Formalités au Brésil - faites attention aux tentatives d'hameçonnage!

Et aux promesses mirifiques de rendement assurés, de simplifications de démarches, etc.

A côté de ses immenses qualités, ce pays a quelques gros défauts (mais qui serions nous pour les condamner... comme si nous n'en avons pas nous-mêmes: il s'agit simplement de les évoquer sans porter de jugement).

Un problème majeur: "la burocratia", la "papelada" à réunir pour faire quoi que ce soit et, il faut bien l'avouer, la corruption qui va parfois avec et qui fait que votre demande, votre dossier, sont parfois traités quand c'est leur tour, avant leur tour quand on a su huiler les rouages, très en retard voire jamais quand on n'a pas su, ou qu'on a pas mis la burette là où il fallait.

Autre paramètre à prendre en compte: le Brésil est un pays fédéral immense et il y a une énorme disparité entre les pratiques qui règnent dans certains états, et d'autres dont le mode de fonctionnement est tout à fait comparable à celui d'un pays dit "évolué". Pour ma part je compte, si certains paramètres d'ordre financier sont réunis, m'installer dans le nord du Brésil. Il n'empêche, je ferai mes démarches pour obtenir ma carte de résident dans un état "normal" et une fois ma situation épurée, rien ne m'empêchera de déménager tant c'est la galère dans le Para, le Maranhão, l'Amapa pour faire des démarches.

D'où le recours fréquent à des avocats ou à des "despachantes" ces derniers étant les intermédiaires entre vous et l'administration, qui montent les dossiers, s'assurent qu'ils sont complets et les présentent au bon moment et à la bonne personne. Ce travail se paie évidemment et quand le service est efficace c'est d'un excellent rapport qualité prix.

La difficulté, c'est de trouver le bon et pour ça, il faut être très attentif et se méfier par dessus tout des recommandations enthousiastes ou de ceux qui vous appâtent à grands coups  de pub sur les forums ou sites divers.

Tout comme à ceux qui cherchent des "partenaires pour investir" dans des opérations forcément à gros rapport, et sans risque (bien sûr!^^). Parce qu'au Brésil il y a des tas de gens qui ont de l'argent en plus des pauvres et des miséreux, si on est quelque peu solvable les banques prêtent: donc un type qui a besoin de draguer à l'étranger pour trouver des fonds d'associés, ça doit susciter a priori sinon le rejet, parfois la méfiance, toujours la prudence.


Pour l'aide aux démarches. Un bon despachante, un bon intermédiaire, en général est suffisamment connu et apprécié pour ne pas avoir à se faire de la pub. Parce que c'est une denrée rare et le bouche à oreille fonctionne.

Un très bon despachante refuse souvent de nouveaux clients tant il est déjà occupé.

Donc sans généraliser évidemment, ayez un regard sourcilleux pour qui vous propose ses services sans que vous lui ayez demandé quoique ce soit.

Méfiez vous même si vous allez quérir des conseils dans votre consulat. Ne confondez pas "recommandé par le consulat" avec "sur la liste du consulat" et encore moins "recommandé par un employé du consulat"

Je peux vous en parler parce que j'ai été victime de l'arnaque... et ça m'a coûté 40.000F dans les années 90, à Belém.

Célibataire désireux de formaliser un projet d'adoption spécifique - l'orphelin serait demeuré chez sa tante qui l'avait pris chez elle depuis ses 6 ans, à ma charge entière et je l'aurais visité pendant les vacances en assumant ses études et ses frais de santé, cette adoption n'ayant pour but que de diminuer un peu mes impôts et de faciliter ainsi ces dépenses en plus de me donner un héritier que je n'ai pas -, je suis allé au consulat de Belém (fermé depuis: il n'y a plus qu'un consulat honoraire) où une secrétaire m'a sorti une "liste des avocats habilités à gérer les dossiers d'adoption internationale"

Rendez vous pris avec l'une d'elle, très douée, très manipulatrice (c'est dur de s'avouer victime d'escroquerie: c'est avouer sa connerie) qui a commencé par "étudier soigneusement mon projet pour savoir s'il avait une chance d'aboutir car elle détestait donner de faux espoirs à ses clients" : ça met en confiance...

Au vu de mon agrément d'adoption déjà obtenu (et pour un célibataire c'est un parcours du combattant) des entretiens qu'elle a eus avec l'enfant, sa famille, moi même, elle a "accepté mon dossier" et m'a précisé ses conditions financières, très raisonnables en plus. Doigt mis dans l'engrenage... Espoir tant pour le gosse que pour moi. Mais il manquait toujours un truc, l'audience devant la CEJAI était reportée, cette commission repoussait sa décision, voulait une enquête de plus, etc. A chaque fois, il fallait passer à la caisse.

