Étudier à l'étranger : les réalités quotidiennes et les défis inattendus

Vie pratique
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Publié le 2024-05-22 à 10:00 par Estelle
Être un étudiant à l'étranger est bien plus qu'une simple aventure ; c'est une opportunité d'apprendre, de grandir et de se perdre dans le charme des cultures étrangères. Mais ne vous laissez pas berner par les photos Instagram qui ne montrent que le meilleur. Derrière chaque cliché, se cache un étudiant intrépide qui doit faire face à de véritables défis quotidiens. Voici les coulisses de la vie d'un étudiant à l'étranger à travers plusieurs témoignages.

Langue inconnue et mystères administratifs

L'une des premières difficultés auxquelles les étudiants font face lorsqu'ils arrivent dans un pays étranger est la barrière de la langue. Communiquer avec les locaux, suivre les cours, ou même faire ses courses peut être un véritable défi si on ne maîtrise pas la langue du pays. Cependant, cette épreuve peut également être une occasion d'apprendre une nouvelle langue et de s'enrichir culturellement.

Étrangement (ou non), les formalités administratives à l'étranger sont bien souvent liées aussi aux problèmes linguistiques. Entre les visas, les permis de séjour, multiples formulaires à remplir, documents d'entrée à l'université, ou encore inscription aux services de santé locaux… Les étudiants naviguent littéralement dans les méandres de la bureaucratie étrangère. 

À ce sujet, Camille raconte son expérience : « Les défis à relever, c'est en premier la partie administrative. Ce n'est pas toujours très clair, tout n'est pas forcément en anglais. Le système de l'université ne fonctionne pas de la même manière que ce à quoi on est habitué. Par exemple, dans certains pays, il faut certains documents qu'on n'a pas l'habitude d'avoir, ou des originaux qu'on n'a pas pensé emporter avec nous. Dans mon cas, pour avoir le numéro de sécurité sociale italien, ce n'était pas du tout clair sur ce qu'il fallait faire et j'ai dû pas mal me débrouiller pour réussir à l'obtenir. » Pour la question de la langue, Camille poursuit que quand elle est arrivée sur place, personne ne parlait anglais au bureau d'accueil des étudiants étrangers. « Moi, je ne parlais pas la langue du pays, donc c'était galère. On s'est pas mal entraidé les uns les autres, heureusement ».

Federico, également étudiant, ajoute que : « Du côté administratif, on a aussi beaucoup de difficultés en France. Pour avoir ma carte vitale, à l'époque, il n'y avait pas de case “étranger” à cocher pour le lieu de naissance dans le formulaire de demande, ce qui bloquait complètement le processus. Donc il fallait aller sur place, mais à ce moment-là, je ne parlais pas la langue et personne ne parlait la mienne et pas non plus anglais, ce qui a compliqué encore plus les choses ».

En revanche, pour Sarah, la difficulté linguistique était surtout du côté de l'accent et de la manière d'écrire : « Dans mon pays, j'ai appris l'anglais d'une certaine manière. Je l'entendais d'une certaine manière et n'avais jamais expérimenté d'autres accents ou n'avais jamais entendu un étranger parler anglais avec son accent local… Alors quand j'ai entendu l'accent italien en anglais, pour la première fois, je me suis vraiment demandé si c'était de l'anglais ! » Sarah indique qu'elle a aussi eu beaucoup de problèmes à l'écrit : « Je viens d'un pays où on parle et écrit le perse et nous avons donc une écriture et un alphabet complètement différents. Même si j'ai appris la manière occidentale, voir écrire des lettres d'une autre manière que ce qui m'avait été enseigné à l'école était très déstabilisant. Et puis le problème que j'ai rencontré à mon arrivée est qu'au bureau d'accueil de mon université, personne ne parlait anglais, je ne parlais pas un mot d'italien, ça a été vraiment très compliqué, même si La Sapienza de Rome est une université internationale ! C'est fou non ? »

Système éducatif différent : on n'étudie pas tous de la même manière partout

Chaque pays a son propre système éducatif, avec des méthodes d'enseignement, des évaluations et des attentes spécifiques. S'adapter à un nouveau système peut être déroutant au début, mais c'est aussi une opportunité d'acquérir de nouvelles compétences et de découvrir d'autres approches pédagogiques. Dans son témoignage, Camille confie : « En classe, le système scolaire est assez différent. Par exemple, en Italie, il y a beaucoup moins d'heures de cours, mais plus de travail à la maison. Il faut donc apprendre à être autonome très vite ! Les professeurs de l'université arrivaient toujours en retard et ça avait l'air normal pour tout le monde, mais ça a été assez déroutant pour tout suivre au début. Les travaux de groupe ne se font pas de la même manière et les périodes scolaires ne sont pas non plus les mêmes. On apprend à s'adapter et à les comprendre au fur et à mesure ».

Sarah explique, pour sa part, que c'est le maintien de sa bourse d'études qui lui a donné un peu de fil à retordre : « C'est un véritable défi pour une personne qui vient d'un pays non UE. Ça fonctionne de cette manière : on vous donne 5000 euros par an pour les études et, pour l'obtenir et la renouveler, il est nécessaire de passer des examens et d'assister à des cours en particulier. La première année, j'ai tout fait pour obtenir les meilleures notes et être sûre de l'avoir pour l'année suivante. Étudier pour ces examens spécifiques prend beaucoup de temps et est très lourd psychologiquement, car en plus d'obtenir une bonne note, c'est ma situation financière qui était en jeu ».

Intégration difficile avec les étudiants locaux

Camille et Federico sont assez d'accord sur la question de l'intégration avec des locaux. Ce n'est pas simple de s'intégrer et de se lier avec les autres étudiants et on a tendance à rester entre étrangers. Camille affirme : « Je pense que selon l'endroit où on va, on a plus ou moins de difficultés à t'intégrer avec les locaux. Dans mon cas, je n'ai pas beaucoup noué de lien fort avec d'autres étudiants locaux, car c'était déjà des groupes constitués. Ils se connaissaient tous déjà et c'était compliqué de rentrer dans leur cercle. On est beaucoup resté entre Erasmus, je dirais, même si je me suis liée d'amitié avec des locaux en dehors de l'université ». 

Federico a également trouvé qu'il était difficile de s'intégrer auprès des étudiants français : « Ils restaient beaucoup entre eux, ils ne voulaient pas forcément créer de liens avec d'autres étudiants étrangers ».

Malgré ces challenges quotidiens, Camille, Federico et Sarah ont tous affirmé sans hésitation que cette expérience a été l'une des plus enrichissantes de leur vie et qu'ils ne la regrettent pour rien au monde. La vie étudiante à l'étranger est très riche et la découverte d'une nouvelle culture tout en apprenant est ce qui attire toujours plus de jeunes à sauter le pas, malgré les challenges.