attendus en 2026-2028 (contre 59 % en 2025) : 239 800 en 2026, 244 700 en 2027 et 244 700 en 2028. Le nouveau budget propose d'ailleurs d'accélérer les procédures d'obtention de la résidence permanente des étrangers dont le permis de travail offre une voie d'accès vers ladite résidence permanente. Sont concernés les étrangers bien intégrés dans leur ville d'accueil, attachés à leur communauté locale, qui contribuent au développement de leur région (en travaillant, en payant des impôts) ; 33 000 travailleurs étrangers seraient concernés. La mesure coûtera 19,4 millions de dollars sur 4 ans.
Résidents temporaires
Le nouveau Plan réduit les admissions de nouveaux résidents temporaires à 385 000 en 2026 et 370 000 en 2027 et 2028. C'est 43 % de moins qu'en 2025 (673 650 résidents temporaires). Plus précisément, le nouveau budget prévoit de délivrer 230 000 permis de travail en 2026 (37 % de moins qu'en 2025), 220 000 en 2027, le même nombre en 2028. Les permis de travail concernés sont ceux délivrés par le Programme des travailleurs étrangers temporaires, le Programme de mobilité internationale, les permis de travail pour motif humanitaire ou relevant de l'intérêt public. Le nombre d'étudiants étrangers est aussi revu à la baisse. L'État prévoit de délivrer 155 000 permis d'études en 2026 (49 % de moins qu'en 2025), et 150 000 les deux années suivantes.
Cette importante baisse représente un coût financier pour le Canada. Car moins de résidents temporaires, c'est aussi moins de recettes. Le coup de frein sur leurs admissions coûtera 168,2 milliards de dollars sur 4 ans. Mais les restrictions seront peut-être adaptées en fonction des secteurs. Le gouvernement se dit conscient du rôle indispensable des travailleurs expatriés temporaires dans les zones d'activité frappées par les pénuries de main-d'œuvre. Il est également conscient que certaines régions canadiennes sont moins attractives que d'autres. Il souligne également les difficultés des secteurs touchés par la hausse des frais de douane. Le plan d'immigration 2026-2028 prendra tous ces facteurs en compte.
Permis de travail : des règles plus dures pour les conjoints de résidents temporaires
L'annonce avait déjà été dévoilée en septembre 2024. Le nouveau budget confirme le renforcement des règles visant à limiter le nombre de permis de travail pour les conjoints de travailleurs étrangers temporaires et les conjoints d'étudiants étrangers. Depuis le 21 janvier 2025, le permis de travail ouvert (PTO) est réservé aux conjoints d'étudiants étrangers suivant un doctorat, une maîtrise de 16 mois ou plus ou un programme professionnel répertorié par le gouvernement.
Le PTO est ouvert aux conjoints des travailleurs étrangers temporaires qui travaillent dans un secteur éligible. Le Canada classe les emplois selon la formation, les études, l'expérience professionnelle et les responsabilités inhérentes au métier (FEER). Les expatriés travaillant dans les catégories FEER 0 (métiers de gestion), FEER 1 (métiers nécessitant un diplôme universitaire), FEER 2 (diplôme et expérience requis) et FEER 3 (diplôme, expérience et formation en immersion requis).
Attention : seules certaines professions classées FEER 0, 1, 2 ou 3 permettent d'obtenir un PTO pour le conjoint de l'expatrié. De plus, cet accès au PTO n'est valable que si l'expatrié est en poste depuis au moins 16 mois.
Étudiants étrangers : hausse du nombre d'heures de travail hors campus
Les étudiants étrangers peuvent travailler plus longtemps hors campus. Le gouvernement canadien confirme l'augmentation du nombre d'heures à 24 heures par semaine, contre 20 heures précédemment. La mesure a été initialement actée le 8 novembre 2024.
Pour rappel, le travail hors campus désigne un poste occupé par un étudiant étranger en dehors du campus de l'université dans laquelle il étudie. Les étudiants pouvant travailler hors campus sans permis de travail doivent remplir certains critères, comme étudier à plein temps dans un établissement canadien agréé et suivre un programme spécifique.
S'expatrier au Canada en 2026
« Remettre un peu d'ordre dans le système » : c'est par ces mots que le Premier ministre canadien Mark Carney résume la nouvelle stratégie du gouvernement, notamment en matière d'immigration. L'exécutif justifie le sérieux « coup de frein » par une volonté de mieux accueillir et soutenir les nouveaux arrivants. D'après ses conclusions, la situation actuelle ne permet plus d'accueillir correctement autant d'étrangers que par le passé. Malgré des pénuries de main-d'œuvre persistantes dans certains secteurs professionnels, l'heure est à la réduction du nombre de résidents temporaires. Dans le même temps, le Canada veut se positionner comme le nouveau pays star des talents étrangers. 1,7 milliard de dollars seront débloqués pour attirer les chercheurs et les professionnels étrangers très qualifiés, notamment via le Programme des travailleurs qualifiés et le Programme des candidats des provinces.
Liens utiles :
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Sources :
- CIC Times - Canada Announces 2026-2028 Immigration Levels Plan with Focus on TR to PR
- Government of Canada - 2025 Annual Report to Parliament on Immigration
- Gouvernement du Canada - Plan des niveaux d’immigration 2025-2027
- Financial Express - Canada announces increase in off-campus working hours for international students
- Gouvernement du Canada - Adopter une nouvelle approche de l’immigration
- Gouvernement du Canada - Annexe : Plan des niveaux d’immigration du Canada pour 2026–2028
- Immigrant Québec - Cibles fédérales 2026-2028 : Coup de frein sur l’immigration
- Gouvernement du Canada - Permis de travail ouverts aux membres de la famille des travailleurs étrangers


















