Evelyne à Limbé : « On apprend la patience au Cameroun »

Interviews d'expatriés
Publié le 2015-02-19 à 00:00 par Expat.com team
Evelyne, expatriée française, est mariée à un camerounais et mère de trois enfants. Elle exerce un poste à responsabilité au sein d'un grand groupe international ayant une filiale au Cameroun. Durant son temps libre, elle aime rencontrer ses voisins, se promener en famille...

D'où viens-tu, Evelyne, et que comment t'es-tu retrouvée au Cameroun ?

Je suis originaire des Deux-Sèvres (79), mariée depuis 10 ans à Patrick, un camerounais, et maman de 3 enfants (8 ans et demi, 5 ans et 3 ans et demi). Après des études spécialisées dans la gestion administrative et une carrière professionnelle de plus de 15 ans en France et à l'étranger, notamment en Chine et au Cameroun), je suis aujourd'hui responsable du recouvrement dans la branche « matériel de construction » d'un grand groupe international.

Comment s'est passée ton installation ?

Nous avons fait plusieurs voyages entre la France et le Cameroun depuis 2005. En mai 2013, nous avons décidé de revenir nous y installer en famille pour de bon (mais Dieu seul sait !). Au moment de prendre les billets d'avion, j'ai eu l'occasion de me faire proposer un contrat de travail avec de très belles propositions qui se sont tout de même volatilisées au cours des 3 premiers mois au Cameroun. Malheureusement, je ne suis pas tombée sur un honnête camerounais ! Qu'à cela ne tienne, on a tenu bon malgré nos économies qui fondaient comme neige au soleil et on s'est accroché à nos projets d'offrir à nos enfants une vie ouverte sur l'extérieur.

Qu'est-ce qui t'a attirée vers Limbé ?

Ma vie s'écoule entre la grande mégalopole de Douala (capitale économique du Cameroun et ses embouteillages !) et Limbé. Cette dernière est là où nous avons décidé de nous installer car cette ville offre des caractéristiques difficiles à ne pas apprécier : mer, quartiers aérés, zone anglophone, prix de l'immobilier trois fois moins cher qu'en capitale, simplicité des déplacements, liberté de jeux dans les quartiers pour les enfants...

Depuis combien de temps t'y es-tu installée ?

Après 1 mois dans les embouteillages de Douala, notre installation en juillet 2013 à Limbé était une évidence.

Quelles étaient les procédures à suivre pour qu'un citoyenne française s'expatrie au Cameroun ?

Du fait de nos nombreux voyages et de notre mixité culturelle, je connaissais assez bien le Cameroun et les dispositions à prendre pour s'y installer. Pour ce dernier voyage, nous avons pris les services d'un transitaire pour notre container. Pour ce qui est des papiers administratifs, le Consulat de Douala nous a accompagnés. Possédant déjà trois cartes de séjour et mariée à un camerounais, j'ai obtenu ma carte de résidente de 10 ans. Les enfants ont eux aussi leurs cartes de séjour pour 2 ans, renouvelables. Donc, aucune difficulté particulière si ce n'est qu'il faut être patient.

As-tu éprouvé des difficultés à franchir ces étapes ?

Non, mais une expatriation n'est pas à prendre à la légère car c'est un grand pas à effectuer vers l'inconnu et le changement de repères. Mais si le projet de vie est clair et certain, il n'y a pas de raison à ne pas s'accrocher, même si les débuts peuvent être difficiles.

Qu'est-ce qui t'as le plus surpris à ton arrivée ?

Lors de mon 1er voyage au Cameroun en 2004, ce qui m'a le plus surpris et désorienté fut le temps qui s'écoule sans que rien ne se passe alors que vous êtes en train d'attendre que quelque chose se passe ! On apprend la patience au Cameroun et à revoir son planning. No stress ! Mais aussi les nombreuses personnes qui marchent le long des routes, parfois dans l'entière obscurité ! Ça me surprend toujours d'ailleurs.

Quelles sont les particularités du pays en termes d'emploi ?

Le Cameroun est un pays où existent de grandes disparités économiques. Douala ressemble à une toute autre capitale économique : échanges commerciaux, bruits, surpopulation, multiculturalisme, « métro-boulot-dodo » si ce n'est que ici, c'est plutôt routes cassées, voire inexistantes ! Pour ma part, j'ai trouvé un travail dans le secteur du bâtiment où j'ai la responsabilité du recouvrement d'un portefeuille de près de 350 clients. Mon mari, lui, s'est lancé dans la réalisation de jus de fruits naturels en ouvrant un stand près de la mer et un snack plus au cœur de l'activité économique de la ville de Limbé.

