La Nouvelle-Zélande annonce des réformes au profit des expatriés hautement qualifiés

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Publié le 2022-05-24 à 12:00 par Ester Rodrigues
En voie de réouverture, la Nouvelle-Zélande fait actuellement face à une pénurie de main-d'œuvre. Même si ce n'est qu'à partir du 31 juillet que les voyageurs internationaux pourront s'y rendre et que les visas ne seront accordés qu'à partir d'octobre, d'importantes réformes en matière d'immigration ont été annoncées.

Ces réformes comprennent une révision de « la liste verte », ainsi que d'autres mesures visant à répondre aux besoins du marché du travail néo-zélandais tout en donnant un coup de pouce à l'industrie du tourisme. Annonce faite début mai par la Première ministre Jacinda Ardern.

Le système de visas de travail d'employeur accrédité sera opérationnel à partir du 4 juillet. Selon Jacinda Ardern, ce système sera très utile pour les employeurs qui n'auront plus besoin de fournir des informations supplémentaires pour la délivrance des visas. En effet, des changements y ont été apportés afin d'accélérer le processus. La Première ministre estime que le manque de main-d'œuvre qualifiée représente une contrainte majeure pour les entreprises, et que ces changements aideront le pays à surmonter la situation actuelle.  « Ce plan permettra au pays d'agrandir son bassin de l'emploi tout en donnant un coup d'accélérateur à la reprise touristique », a-t-elle déclaré. Il n'empêche que de nombreux politiciens ont qualifié cette stratégie de « réductionniste ». Selon eux, elle ne tiendrait pas compte d'une grande variété de migrants. En août 2021 (par rapport à l'année s'achevant en août 2020), le nombre d'arrivées en provenance de l'étranger était estimé à 48 000 (± 600), ce qui représente une baisse de 66 %.

Changements

Un salaire moyen sera introduit pour la plupart des postes nécessitant des visas de travail d'employeur accrédités. Pour les visas d'équipage de pêche étranger, ce montant a été fixé à 27,76 $ afin d'éviter l'exploitation du travail. Une baisse de salaire est prévue pour les travailleurs migrants. Il y aura toutefois des exemptions pour les secteurs tels que le tourisme et l'hôtellerie, avec un salaire de 25 $ de l'heure jusqu'en avril de l'année prochaine afin de faciliter la période de transition. Les secteurs de la construction et des infrastructures, de la transformation de la viande et des fruits de mer, ainsi que ceux des activités de neige saisonnières et du tourisme d'aventure sont également concernés par les baisses salariales, le temps que de nouveaux accords soient conclus.

Selon le ministre de l'Immigration, Kris Faafoi, la « liste verte » avait pour but de simplifier les demandes et les programmes de résidence. Cela signifie que le statut de résident est garanti pour les professionnels étrangers hautement qualifiés et exerçant des tâches « difficiles à remplir », comme l'ingénierie, la santé et les TIC. Cependant, ces derniers doivent avoir moins de 56 ans. En revanche, leurs conjoints seront éligibles pour des droits de travail ouverts.

« Une fois que notre système d'immigration sera rééquilibré, il sera plus simple, ce qui permettra de réduire les catégories, de le rendre plus accessible en ligne et de rationaliser les processus de demande pour les entreprises », fait ressortir Faafoi. « Grâce au visa de travail d'employeur accrédité, les employeurs n'auront pas besoin de fournir autant d'informations comme c'est le cas aujourd'hui. En effet, ils pourront utiliser leurs propres processus de recrutement pour prouver qu'aucun Néo-Zélandais n'est disponible pour remplir les postes vacants. Par la suite, Immigration New Zealand prendra le relais pour s'assurer que les demandes de visas soient traitées dans les 30 jours qui suivent une fois que l'employeur a été agréé ».

Transition

Faafoi précise que de nouveaux accords sectoriels pour rendre la transition plus fluide sont en cours d'établissement. Ces changements devraient faciliter l'accès à des secteurs spécifiques aux travailleurs migrants les moins bien rémunérés. Qui plus est, ces employeurs peuvent continuer à embaucher des travailleurs saisonniers, y compris les PVTistes sans avoir à respecter un barème salarial quelconque.

Le ministre de l'Immigration de la Nouvelle-Zélande reconnaît que le pays a grandement besoin de main-d'œuvre qualifiée. « Nous ne pouvons pas nous permettre de revenir aux tendances pré-pandémiques qui nous rendaient trop dépendants d'un nombre croissant de travailleurs peu qualifiés, une situation qui a entraîné une exploitation accrue des migrants », a-t-il déclaré.

Quid des étrangers dont le visa expire avant 2023 ?

Ces nouveaux changements concernent principalement les expatriés qui ne sont pas hautement qualifiés. Le gouvernement a toutefois décidé d'accorder à 20 000 personnes des prolongations de six mois ou un nouveau visa de deux ans avec des conditions de travail ouvertes.

Quel est le profil des « expatriés » que recherche la Nouvelle-Zélande ?

Selon le porte-parole national de l'immigration, Erica Stanford, des zones d'ombre entourent toujours la « liste verte » établie par le gouvernement. « Le département du travail n'a aucune crédibilité lorsqu'il s'agit de fournir les travailleurs qualifiés dont il fait état ».

Ricardo Menéndez March, membre du Parti vert, estiment que les changements proposes « sont loin de garantir la voie d'accès à la résidence aux travailleurs occupant les postes jugés essentiels tout au long de la pandémie puisque la priorité est accordée aux professionnels étrangers à revenu élevé. Ils ne reposent pas sur le bien-être des travailleurs, ce qui aurait dû permettre aux migrants de s'enraciner ». Menéndez, qui est originaire du Mexique, critique fortement le manque d'inclusion dans ces nouvelles politiques d'immigration.

Selon lui, le gouvernement est en train de mettre en place un système d'immigration à deux vitesses : un système qui récompense les professionnels étrangers à revenu élevé tout en maintenant les travailleurs à faible revenu dans un statut précaire et temporaire ». Il ajoute que les politiques d'immigration ne doivent pas être motivées uniquement par le profit. « Les migrants ne sont pas seulement des unités économiques pour aider les employeurs à réaliser des bénéfices. Il est tout à fait injuste de continuer à compter sur les fruits du travail des travailleurs migrants et, en même temps, de leur refuser la possibilité de s'enraciner dans leur communauté », conclut Ricardo Menéndez March.