Marché du travail international : les emplois, les compétences et les tendances futures

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Publié le 2021-01-26 à 09:00 par Maria Iotova
Compte tenu des conséquences de la crise de COVID-19 sur le marché du travail international, la mobilité professionnelle ne sera plus jamais la même. L'impact a été tel qu'il a changé non seulement la tendance en matière de recrutements mais aussi la façon dont nous communiquons avec nos collègues et notre approche envers notre lieu de travail. Les travailleurs peu qualifiés, les jeunes et les personnes qui ont des enfants à leur charge, principalement les mamans, sont les plus affectés.

Selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), ce n'est qu'à partir de 2022 que nous verrons une reprise significative de l'emploi. En revanche, il y a de fortes chances que les avancées technologiques transforment les rôles, pouvant faire de sorte que certains cessent d'exister.

La crise du travail

L'arrêt des activités commerciales en raison de la pandémie a secoué le marché du travail international peu de temps après sa reprise (partielle dans certains pays) de la crise financière de 2008. Entre mars et avril 2020, dans toutes les économies du monde, près de 55% des entreprises ont fermé, sauf les services essentiels. Un an plus tard, très peu de pays autorisent les entreprises à fonctionner comme avant la pandémie. Au moment où nous publions cet article, certains des plus grands marchés du travail au monde, comme le Royaume-Uni, l'Allemagne, la France, l'Espagne et le Canada, font face à des mesures strictes.

La crise sanitaire mondiale a entraîné la formation de trois groupes de travailleurs : les travailleurs essentiels (comme les professionnels de la santé, les fabricants de matériel médical, les travailleurs agricoles et les employés des supermarchés); les travailleurs à distance et les travailleurs déplacés qui sont les plus susceptibles de se retrouver au chômage pendant une longue période ou retrouver leur poste avec, toutefois, une révision moins avantageuse de leurs conditions de travail, par exemple, une réduction salariale ou l'annulation de certains de leurs bénéfices. Aujourd'hui, on trouve le plus grand nombre de travailleurs déplacés dans les secteurs les plus durement touchés par la crise de COVID-19, à savoir, le voyage, l'hôtellerie, le tourisme et la vente au détail.

Le travail à distance et hybride

L'un des effets les plus foudroyants de la pandémie a été l'adaptation instantanée au travail à distance avec des arrangements précipités. Sans aucun avertissement, prêtes ou non, des millions de personnes dans le monde ont été contraintes de transformer leur domicile en bureau et ont commencé à se retrouver face à des défis pratiques et de santé mentale sans précédent. Les employeurs sont donc sceptiques quant à l'efficacité du travail à distance à long terme. Certaines des questions qui se posent toujours sont : « Comment faire pour maintenir la collaboration et la communication inter-fonctionnelles lorsque la majorité des employés travaillent à distance ? » et « Quel est l'environnement de travail à la maison pour les parents dont les enfants poursuivent également leur scolarité à domicile ? »

Selon le Forum économique mondial, 44% des employés ont la capacité de travailler à distance, tandis que pour 24%, leur présence physique est indispensable pour le bon fonctionnement de leurs missions. Dans les circonstances actuelles, il n'est pas surprenant que la vision et la mission du marché du travail international soient d'augmenter le pourcentage d'employés à distance. Dans les pays à revenu élevé, il n'y aura sans doute aucune résistance à cette tendance. En revanche, les économies en développement ainsi que les pays dont les habitants ont un accès limité à Internet n'arrivent pas à rattraper la hausse fulgurante du travail à distance. Des disparités sont également observées au sein des économies de même échelle mais pour des rôles différents. Par exemple, les secteurs de la finance, de l'information et des services sont plus réceptifs au travail à distance. Ce qui n'est pas le cas des secteurs de l'hôtellerie, de la vente au détail, de la construction et des transports, leurs travailleurs étant les plus à risque de licenciements, ce qui pourrait entraîner une hausse plus conséquente du taux de chômage au cours des prochains mois.

Le soutien gouvernemental

Au cours de l'année écoulée, les gouvernements de la plupart des pays ont mis en place des mesures visant à empêcher qu'une crise du travail entraînée par la COVID-19 ne se transforme en crise sociale. L'Allemagne et l'Italie, par exemple, ont mis en place des programmes de maintien des emplois non fixes ainsi que des mesures de soutien salarial pour les employés qui ne peuvent pas aller travailler en raison du confinement. Même si ces mesures ont pour objectif d'empêcher une nouvelle hausse du taux de chômage, il reste impossible de dire avec certitude si ces taux resteront stables lorsqu'elles seront levées.

