Carrière internationale : comment choisir une voie durable

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Publié le 2023-07-10 à 10:00 par Asaël Häzaq
Alors que l'intelligence artificielle menace une palette plus large de métiers et rebat les cartes de l'organisation du travail, comment choisir une profession durable ? Certes, le temps de l'IA qui enseigne ou établit toute la comptabilité semble encore long. Cependant, candidats à l'expatriation et expatriés sont de plus en plus nombreux à considérer autrement leur plan de carrière à l'étranger.

Quelle carrière à l'étranger construire ?

L'IA ne fait pas trembler. Du moins, pas encore. Elle suscite plus la curiosité que l'appréhension. En revanche, les bouleversements économiques, eux, obligent à s'interroger. La Covid-19 reste dans tous les esprits et a impulsé des projets d'expatriation jusqu'alors en sommeil. Travailler pour soi, se réaliser, préserver sa santé mentale sont au cœur des nouveaux plans de carrière des expatriés. Mais comment s'assurer que le plan de carrière durera à l'étranger ?

Tout d'abord, il convient de se demander ce qu'on entend par « carrière ». Si l'on reprend la définition, la carrière est une profession qui suggère plusieurs étapes. Dans « carrière » figure donc l'idée de « gravir des échelons ». Si l'idée est communément admise, elle ne sera pas forcément celle qui conviendra à tous les profils de travailleurs. Ainsi, certains expatriés entendent plus la carrière durable au sens de « réalisation de soi ». Ils ne sont pas devenus cadres sup ou PDG, mais se sont épanouis à travers leur emploi. D'autres privilégient l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée. D'autres encore insistent sur l'importance des missions remplies. D'autres enfin favorisent la succession d'expériences.

Expatriation et carrière durable

Toutes ces définitions sont bien entendu valables. À chaque individu son plan de carrière. Mais comment assurer sa durabilité à l'étranger ? Ici, pas de recette miracle, mais des stratégies pour s'insérer dans les secteurs qui résistent le mieux dans le temps.

Faire carrière dans la Tech

La Tech licencie, la Tech recrute, vive la Tech. Malgré une « année noire » en 2022 et une année 2023 démarrée par de nouvelles vagues de licenciements chez les poids lourds du milieu (à commencer par les GAFAM), le secteur des nouvelles technologies recrute toujours à l'international. Un secteur dont les ramifications semblent sans fin, tant les innovations succèdent aux innovations. En 2017, une étude très optimiste (selon les points de vue) de Dell et du « think thank » californien l'Institut pour le Futur révélait que 85 % des métiers de 2030 n'existaient pas encore [en 2017]. L'étude misait sur la croissance exponentielle de la robotique et de l'intelligence artificielle, qui donneraient naissance, après 2030, à « l'être humain virtuel ».

Les mêmes chiffres sont repris aujourd'hui, et des experts tout aussi passionnés recommandent de faire carrière, non plus pour grimper les échelons, mais plutôt pour faire ce qu'on aime : ce serait l'expatriation plaisir, faite de nouvelles rencontres et autant d'apprentissages, dans un monde où l'IA s'occuperait de tout ce que l'humain ne veut pas faire. La réalité brise néanmoins la douce utopie. Tant pis ou tant mieux, tout dépend du point de vue. Ce qui est sûr, c'est que l'innovation crée effectivement de nouveaux métiers, tout comme elle en détruit à plus ou moins long terme. Nombre de métiers d'avenir se concentrent dans l'immense secteur de la Tech. Les opportunités sont nombreuses, dans le monde entier. Les États rivalisent pour s'attirer les meilleurs travailleurs étrangers. Travailler dans la Tech, et surtout, se spécialiser dans des secteurs de pointe, est une bonne stratégie pour qui vise une carrière qui va durer à l'étranger.

Travailler dans le développement durable

L'urgence climatique devient un peu plus urgente chaque jour. Les transformations de l'environnement obligent à concevoir autrement : construction, transports, agriculture, agroalimentaire, mode, numérique… Le développement durable touche tous les secteurs. De la conception de matériaux moins énergivores à l'utilisation de produits moins polluants, en passant par l'éducation à de nouveaux modes de consommation.

Là encore, les défis sont aussi grands que les besoins et les possibilités de carrières internationales. De nombreux États ont présenté leur vision pour l'avenir, incluant de nouvelles normes pour préserver la planète : Émirats arabes unis 2030, Japon 2035, Corée du Sud vision 2050, États-Unis stratégie 2040, Union européenne objective 2050… Les plus sceptiques y verront de vastes plans de communication. Des changements sont néanmoins en marche, avec des métiers spécifiques, pour un monde plus vert et plus durable. Parmi les secteurs d'avenir de la transition écologique, citons les transports, la rénovation énergétique des bâtiments, l'agriculture (notamment l'agriculture biologique et la permaculture), les énergies renouvelables, ou encore, l'économie circulaire (production de biens et services durables veillant à limiter au maximum les déchets et à gaspiller le moins de ressources possible).

Évoluer dans l'animation et le jeu vidéo

La vie, c'est aussi le divertissement. Et le divertissement est une affaire sérieuse. L'être humain a besoin de contacts, d'interactions, de partage, et ce, même s'il joue seul. Le jeu vidéo rassemble dans le monde entier. Le secteur, en constant renouvellement, a bien résisté à la Covid-19 et résiste bien à la crise économique. Il génère aujourd'hui des recettes qui n'ont rien à envier à la puissante industrie du cinéma. Il n'est pas plus rare que des jeux vidéo rapportent plus que des cartons du box-office. Les États-Unis, le Japon, la Chine et la Corée du Sud font partie des meilleurs pays dans lesquels aller pour faire carrière dans le jeu vidéo. La France, le Canada, le Royaume-Uni et l'Allemagne sont tout aussi dynamiques. Les métiers du jeu vidéo embrasent des secteurs très divers : conception, programmation, image, game design, marketing, distribution, construction de consoles, édition etc.

Miser sur les secteurs en pénurie de main-d'œuvre

C'est l'approche la plus pragmatique. La construction, la santé, le numérique, les transports recrutent dans le monde entier. États-Unis, Australie, Canada, Japon, Corée du Sud, Royaume-Uni, Italie, Slovénie, Allemagne, Croatie, Finlande… À chaque État sa stratégie pour attirer et surtout retenir les talents étrangers. Pour les candidats à l'expatriation, ce sont autant de possibilités d'envisager une carrière durable. Car les secteurs en tension sont également des secteurs essentiels, dont on aura encore besoin demain. Difficile de se passer des personnels de santé. On aura toujours besoin d'un médecin. Tout comme on aura besoin d'un coiffeur, d'un cuisinier, d'un plombier, d'un électricien ou d'un couvreur. Les secteurs sous tension couvrent aussi les fameux métiers innovants. Ils s'étendent également aux métiers du développement durable.

Le bon métier reste avant tout celui qui correspond à ce qu'on aime. Le succès et la durée d'une carrière se trouvent aussi, voire surtout, dans l'intérêt qu'on lui porte. S'adapter au marché, oui, se former, oui, tant que cela s'inscrit dans un choix personnel de s'orienter dans un domaine précis. L'expatriation n'en sera que mieux vécue.