Comment les grandes villes font face à la crise de l'eau

Vie pratique
  • collecte d'eau de pluie
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Publié le 2018-03-22 à 10:00 par Maria Iotova
L'accélération de la croissance démographique mondiale, une demande grandissante, le gaspillage des eaux polluées, ainsi que le changement climatique entraînant des sécheresses et inondations sévères, sont tant de facteurs qui ont des répercussions sur nos ressources en eau. A l'occasion de la Journée mondiale de l'eau, Expat.com s'intéresse à trois grandes villes confrontées à une crise de l'eau et aux moyens efficaces qui sont à leur disposition pour lutter contre la pénurie de l'eau et, ainsi, mieux approvisionner leurs populations.

Le Cap : pour éviter le pire

reservoir de Cape Town
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Deuxième plus grande ville d'Afrique du Sud, Cape Town subit pour la 4e année consécutive la pire sécheresse qu'elle a connu au cours du siècle écoulé. La pluviométrie ayant chuté de manière significative durant les 3 dernières années, le Cap n'a enregistré qu'une moyenne de 234 millimètres de pluie, ce qui a entraîné une sécheresse sans précédent. Qui aurait cru qu'une ville si développée et dynamique que le Cap, si attractive aux yeux des expatriés pour de nombreuses raisons, connaîtrait un sort aussi dramatique ? En revanche, le changement climatique n'est pas le seul facteur ayant entraîné la crise de l'eau. Il faut reconnaître que la croissance démographique y est également pour quelque chose. En deux décennies, la population du Cap a connu une croissance de pas moins de 80%, passant de 2,4 millions d'habitants en 1995 à 4,3 millions en 2018. Les méthodes de stockage de l'eau, grâce aux barrages, n'ont toutefois pas évolué.

Aujourd'hui, la situation de l'eau risque de vous surprendre, voire vous choquer. Pour éviter le pire, tous les habitants du Cap ont été appelés à réduire leur consommation quotidienne de l'eau par au moins 50 litres ! Le pire scenario envisageable a été baptisé « Day Zero », le jour où les robinets seront à sec et où les habitants ne pourront s'approvisionner en eau que dans 200 points de collecte. Cependant, le gouvernement sud-africain a annoncé des mesures exclusives en vue d'améliorer l'approvisionnement en eau potable durant cette période de crise.

En premier lieu, un système de dessalement, processus visant à éliminer le sel et les impuretés présentes dans l'eau de mer pour produire de l'eau potable toute fraîche, est sérieusement envisagé. Il s'agit toutefois d'une méthode coûteuse qui entraînera, sans doute, une hausse du prix de l'eau. L'extraction des eaux souterraines est également considérée. Il faut toutefois prendre en compte qu'en raison de l'utilisation de forages lourds, le pompage peut avoir une sérieux impact sur l'environnement dans l'absence d'une bonne planification. En outre, le gouvernement sud-africain a mis en place un système de gestion de la pression de l'eau à travers toute la ville pendant des périodes spécifiques de la journée. La consommation de l'eau dans les zones surpeuplées peut ainsi être mieux contrôlée.

Leçon à retenir : L'eau est une ressource rare et précieuse que l'on ne peut prendre pour acquise. La question de pénurie de l'eau doit être abordée au plus vite, ayant qu'elle ne se transforme en une crise sans précédent.

São Paulo : une meilleure gestion de l'eau

foret pluviale du Bresil
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La ville de São Paulo a connu une grave sécheresse entre 2014 et 2016, menant à l'assèchement de la Serra da Cantareira, sa principale réserve en eau. Comment une métropole telle que São Paulo, avec ses 9 millions d'habitants, en est-elle arrivée la ? Dans certains quartiers, les bidonvilles en particulier, l'approvisionnement quotidienne en eau était interrompue d'au moins 12 heures ! C'est plutôt surprenant pour une ville aussi dynamique qui se veut d'attirer en grand nombre les visiteurs et expatriés venant des quatre coins du monde.

Saviez-vous que le Brésil possède l'une des plus grandes ressources en eau douce du monde entier, soit entre 12% et 16% ? En revanche, une grande partie de cette eau, qui se trouve dans le fleuve Amazone et la forêt tropicale, ne peut être exploitée en raison du manque d'infrastructure adéquate. Qui plus est, un rapport fédéral publié en 2014 fait état d'un gaspillage de près de 40% de l'eau destinée à la consommation en raison de la défaillance des systèmes de conduite d'eau potable, ainsi que l'utilisation illégale.

São Paulo a toutefois pu surmonter cette crise de deux ans grâce à l'unification de sa population contre la destruction de l'Amazonie. Un projet de loi interdisant la déforestation a été voté, reconnaissant l'importance de la forêt pour la vie, et pas seulement au Brésil. Depuis, le niveau de l'eau dans les réservoirs de la région a connu une hausse significative. Il faut néanmoins garder en tête qu'une situation similaire a toutes les chances de se reproduire, non seulement avec le changement climatique mais aussi en raison de la pollution et de la déforestation. Pour leur part, les grandes industries ont mis en place des mesures indépendantes, préventives et durables telles que le traitement des eaux usées, ainsi que l'utilisation des puits privés.

Leçon à retenir : L'accès à l'eau potable est un droit universel. La réussite d'un pays dépend largement sur la gestion durable de l'eau et sur la planification de ses investissements dans un avenir sain pour assurer le bien-être population.

Melbourne: une crise bien gérée

fleuve Goulburn
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Melbourne et une grande partie du sud-est de l'Australie ont connu, de 1997 à 2010, ce que l'on surnomme « la sécheresse millénaire ». Durant cette période, la consommation de l'eau à Melbourne a connu une chute de près de 50% ! La ville a toutefois mis en œuvre une série de mesures novatrices et efficaces pour économiser l'eau. A titre d'exemple, il est interdit d'arroser son jardin et de laver sa voiture durant la journée, sinon vous risquez d'être sanctionné d'une amende. Qui plus est, le temps passé sous la douche est chronométré ! Les familles utilisant des appareils de lavage à faible consommation d'eau sont aussi éligibles pour des rabais. Le système éducatif et les médias sont également de la partie, fournissant toute l'information nécessaire sur la crise de l'eau et sur les moyens de prévention.

Étant un pays conscient de l'importance de disposer de différentes ressources en eau, l'Australie a investi massivement dans des solutions technologiques telles que des réservoirs d'eau de pluie, une usine de dessalement, ainsi qu'un système de tuyauterie pour détourner l'eau du fleuve Goulburn vers les régions rurales du nord.

Leçon à retenir : La crise de l'eau représente, tant pour le gouvernement que pour la population, une occasion de mettre en œuvre la coopération et la bonne volonté de tout un chacun.