Le Japon, pour sa part, a facilité l'accès à la subvention d'ajustement à l'emploi en réduisant les restrictions et les exigences pour les entreprises. Les heures de travail perdues en raison de la crise sont entièrement payées aux petites et moyennes entreprises. Les employés non réguliers et non assurés sont également couverts. Aux États-Unis, des régimes d'indemnisation à court terme (à ne pas confondre avec le programme inconditionnel de protection des salaires) sont en place. Leur efficacité est toutefois douteuse en raison de blocages administratifs, d'un manque de sensibilisation et de faibles incitations financières. Le chômage aux États-Unis est actuellement beaucoup plus élevé qu'avant la pandémie, mais ce n'est pas parce qu'il y a plus de demandeurs d'emploi que d'offres d'emploi disponibles. De nombreux chômeurs ne recherchent pas activement du travail soit parce qu'ils espèrent être réembauchés par leurs employeurs, soit en raison du manque de services de garde d'enfants. Par conséquent, les femmes participent moins à la population active américaine, de même que les personnes âgées de 65 ans et plus, qui font partie des groupes les plus à risque.

Apprentissage en ligne et formation professionnelle

Selon le Forum économique mondial, la demande de cours en ligne sur le développement personnel, le bien-être et l'autogestion (par exemple, pleine conscience, méditation) de la part de salariés a connu une hausse significative ces derniers mois. Les apprenants, bien souvent sans emploi, préfèrent les cours liés à l'analyse des données, à l'informatique et aux technologies de l'information et de la communication.

En ce qui concerne la formation professionnelle, les employeurs s'appuient principalement sur les services et les coachs internes pour la formation informelle, ainsi que les plates-formes d'apprentissage en ligne afin de maintenir la distance physique. Aujourd'hui, 94% des chefs d'entreprise ayant participé à l'enquête du Forum économique mondial ont indiqué qu'ils s'attendaient à ce que les employés améliorent leurs compétences et développent leurs capacités tout en faisant leur travail. Il y a deux ans, près de 68% des employeurs partageaient cet avis. Pour les emplois qui nécessitent l'utilisation de la technologie, la formation officielle sur les nouvelles compétences est donc essentielle.

L'avenir du marché du travail

Les changements sur le marché du travail sont principalement entraînés par la technologie. Le « cloud computing », le commerce électronique et l'analyse de données sont loin d'être des nouveautés. Cependant, selon le Forum économique mondial, de plus en plus d'entreprises se tournent aujourd'hui vers l'intelligence artificielle (IA) et la robotique. Selon les rôles et les compétences des employés, certains travailleurs seront plus susceptibles de perdre leur emploi avec la mise en œuvre de ces nouvelles technologies. D'autre part, il y a de fortes chances que de nouveaux emplois spécialisés et liés à la technologie surgissent. Dans tous les cas, certains rôles peuvent (encore) être remplis uniquement ou mieux par des humains, principalement aux niveaux de la gestion, du conseil, de la communication et de la prise de décision.

Les industries avec le plus de professions émergentes sont celles de l'automobile, du commerce électronique, des énergies renouvelables, de la FinTech, de la génétique et de la biologie. De nombreux emplois dans ces industries recherchées peuvent être décrochés par des candidats qui n'ont pas l'ensemble des compétences ou ayant des compétences facilement transférables. D'autres emplois, en revanche, exigeront une certaine expertise. A savoir que les compétences les plus recherchées par les employeurs sont le sens critique, la résolution de problèmes, l'autogestion, la résilience, la tolérance au stress et la flexibilité.

Témoignage d'un expatrié néerlandais en Pologne

Nous avons recueilli le témoignage d'un expatrié néerlandais en Pologne, qui préfère garder l'anonymat. Directeur principal au département financier d'une grande firme, il vit en Pologne avec son épouse et leurs enfants depuis près d'un an. Grâce à « une attrition régulière et des réorganisations intelligentes », son entreprise a su faire de la crise de COVID-19 une opportunité pour se réinitialiser. Interrogé sur sa vision de l'avenir du travail à distance, il nous répond ceci : «Je dirais qu'une ratio 60 : 40 (à distance / bureau) serait un bon équilibre. Le travail à distance est perçu comme étant assez efficace (pas de trajet, plus de course à la prochaine réunion, etc.), mais il s'est avéré difficile de démarrer des projets ou d'embarquer de nouveaux employés. De plus, l'aspect social et le réseautage ont diminué de manière considérable. Par conséquent, le sentiment d'appartenance et de lien avec l'entreprise est moins répandu, ce qui permet aux employés de changer d'emploi plus facilement si une opportunité se présente. En outre, les styles de gestion, les formes de communication, rester à l'écoute, entre autres, ont subi un processus de refonte pour maintenir les performances aux niveaux requis et garder les employés engagés et motivés ».