Faire carrière à l'étranger. Un rêve pour beaucoup. Une réalité pour les expats qui ont franchi le pas. Mais carrière internationale rime-t-elle avec « expatriation à durée indéterminée » ? Doit-on toujours vivre à l'étranger ou sillonner les quatre coins de la planète pour gagner ses galons de travailleur international ? Comment envisager le retour dans l'entreprise du pays d'origine ?
Ce que la carrière internationale est
Évoluer dans un environnement multiculturel, se confronter à différentes organisations du travail et cultures d'entreprise, se remettre en question et apprendre à chaque nouvelle immersion… La carrière internationale est une connexion constante avec les marchés socio-économiques des autres pays. Si elle est tant plébiscitée (surtout dans les secteurs professionnels ouverts sur l'international), c'est qu'elle offre au travailleur un espace de travail bien plus large que sa ville d'origine. Les frontières n'ont jamais été aussi poreuses. Les recruteurs recherchent de plus en plus de profils « internationaux » : des travailleurs ayant une ou plusieurs expériences à l'étranger, parlant plusieurs langues, sachant s'adapter facilement à un nouvel environnement, etc. Car travailler à l'international permet de développer les soft skills si chères aux employeurs : le travail d'équipe, l'écoute, la compréhension, l'autonomie, la créativité, etc.
Ce que la carrière internationale n'est pas
Non, les expatriés briguant une carrière internationale ne sont pas de perpétuels voyageurs sautant d'avion en avion (c'est polluant). S'ils pensent de plus en plus à leur empreinte carbone, les expats pensent aussi à leur bien-être. Se lancer dans une carrière internationale ne signifie pas devenir nomade perpétuel. Même les nomades numériques rentrent un jour chez eux. Ils sont de toute manière limités par leur visa. De plus, le nomade numérique n'a rien à voir avec le « nomade » au sens premier du terme. De même, il n'est pas nécessaire de changer de pays tous les ans pour faire une carrière internationale. Il n'est pas non plus nécessaire de toujours vivre à l'étranger (dans un même pays ou dans plusieurs pays). Une carrière alternante des expériences professionnelles à l'étranger et dans son pays peut aussi être appelée « carrière internationale ».
Une ambition sans limites ?
Le mot est encore trop souvent qualifié de défaut. Mais l'ambitieux n'est pas forcément ce « terrible méchant » qu'aime dépeindre le cinéma. Si on la limite souvent à l'ascension socioprofessionnelle, l'ambition se retrouve dans bien d'autres aspects de la vie. Elle est l'expression de ses désirs et donne du sens à l'existence.
L'ambition bien dosée motive à accomplir son but : ici, faire carrière à l'étranger. Cela tombe bien : la motivation est l'une des qualités recherchées par les entreprises. Ceux qui ont bâti une carrière internationale sont unanimes : il faut de l'ambition pour s'accrocher. Pour eux, décrocher le premier emploi à l'étranger n'est pas le plus dur (même s'il s'agit d'une première étape difficile). Le plus dur est de gravir les échelons à l'étranger, dans l'entreprise ou les entreprises, mais aussi dans la société. Ils n'envisagent pas leur carrière internationale sous le seul angle du travail (missions accomplies au travail), mais aussi, voire surtout, sous l'angle de la « réalisation de soi » à l'étranger : construction, développement d'un réseau professionnel et informel, construction d'une vie à l'étranger, achat d'un logement, investissement, etc.
Les motivations qui poussent à embrasser une carrière internationale sont multiples. Des expatriés évoquent leur volonté « depuis toujours » de découvrir un ou d'autres pays. Certains ont d'abord eu une passion pour un secteur professionnel, ouvert à l'international. D'autres, bloqués dans leur pays d'origine, se sont expatriés pour bâtir leur carrière. D'autres encore se sentaient en décalage avec le marché du travail de leur pays d'origine : monde de l'entreprise, culture, relations sociales, etc.