Deux ans et 40.000 f d'honoraires dépensés plus tard, j'ai eu l'opportunité de discuter avec le Consul, le vrai, pas un sous fifre (réception du 14 juillet au consulat)

- Mon pauvre ami... Vous êtes un de plus! Cette secrétaire (française) qui vous a indiqué cette avocate, je l'ai virée parce qu'elle faisait du trafic d'influence. Elle touchait son pourcentage sur chaque type qu'elle rabattait vers cette avocate qui s'est bien foutue de vous.
Parce que la CEJAI de Belém a une jurisprudence très stricte: elle n'accorde aucune adoption aux célibataires, contrairement à ce qui se fait à Fortaleza, à Sao Paulo, etc. sous condition de contrôle rigoureuses, évidemment. En plus dans ces villes, vous avez la réponse affirmative ou négative en six semaines alors que la CEJAI de Belém sans doute au mieux avec les avocats, ne rejette jamais les demandes. Elle ne fait que surseoir à sa décision... les ajourner les repousser, des années durant parfois.


Bref le jour même, j'ai abandonné toute démarche et si le gosse m'appelle "papa", si ses enfants m'appellent "grand père", il n'est officiellement rien pour moi.   

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Dans certaines villes du Brésil, il arrive encore que des gens achètent des appartements... qui n'appartiennent pas aux vendeurs. Ils étaient pourtant conseillés par des avocats. Le recours aux cartorios censés garantir la netteté des participants à une transaction (sorte de notaires, mais privés et responsables sur leurs biens propres) est une garantie relative mais pas absolue, parce qu'il faut engager le contentieux.

Souvent, en plus de l'avocat "normal", pour les affaires un peu lourdes, on prend conseil auprès d'un avocat d'une autre ville qui examine le dossier: pas sur place, il est moins susceptible d'être mêlé à une éventuelle combine. 

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La corruption maintenant.

C'est vrai que des fois ça facilite mais je ne saurais trop vous déconseiller de mettre le doigt dans l'engrenage.

D'abord sur le plan éthique, parce que vous contribuez à perpétrer un système qui pourrit un pays, qui l'empêche d'avancer.

En plus sur le plan pratique parce que tout le monde n'est pas corrompu au Brésil loin de là, et que lorsque vous tombez sur un type honnête et qu'il signale l'affaire, vous êtes vraiment TRÈS MAL.

La corruption indigne tellement de gens (en gros ceux qui la subissent) que lorsqu'on fait un exemple, on le fait de façon très saignante pour satisfaire l'opinion... et quand ça tombe sur un gringo, il est soigné aux petits oignons sauf s'il a de très gros moyens et d'énormes relations, ce qui n'est pas le cas de la majorité d'entre nous.

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Pour conclure, parce que ça ne doit pas vous décourager.

Si vous êtes d'esprit cartésien, rigoureux, pour qui les trucs doivent être résolus dans la semaine pour peu que vous répondiez à tous les critères... Passez votre chemin, préférez la Suisse, la Suède au Brésil^^

On peut se poser au Brésil et y mener des affaires (j'ai fait de l'import export, avec un certain succès vu la faible mise de fond).

Mais si un "intermédiaire", un "associé potentiel" vous promet la lune obtenue en toute facilité et sans complication, laissez tomber de suite. Ou jetez votre fric dans l'Amazone: le résultat sera le même, sans les prises de tête préalables

C'est toujours un peu ardu, et il faut faire preuve de patience, de psychologie, savoir se couler dans le moule local. Pour débloquer mon container il m'a fallu onze jours et voir six interlocuteurs différents alors qu'initialement ça devait se résoudre en 24 h et deux guichets.

Et sans généraliser (il y a des gens très pros et très réglos), méfiez-vous davantage des compatriotes installés là depuis des lustres et qui vous exposent leurs plans mirifiques.

Parce qu'on se demande bien pourquoi :

- ils ont besoin de vous pour réussir si leur plan est mirifique, sans risque et s'ils sont sûrs de leur coup.

- ou s'ils sont déjà en pleine réussite (vraie ou fausse), pourquoi ils vous en feraient profiter; perso, j'ai passé l'âge de croire au Père Noël.

Des fois vous pouvez être reçu dans un bureau très classe, avec une secrétaire affairée. Ca donne confiance. Vous ne savez pas forcément que le bureau a été loué la semaine dernière, pour quinze jours... Ne soyez pas paranos, mais très attentifs.

Bis repetita, ces mœurs sont davantage cours dans certains états que dans d'autres. Et avoir affaire à un compatriote n'est pas une garantie, si ce n'est pas rédhibitoire.