Les détails du projet de loi
Le Finance Bill propose que les employeurs et les travailleurs puissent convenir mutuellement d'une semaine de travail de 4 jours, au cours de laquelle les heures hebdomadaires stipulées (par exemple, 45 heures ou un nombre inférieur convenu dans le contrat de travail) seront réparties sur quatre jours. L'accord peut être initié soit par l'employeur, soit par le travailleur, moyennant un préavis de 48 heures.
Le Finance Bill prévoit que l'employeur peut, avec le consentement du salarié, mettre en place une semaine de travail de quatre jours en donnant un préavis de 48 heures. De même, le salarié a le droit de faire une demande à son employeur pour travailler selon ce modèle, et l'employeur devrait y consentir, sous réserve des contraintes opérationnelles. Par ailleurs, en cas de travail durant un jour férié, le salarié recevra une rémunération double pour les huit premières heures et une rémunération triple pour chaque heure supplémentaire.
Semaine de 4 jours : les avantages
Les avantages de la semaine de 4 jours sont nombreux. Tout d'abord, contrairement aux idées reçues, elle n'entraîne pas une baisse de la productivité. Des études montrent que les salariés sont plus motivés et impliqués dans leur travail, ce qui peut avoir un impact positif sur l'efficacité globale de l'entreprise. De plus, elle permet aux salariés de trouver un meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle en leur offrant un jour de repos supplémentaire dans la semaine pour se consacrer à leurs proches et à leurs loisirs. Cette réduction du temps de travail peut également contribuer à améliorer la santé et le bien-être des salariés, réduisant ainsi le taux d'absentéisme dans l'entreprise. Enfin, la semaine de 4 jours peut représenter un atout majeur pour attirer de nouveaux talents et fidéliser les collaborateurs dans un contexte de difficultés de recrutement et de taux de démission élevé.
Quelques enjeux à prendre en compte
Cependant, il est essentiel de considérer certains enjeux et mises en garde liés à cette réforme. Pour maintenir la productivité, les entreprises devront probablement réorganiser leurs processus de travail afin de gérer la charge de travail sur quatre jours au lieu de cinq. De plus, la réduction du temps de travail peut entraîner une charge de travail plus lourde sur les jours travaillés, ce qui pourrait nuire au bien-être des salariés. Certains salariés pourraient également rencontrer des difficultés à adapter leur vie familiale aux nouvelles heures de travail, en particulier s'ils ont des obligations familiales importantes. Enfin, certains craignent que la flexibilité accrue des horaires de travail puisse entraîner des abus de la part des employeurs ou des salariés.
Qu'en pensent les résidents ?
Malgré tout, les témoignages recueillis par Expat.com parmi des Mauriciens et expatriés de tout âges et toutes professions montrent des opinions divergentes. Ainsi April, étudiante, est assez pessimiste : “Aussi bien que cela semble être une bonne décision, cela risque d'avoir un impact négatif à Maurice, parce que, comme le salaire va rester le même, la quantité de travail attendue des employés restera la même dans un laps de temps plus court, donc je pense que beaucoup de gens sentiront une pression plus grande au travail et devront se résoudre à travailler plus d'heures pendant la journée. Déjà que beaucoup travaillent d'arrache pieds sur leur lieu de travail, et ramènent parfois leur travail à la maison pour continuer… Déjà il y a beaucoup de gens qui font des heures sup sans être payés, donc je pense que ca va être un retour en arrière pour la société en terme de santé physique et mentale. On aura une société moins saine, plus sensible à des maladies liées au stress.”
Sean, lui aussi étudiant, reste positif face à cette question : “On peut dire que certains employés à Maurice pratiquent déjà une semaine de travail de jours, car certaines personnes de la communauté musulmane quittent le travail plus tôt le vendredi pour aller prier. Je pense personnellement qu'il y a plus d'avantages que d'inconvénients, mais ça, seul le temps nous le dira”.
“Les 4 jours de travail ont déjà été implantés dans certains pays européens, alors pourquoi pas à Maurice ? explique Stacey, 20 ans. Nous pouvons nous lancer dans cette expérimentation car je pense qu'elle apportera beaucoup d'avantages. D'abord, elle laissera plus de temps aux employés de vraiment se reposer le weekend, et de plus, elle permettra de réduire les burnouts et le phénomène d'absentéisme”.
Smriti, stagiaire, pense que cette réforme permettra aux employés de préserver une balance entre leur vie personnelle et professionnelle : “Je pense que c'est une très bonne chose d'essayer d'implémenter ça, parce que par exemple, pendant les weekends on a pas forcément le temps de faire tout ce qu'on doit faire. En plus pour les parents, ça leur permet d'être un peu plus présents à la maison. Par contre, il faut être conscient que cela implique de travailler beaucoup plus en une seule journée, donc ça pourrait augmenter le stress chez les employés, déjà que beaucoup de gens continuent de travailler les weekends.”
“A partir du moment ou l'entreprise ainsi que l'employé ont le choix, ça peut être une bonne solution pour des entreprises qui peuvent avoir besoin de personnes peut être un peu plus longtemps sur la journée, et la même chose pour un employé… ça peut ajouter de la souplesse finalement, termine Jean-Michel, directeur commercial. C'est un outil autant pour les entreprises que pour les particuliers qui ont besoin de plus de temps pour eux pour réaliser leurs projets personnels.”
En somme, l'implantation de la semaine de 4 jours à Maurice suscite à la fois de l'enthousiasme et des réserves. Bien qu'elle présente des avantages potentiels en termes de productivité, d'équilibre vie professionnelle-vie personnelle et d'attraction de talents, il est essentiel de prendre en compte les défis liés à la réorganisation des processus de travail et aux contraintes familiales, tout en évitant les abus éventuels. L'expérience des autres pays ayant adopté cette approche pourrait servir de référence, mais il faudra également observer attentivement les résultats locaux pour évaluer pleinement l'impact de cette réforme majeure dans le monde du travail à Maurice.
