Zoom sur l'exode des expatriés pendant la pandémie de COVID-19

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Publié le 2021-07-27 à 10:00 par Momentsing
Ces derniers mois, les expatriés étaient nombreux à laisser tomber leurs rêves à l'étranger et rentrer dans leur pays pour des raisons liées à la pandémie de COVID-19. Parmi ces raisons, on compte principalement les suppressions d'emplois, les hausses de prix, ou encore la longue et douloureuse séparation de leurs proches. Cet exode peut toutefois avoir des impacts significatifs sur les économies déjà touchées par la crise, sans parler des défis liés au retour d'expatriation.

En effet, à leur retour, les expatriés de retour peuvent avoir besoin de s'adapter à un nouveau style de vie, surtout après avoir fait de longs séjours à l'étranger. Dans la plupart des cas, les facteurs qui ont poussé les expatriés à rentrer dans leur pays sont les pertes d'emplois, la baisse de revenu et l'expiration des visas, la santé et la sécurité, l'incertitude générale, sans oublier le fait de s'être retrouvées loin de leurs familles et d'être privé du sentiment de réconfort pendant plus d'une année. Qui plus est, le coût de la vie dans des destinations jadis abordables est en train de grimper. Les restrictions de mobilité et de mode de vie n'ont pas épargné les expatriés à court terme comme les nomades numériques.

Quels pays subissent actuellement l'exode des expatriés ?

A la grande surprise de tous, ce sont surtout les destinations les plus prisées par les expatriés, principalement pour le travail, qui témoignent de l'exode. Selon un article paru récemment sur le site de la BBC, on estime à 1,3 million le nombre de personnes nées à l'étranger qui auraient pu quitter le Royaume-Uni entre 2019 et 2020. Il s'agit des retombées d'une étude réalisée par le Centre d'excellence en statistiques économiques (ESCOE). Selon une autre étude réalisée par l'Université d'Oxford, environ 400 000 à 600 000 personnes ont quitté le pays pendant la même période. La BBC précise toutefois que les chiffres exacts restent inconnus pour l'heure. Le rapport de l'ESCOE fait état de différents groupes de migrants pour lesquels rester à Londres sans emploi signifierait, par exemple, un loyer plus élevé par rapport à leur pays d'origine où les coûts sont moindres, avec très probablement un risque plus faible de contracter la COVID-19.

Autre destination très prisée des expatriés, Singapour a également témoigné de l'exode des expatriés depuis le début de la pandémie. Selon un article paru sur le site Channel News Asia, l'emploi total des expatriés à Singapour a enregistré la plus forte baisse en plus de 20 ans. En 2020, on ne comptait plus que 166 600 travailleurs étrangers dans la Cité-État, selon un rapport émanant du ministère de l'Emploi le 16 mars 2021. Il s'agit d'une baisse de pas moins de 181 500 ressortissants étrangers en 2020. Dans un rapport datant de juillet 2021, le Financial Times (FT) mentionne certaines raisons derrière l'exode des expatriés, notamment la frustration par rapport aux restrictions de voyage et les vaccins, les craintes concernant l'emploi, parmi tant d'autres. Le FT fait toutefois ressortir que l'exode des expatriés de Hong Kong a résulté en une récente reprise de l'expatriation à Singapour. D'autre part, le gouvernement singapourien encourage les entreprises et autres organisations à embaucher des locaux à travers son programme d'incitation à la croissance des emplois. Ce programme fournit un soutien financier aux employeurs qui embauchent des citoyens et des résidents permanents de septembre 2020 à septembre 2021 inclus.

Un autre exode d'expatriés dont nous avons récemment fait état est celui des expatriés vivant dans les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Selon une étude réalisée par S&P Global Ratings en février 2021, la population des pays du Golfe a globalement chuté d'environ 4% en 2020 à cause de l'exode des expatriés depuis le début de la pandémie de COVID-19, sans oublier la baisse des prix du pétrole. Rappelons, par ailleurs, que ces pays ont introduit des politiques de nationalisation des emplois ces dernières années afin de réduire leur nombre de professionnels étrangers et de soutenir l'emploi des locaux.

L'exode des expatriés peut toutefois avoir un impact négatif sur les économies déjà touchées par la pandémie, mais il est encore trop tôt pour déterminer si un tel scénario aura des effets quantifiables. Par exemple, S&P ne s'attendait pas à ce que les changements démographiques dans le CCG aient un impact significatif sur la croissance économique à court terme de la région.

Il est aussi intéressant de noter que la migration des expatriés ne se fait pas seulement entre les pays. De nombreux professionnels étrangers qui se sont installés dans de grandes villes en croyant que l'herbe est plus verte ailleurs sont en train de rentrer chez eux dans les zones régionales. Selon un article paru sur le site médiatique Al Jazeera en avril 2021, la migration des travailleurs étrangers vivant dans des grandes villes en Inde a été durement touchée par COVID-19. Des tendances similaires ont été observées dans d'autres pays.

Il faut reconnaître que la pandémie de COVID-19 a largement ralenti la tendance de l'expatriation à l'échelle mondiale. Une situation qui a affecté la croissance démographique de certains pays de manière significative. L'Australie, par exemple, une destination particulièrement appréciée par les professionnels étrangers, a enregistré une croissance démographique de seulement 0,5% en 2020, contre une croissance de 1,5% en 2019, selon le Bureau australien des statistiques.

La vie après le retour à la maison

L'exode des expatriés signifie également que certains pays sont soudainement confrontés à un plus grand nombre de citoyens rentrant chez eux. Cela a notamment été le cas de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande. S'ils arrivent à trouver de nouvelles opportunités professionnelles dans leur pays d'origine, ces rapatriés peuvent également contribuer positivement à leurs économies.

Ces derniers mois, de nombreux citoyens néo-zélandais, par exemple, ont choisi de rentrer chez eux. L'Université d'Auckland, faisait état, en mai 2021 d'un « retour de cerveaux » en raison de la pandémie de COVID-19. Ce rapport cite Statistics New Zealand selon lequel le pays connaît son premier retour de cerveaux depuis la fin des années 1970, lorsque la collecte de données a commencé. Une autre étude réalisée par Kea New Zealand, note, d'autre part, que la plupart des « rapatriés » sont des personnes hautement qualifiées.

Cependant, certains expatriés peuvent être confrontés à des défis à leur retour, à commencer par des restrictions de voyage et d'entrée. Par la suite, ils devront sans doute trouver un emploi, si ce n'est pas déjà fait, ce qui peut s'avérer compliqué dans le contexte économique actuel. Se faire de nouveaux amis et s'adapter à un environnement nouveau, surtout après un long séjour à l'étranger, sont d'autres étapes qui peuvent être éprouvantes, sans parler des restrictions sanitaires en vigueur qui peuvent avoir un impact sur leur vie quotidienne.

Il est clair que les temps sont difficiles pour de nombreux expatriés aux quatre coins du monde, mais nous espérons que la situation s'améliorera rapidement.