Jean-François à Saigon : « Mon leitmotiv a toujours été l'adaptation »

Interviews d'expatriés
Publié le 2014-01-16 à 00:00 par Expat.com team
En 2009, Jean-François décide de changer de vie : il quitte la France pour s'installer à Saigon. Il donne des cours de français et mène une vie équilibrée et épanouissante, profitant pleinement de sa première expérience d'expatriation.

Comment s'est passée ton installation?

Plutôt facile, car elle avait été longuement préparée et j'avais fait deux voyages de reconnaissance. J'ai d'abord été logé chez un couple d'amis franco-vietnamien. Ça m'a laissé le temps de chercher tranquillement un logement.

Quelles ont été les formalités que tu as du suivre pour pouvoir t'installer au Vietnam?

Je suis arrivé avec un visa touristique de trois mois. J'ai pu le faire renouveler plusieurs fois sans problème à l'époque (en 2010). Puis il a fallu trouver une solution plus pérenne. Après de longues recherches et tractations avec les relations de mes amis, j'ai pu obtenir un contrat de travail avec une société vietnamienne, qui m'a donné droit à un visa de trois ans. Je fais actuellement des démarches pour créer ma propre société. J'ai fait faire un permis de conduire (à partir du permis français). Je me suis également inscrit au Consulat de France.

As-tu eu des difficultés d'adaptation (barrière de la langue, coutumes)?

Des difficultés, non, mais il faut dire que j'étais bien préparé ! A la fois, parce que mes amis vietnamiens en France m'avaient bien briefé, et parce que je m'étais "conditionné" à devoir accepter et essayer de comprendre la culture vietnamienne, plutôt qu'à essayer d'importer ma culture. Ceci étant, tout n'est pas facile. Évidemment, il y a la barrière de la langue : mes relations "viêt-kiêu" m'ont été d'un grand secours. J'ai entrepris l'apprentissage du vietnamien, mais c'est un travail de (très) longue haleine. L'anglais est très pratiqué par la jeune génération et utilisable dans certaines situations, mais malheureusement, l'accent anglais des vietnamiens est assez souvent ... déroutant ! Le plus difficile finalement est d'accepter le comportement des Vietnamiens dans l'espace public. Pour faire court, disons que la politesse et le respect d'autrui, au sens occidental du terme, ne sont pas les valeurs les plus courantes ici.

Qu'est-ce qui t'a le plus surpris à Saigon?

En premier lieu, la façon de circuler. Ensuite, l'ambiance frénétique et grouillante de cette ville, où tout semble tourner autour de l'argent.

Les Vietnamiens sont-ils accueillants? Est-il facile de s'intégrer et de faire de nouvelles connaissances?

Au premier abord, les Vietnamiens sont en général très accueillants et très ouverts, presque toujours très souriants : c'est aussi un choc (positif !). S'intégrer n'est pas très difficile si on les accepte comme ils sont mais cette intégration reste un peu "de surface". Faire des nouvelles connaissances est assez facile quand on est "blanc", mais ce sont souvent des relations "intéressées" ou très superficielles, et peu stables dans la durée. Se faire des amis, au sens fort et occidental du terme, est beaucoup plus difficile.

Peux-tu partager avec nous un trait caractéristique de Saigon qui te plaît particulièrement ainsi qu'un aspect négatif?

Positif : l'ambiance jeune, cosmopolite et entreprenante. Négatif : la pollution et le bruit.

A quoi ressemble ton quotidien d'expatrié à Saigon?

Je mène une vie plutôt calme, essentiellement au contact des Vietnamiens. Je ne fréquente pas beaucoup le "milieu" expat. J'ai un réseau d'amis vietnamiens ou viet-kiêu français. Ils m'ont aidé à m'intégrer et à résoudre les difficultés quotidiennes et administratives.
Je suis en contact quotidiennement avec des Vietnamiens. J'ai beaucoup observé et cherché à comprendre leur culture et leur mentalité, que je pense bien connaître maintenant. Mon leitmotiv a toujours été l'adaptation, qui demande ouverture d'esprit, patience, modestie et même parfois abnégation ou renoncement à certaines valeurs qu'on croyait absolues ! Mais c'est le prix à payer pour être accepté et apprécier les qualités des vietnamiens, tout en supportant les désagréments et les différences, qu'il ne faut pas sous-estimer.
Je crois avoir trouvé un bon équilibre entre ma culture et les apports de la culture vietnamienne, sans angélisme et avec un réalisme toujours optimiste. Je suis en contact permanent avec ma famille et mes amis en France, grâce à Internet.

Est-ce qu'il y a des habitudes vietnamiennes que tu as adoptées depuis que tu vis à Saigon?

Oui : je porte un masque anti-pollution dès que je sors dans la rue ! Je porte des tongs quasi-ment en permanence et je me déchausse en entrant dans une maison. Je ne serre presque plus de mains et n'embrasse pratiquement jamais. Je mange avec des baguettes. Et je dis tout le temps "troi oi !" (disons pour les non-vietnamiens que c'est à la fois une sorte de point d'exclamation mis en mots ou un petit juron ; les Vietnamiens l'utilisent tout le temps).

Qu'est-ce qui te manque le plus par rapport à la France, ton pays d'origine?

La bonne éducation, la culture et la nature facilement accessible.

Quels conseils peux-tu donner à ceux qui veulent s'installer à Saigon?

Avoir des connaissances sur place. Sinon, c'est un vrai parcours du combattant (mais on peut aimer ça). Laisser en France sa "logique" occidentale et ses "principes" (dur, dur, on n'imagine pas à quel point). Réfléchir à deux fois (et même plus) avant de confier son argent ou de mettre ses biens au nom d'un Vietnamien ou d'une Vietnamienne (attention aux propositions de mariage...).

Après 4 ans au Vietnam, qu'est-ce que ton expérience à l'étranger a changé pour toi?

Je suis beaucoup plus tolérant aux différences culturelles et aux différences de valeurs. Et même si mes réponses précédentes font apparaître des "critiques", je me sens très bien ici et j'accepte sans problème les différents aspects de la culture de ce peuple très attachant.

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