As-tu eu des difficultés à rechercher un logement ?

A Limbé, en termes de logement, tout se trouve et à tous les prix. Pour notre famille, nous avons opté pour une maison individuelle avec clôture car nous avons plaisir à avoir poules et chiens. Le portail est souvent ouvert par nos enfants qui vont et qui viennent, mais tout ce petit monde rentre le soir.

Que penses-tu du mode de vie des camerounais, à Limbé en particulier ?

Les habitants de Limbé et des environs viennent de tous les horizons : fonctionnaires mais aussi des travailleurs ruraux car un des plus gros exploitant (huile de palme, plantain, thé...) a son siège à Limbé. Nous avons aussi beaucoup d'employés de la Société Nationale Raffinerie (1er recruteur du Cameroun). Ils sont aussi pas mal dans le commerce car il n'est pas rare qu'un membre de la famille soit installé à l'extérieur et que ce dernier envoie de la marchandise. On appelle cela « la braderie ». Les gens de Limbé sont plutôt relax et commencent leur week-end le jeudi soir, souvent dans les bars où la musique est très forte.

As-tu eu des difficultés d'adaptation à ton nouvel environnement ?

Je n'ai eu aucun problème d'adaptation au style camerounais ou de Limbé si ce n'est « of course » la langue ! Mais nous avons cherché de plein gré ce choc linguistique pour l'avenir de nos enfants, qui se sont d'ailleurs très très bien adaptés.

Que fais-tu pendant ton temps libre ?

Étant donné que pour le moment, je fais des va-et-vient entre Douala et Limbé pour le travail, j'apprécie particulièrement le repos de Limbé avec les enfants. Nous avons le choix : mer, rencontres avec les voisins, partie de foot avec les enfants du voisinage, promenades à pied ou en trottinette, un bon jus de fruits naturels, manger du poisson braisé devant la mer... Des plaisirs tout simples.

Qu'est-ce qui te plait le plus à Limbe ?

Les expatriés apprécient particulièrement le calme, la mer et manger du poisson braisé les pieds dans l'eau. Il y a aussi la visite des îles voisines en pirogue à partir de la côte.

Un évènement particulier que tu voudrais partager ?

La sympathie de tous nos voisins camerounais lorsque mon 4X4 s'est embourbé juste à ma sortie de maison. Leçon à tirer : c'est vrai que je véhicule une certaine appréhension et image en tant que « blanche » mais très vite la barrière et les à prioris s'effacent devant la simplicité des relations humaines que nous devons, en tant qu'expatriés, développer avec le peuple camerounais. Les qualités humaines doivent faire oublier les différences culturelles et de couleur de peau.

Quel est ton avis sur le coût de la vie à Limbe et au Cameroun en général ?

Nous avons fait le choix de manger à la camerounaise car la gastronomie est très variée en terme de saveurs (koki, couscous de manioc ou de maïs, ndolé, bâton de manioc, sauce jaune/noire, patate douce...). Ce qui est le plus agréable, c'est la possibilité d'acheter des fruits en toute saison et sucrés. Il est plus avantageux aussi de faire faire son mobilier sur place car nous trouvons de très bons menuisiers. L'électroménager, ou du moins, tout ce qui est électronique, se rapproche des coûts de la France car les articles viennent de là-bas.

Quelles sont, pour toi, les principales différences entre la France et le Cameroun ?

Le rythme des procédures administratives, le soleil et la chaleur trois quarts de l'année, les relations entre voisins plus faciles de prime abord. Ensuite, on s'oriente ici à partir des boutiques et non selon les noms de rues.

Des conseils aux personnes qui souhaiteraient s'expatrier au Cameroun ?

Venez apprécier le Cameroun au cours de séjours plus ou moins longs car s'y installer ne ressemble pas à une vie de touristes. Mais le projet de vie de s'y expatrier vaut le coup ! Bienvenue !

Tes projets d'avenir ?

Probablement s'installer à Douala en famille pour la rentrée prochaine car la famille est pour nous la base de l'équilibre et de la réussite. Et puis, on reste tout de même qu' à une heure et demi des plages de sables noirs (région volcanique oblige !)

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