Recalibrer l'ambition pour éviter les excès
Si l'ambition motive à aller « toujours plus haut », elle ne doit pas devenir une force autodestructrice. Des travailleurs internationaux reconnaissent s'être perdus dans leur plan de carrière. Poussés par une ambition qui n'avait plus de limites, ils ont gravi les échelons sans se satisfaire de leur succès, mais en cherchant à aller toujours plus haut. Or, selon des psychanalystes, être ambitieux ne devrait pas s'entendre uniquement dans une vision « verticale » (aller toujours plus haut), mais plutôt dans une vision « en 3 dimensions ».
L'ambition peut ainsi conduire à accepter un poste moins rémunéré à l'étranger, mais offrant une meilleure qualité de vie. D'un côté, il « descend » professionnellement, mais de l'autre, il enrichit son cadre de vie. On retrouve la définition de l'ambition comme « l'expression de ses désirs ». C'est cette expression qui conduit des salariés internationaux à redéfinir leur plan de carrière à l'étranger.
Vers une carrière « avec l'international »
Et si l'on ne voyageait plus du tout ? Certains entendent la carrière internationale au sens très large et ciblent toutes les activités professionnelles en lien avec l'étranger. Les travailleurs concernés ont décidé d'immigrer dans le pays de leurs rêves ou de rester dans leur pays d'origine, mais sont connectés, par leur travail, à d'autres pays du monde. Ils sont interprètes, community managers, travaillent dans l'import/export, le journalisme ou la finance… Ils jonglent avec les clients d'autres pays, avec les fuseaux horaires, les cultures propres à chaque État. Cette carrière avec l'international a les mêmes effets positifs qu'une carrière internationale : constitution d'un réseau professionnel international, capacité d'adaptation, autonomie, maîtrise de soi, créativité, etc. Pour ces travailleurs, une carrière internationale se définit avant tout par le cadre de travail, l'organisation, le réseau professionnel. S'il leur faut voyager, ils optent pour des missions courtes, mais ne s'éternisent pas à l'étranger.
Anticiper le retour au pays
On se penche encore trop peu sur le retour d'expatriation. Les efforts se concentrent sur le projet d'expatriation, comme si le retour au pays ne requérait aucune préparation particulière. C'est oublier qu'une expatriation change l'individu. Le voyageur n'est plus le même qu'à son départ. Le pays qu'il a laissé a également changé. Rentrer dans son pays d'origine offre certes quelques facilités (il n'y a pas la barrière de la langue), mais apporte aussi son lot de défis. Le voyageur se sent étranger dans son propre pays, dans son entreprise.
Retrouver le marché du travail de son pays d'origine
L'impatrié bénéficiait-il d'un contrat d'expatriation avec une clause de retour dans l'entreprise à la fin de sa mission ? Doit-il rechercher un poste dans son pays d'origine ? Dans les deux cas, il faut anticiper le retour. Revenir dans son entreprise se prépare. Charge à l'employeur et aux collègues de prendre les dispositions nécessaires pour accueillir le salarié. Le collègue aura besoin d'un temps de réadaptation. Si l'expérience internationale est un booster de carrière, les expatriés de retour de mission se sentent parfois confinés dans leur entreprise. Ils ont l'impression que l'employeur ne prend pas la mesure de l'expérience qu'ils ont accumulée à l'étranger. Cela peut effectivement être le cas. Mais ce décalage peut aussi venir de l'impatrié : transformé par l'expatriation, il ne se sent plus en phase avec l'entreprise.
Rechercher du travail après une expatriation nécessite également une bonne anticipation. Travailler à l'étranger est bel et bien un booster de carrière. Mais encore faut-il savoir mettre en valeur ses compétences. Certains expats ont du mal à synthétiser leurs missions. Ils ont fait tellement de choses qu'ils parlent trop, ou trop peu, ou mal. Or, un CV bavard n'attire pas les recruteurs. Noyés, ils risquent de prendre la carrière internationale pour une carrière « brouillonne » et de ne pas voir le potentiel du candidat. Faire appel à un coach en expatriation et/ou à des agences spécialisées dans les carrières internationales peut aider le travailleur à se repositionner sur le marché du travail de son pays d'origine, pour mieux se présenter.