Brexit : l'avenir du marché du travail britannique

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Publié le 2017-06-29 à 11:30
Le Royaume-Uni a longtemps été une destination populaire pour les professionnels étrangers, jouissant d'un gouvernement stable, d'une grande diversité culturelle et de nombreuses offres d'emploi. En 2016, les expatriés représentaient 11% de la population active du Royaume-Uni. Le Brexit va-t-il modifier la donne ? Pour y répondre, découvrez les points forts du rapport « Power Up : the UK Workforce » du cabinet Deloitte.  

L'économie britannique s'est montrée résiliente au fil des années malgré les turbulences de diverses natures. Elle continue ainsi d'attirer des professionnels étrangers en raison des nombreuses opportunités qui y sont présentes. Cependant, les négociations autour de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne pourraient vraisemblablement changer la donne dans les années qui suivent. En effet, un nombre significatif de professionnels étrangers ont signifié leur intention de quitter le pays dans les cinq prochaines années en raison du sentiment d'incertitude instaurée par le Brexit.

Rappelons que cette étude a été réalisée en mars 2017 auprès de 2 242 professionnels étrangers vivant au Royaume-Uni et des ressortissants étrangers souhaitant y trouver un emploi. L'on compte parmi les sondés des ressortissants de l'UE, à savoir, des Allemands, des Français, des Italiens, des Irlandais et des Polonais, ainsi que ceux de pays tiers comme les États-Unis, l'Afrique du Sud, ou encore l'Australie et l'Inde.

Le Royaume-Uni reste attractif pour les professionnels étrangers

Il faut dire que le Royaume-Uni demeure une destination attractive pour les professionnels étrangers d'une manière générale, comme en témoignent 89% des sondés. Parmi ceux qui se trouvent à l'étranger, 87% préféreraient s'installer au Royaume-Uni plutôt qu'aux États-Unis, en Australie ou au Canada, bien que le Brexit ait quelque peu influencé les perceptions au cours des derniers mois.

Il est intéressant de noter que le marché du travail britannique comptait, en 2016, quelque 30,3 millions de salariés dont pas moins de 3,4 millions de ressortissants étrangers toutes origines confondues. En septembre 2016, 190 000 des 294 000 professionnels étrangers s'étant installés au Royaume-Uni durant l'année écoulée avaient déjà décroché un poste permanent. L'on note également que quelque 180 000 ressortissants de l'UE s'y étaient installés pour des raisons professionnelles en 2016, contre 164 000 l'année précédente.

En effet, le nombre de ressortissants étrangers partis vivre et travailler Royaume-Uni a connu une hausse significative durant les deux dernières décennies. La hausse la plus importante a été enregistrée en 2010. Ainsi, en 10 ans, le nombre de professionnels venant de l'UE est passé de 1,2 à 2,2 millions. Mais qu'est-ce qui attire tant les professionnels étrangers au Royaume-Uni, mis à part la liberté de mouvement au sein de l'UE qui, cependant, devrait prendre un sérieux coup dans les prochaines années ? Rappelons d'ailleurs que le gouvernement britannique projette de réduire le taux d'immigration à 100 000 ressortissants étrangers maximum par année, comparé à 273 000 à septembre 2016.

Pour 51% des sondés, ce sont surtout les multiples opportunités professionnelles disponibles au Royaume-Uni qui les ont attirés. La diversité culturelle, les modes de vie individuel et familial, ainsi que l'apprentissage de l'anglais sont cités par 34%, 30% et 26% respectivement. En revanche, la qualité et l'accès à l'éducation, la flexibilité au travail et la facilité de créer une entreprise n'arrivent qu'en fin de la liste.

Aussi, pour ceux qui travaillent déjà au Royaume-Uni, les opportunités professionnelles (50%), la diversité culturelle (41%), la connectivité globale (28%), ainsi que les opportunités d'études (22%) et l'équilibre travail-vie (21%) dont ils profitent au quotidien seraient les principaux atouts du pays. Ce qui rejoint plus ou moins l'avis de ceux qui souhaiteraient y tenter une aventure professionnelle à l'avenir.

Une vague de départs à l'horizon

En dépit de tout cela, le marché de l'emploi britannique se retrouve quelque peu fragilisé. Les négociations autour du Brexit poussent, depuis peu, les professionnels étrangers à revoir leurs critères en considérant une nouvelle aventure à l'étranger. D'ailleurs, 21% des sondés vivant en dehors du Royaume-Uni le trouvent à présent moins attrayant comparé à 48% de ceux qui s'y trouvent déjà. Qui plus est, 36% des professionnels étrangers qui y travaillent ont l'intention de quitter le pays dans les 5 prochaines années. Parmi les ressortissants de l'UE hautement qualifiés, 47% envisagent en faire de même.

Mais quelles sont les raisons qui les pousseraient à s'en aller ? Plus de la moitié des professionnels étrangers vivant à Londres, contre 21% dans la région économique du Nord, considèrent un départ principalement en raison du manque de communication de la part de leur employeur en ce qui concerne les possibles conséquences du Brexit sur leurs postes respectifs. D'une manière générale, 52% des professionnels étrangers déplorent ce manque de communication, ce qui les décourage probablement d'y poursuivre leur carrière. En revanche, 58% d'entre eux estiment qu'il sera difficile pour leurs employeurs de trouver des candidats sur place pour les remplacer à court terme.

Les alternatives au Royaume-Uni

Si un bon nombre de professionnels étrangers envisagent de rentrer dans leur pays après leur départ du Royaume-Uni, d'autres considèrent rechercher des opportunités ailleurs. En effet, 23% des ressortissants de l'UE contre 32% de ceux des pays tiers envisagent de regagner leur pays en quittant le Royaume-Uni. Parmi les prochaines destinations considérées par les ressortissants de l'UE, l'on retrouve les États-Unis (11%), l'Australie (10%) et l'Espagne (14%). Ceux des pays tiers préfèrent, les deux premiers (12% et 8% respectivement), ainsi que le Canada (8%).

Dans tous les cas, il est clair que le départ des ressortissants de l'UE aura des conséquences significatives sur de nombreux secteurs tels que, par exemple, l'immobilier et l'alimentation, le secteur manufacturier, sans oublier le transport. Rappelons que plus de 5% des professionnels œuvrant dans les secteurs des technologies de l'information et de la communication, la finance et les assurances, ainsi que les sciences, proviennent de l'UE.