Immigration professionnelle : un stimulant pour l'économie de l'Ontario

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Publié le 2022-01-04 à 14:00 par Ester Rodrigues
En raison d'une pénurie historique de main-d'œuvre, le ministre de l'Immigration de l'Ontario, Monte McNaughton, a présenté en octobre dernier la « Loi sur le travail pour les travailleurs ». Si cette loi est adoptée, on devrait s'attendre à de grands changements pour les personnes qui souhaitent s'installer dans l'Ontario.

Entre autres, il en appelle au gouvernement fédéral du Canada de doubler le nombre d'immigrants qualifiés autorisés à s'installer dans cette province. Dans le cadre du Programme ontarien des candidats à l'immigration (POCI), ce changement devrait offrir plus d'opportunités aux expatriés. Ceci devrait permettre à la province d'accueillir 18 000 au moins immigrants contre les 9 000 actuellement autorisés chaque année.

Bien que les fermetures de frontières et les restrictions sanitaires depuis le début de la pandémie aient considérablement réduit le nombre de nouveaux immigrants, l'Ontario a tout de même accueilli 18 040 nouveaux résidents permanents dans le cadre du programme fédéral des travailleurs qualifiés l'année dernière. Selon les données publiées par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) en 2019, 44 075 ​​nouveaux résidents permanents se sont installés en Ontario dans le cadre de ce programme de travail.

Pourquoi ces changements ?

L'Ontario fait actuellement face à une pénurie de main-d'œuvre dans plusieurs secteurs. Selon le ministre McNaughton, ces pénuries dans les métiers spécialisés ne feront qu'augmenter à mesure que de plus en plus de travailleurs prendront leur retraite. Rappelons que le pays fait également face au défi du vieillissement de sa population. De plus, une étude récente suggère que combler l'écart de compétences entre les immigrants et les travailleurs nés au Canada rapporterait entre 12 à 20 milliards de dollars supplémentaires à l'économie de l'Ontario.

Le ministre de l'Immigration de l'Ontario indique que ces changements dans le monde du travail favoriseront la création de quelque 316 000 emplois à travers la province. D'autre part, il est intéressant de noter qu'au cours des huit premiers mois de 2021, 3 555 professionnels immigrants ont bénéficié du statut de résident permanent en Ontario dans le cadre du programme fédéral des travailleurs qualifiés.

Les travailleurs qualifiés qui souhaitent immigrer au Canada devraient d'ores et déjà se renseigner au sujet du Global Talent Stream (GTS) du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) pour en savoir plus sur le traitement des demandes de permis de travail et de visa canadiens. Cependant, les délais de traitement des visas professionnels ont été réduits à jusqu'à deux semaines, en raison des pénuries de compétences. Les expatriés peuvent également postuler dans le cadre des programmes d'immigration économique, y compris les programmes Atlantic Immigration Pilot, Canadian Experience, Caregiver, Skilled Trade ou SkilledWorker.

En un mot, le gouvernement de l'Ontario compte assouplir les exigences afin que les expatriés puissent obtenir plus rapidement un permis pour exercer des professions qui ne sont pas liées à la santé. Les changements consisteront à supprimer l'exigence d'une expérience professionnelle au Canada et de justifier de compétences linguistiques à travers un test afin d'accélérer le processus d'octroi de licence, en particulier en cas d'urgence (cela a notamment été le cas pendant la pandémie).

Que signifient de meilleures conditions ?

Dans le contexte de la Loi sur le travail pour les travailleurs, le Premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a récemment indiqué que ces changements s'adressent aux personnes qui comptent réellement travailler et contribuer à l'économie de la province. Il a aussi réaffirmé le soutien de son gouvernement aux « travailleurs syndicaux », soulignant les investissements dans les programmes de formation.

La loi sur les travailleurs semble non seulement vouloir aider les expatriés tout au long de leur carrière en Ontario, mais aussi les aider à trouver un emploi dans la province. Les entreprises qui comptent au moins 25 travailleurs ou plus seront tenus de mettre en place une politique permettant aux employés de profiter d'un meilleur équilibre vie privée-vie professionnelle. Avec cette nouvelle législation, en revanche, les employeurs ne pourront pas mettre en œuvre des accords de non-concurrence selon lesquels les travailleurs sont tenus de signer un contrat de fidélité avec l'entreprise. Grâce à cette mesure, les professionnels étrangers auront la chance d'avoir plus d'un emploi. Elle s'annonce également favorable pour les indépendants.

Concrètement, l'ensemble du processus pour que la loi sur les travailleurs immigrants devienne réalité peut prendre jusqu'à deux ans. Cette période comprend le processus législatif ainsi que la mise en œuvre. Le ministre de l'Immigration espère toutefois que le projet de loi sera adopté avant les élections en Ontario en juin 2022. Dans le cas contraire, le projet de loi pourrait ne pas aller de l'avant. Pour cela, il devra être réintroduit lors d'une nouvelle session.