Suivre son partenaire au Japon

Bonjour à tous,

Si l'amour peut déplacer des montagnes, il déplace aussi les personnes, parfois même jusqu'au Japon.
Suivre votre partenaire dans un pays, aux coutumes et règles différentes, est un acte de confiance absolu et peut demander une période d'adaptation plus ou moins longue.
C'est pourquoi nous aimerions avoir votre avis pour répondre à ces questions et ainsi aider les futurs expats qui s'inscriront dans ce mouvement en s'installant au Japon.

Quelle préparation avez-vous, ou conseillez-vous, d'effectuer en amont de votre départ pour vivre sereinement cette expérience ?

Quels défis avez-vous rencontrés ? Dans quels domaines (trouver un travail, socialisation, bien-être) ? Comment les avez-vous surmontés ?

Quel est le bilan, pour vous, de cette expérience? La retenteriez-vous si l'occasion se représentait ?

Votre relation avec votre partenaire a-t-elle changée depuis votre expatriation au Japon ? Avez-vous des conseils à donner sur ce sujet ?

Si vous aviez des enfant pendant cette expatriation, comment avez-vous réussi à préserver un certain équilibre familial face à ce changement de vie radical ?

Un grand merci pour votre contribution!

Loïc

J'ai rencontré ma compagne, japonaise, en Birmanie. Ensemble, nous avons fait un bout de chemin ensemble en Birmanie et en Thailande. Au bout de deux mois de route, elle devait rentrer au Japon. J'ai décidé de la suivre, sans vraiment savoir ce qui m'attendait. Je ne me suis pas vraiment préparé au Japon, je suis arrivé avec une connaissance du pays proche de zéro.
Les débuts ont été délicats à Tokyo. J'ai passé plusieurs mois en Inde, en Birmanie, au Népal, en Thailande juste avant de débarquer sur l'archipel. Pourtant, LE gros choc culturel, ça a vraiment été le Japon. Ou plutôt Tokyo. Car comme en France, vivre à Paris ne veut pas dire vivre en France. J'ai donc mis de longues semaines à m'habituer à Tokyo. Je voyais la vie dans la capitale comme une fourmilière géante remplie de zombies, avec une vie sans sourire, sans couleurs, sans magie, avec des fourmis qui travaillent tout le temps, qui marchent la tête baissée, le regard vide ou sur leur smartphone. J'ai été totalement choqué de voir que presque personne ne parlait anglais, qu'il y avait tellement de règles, que tout paraissait si compliqué (comme la seule perspective de trouver un terrain de foot où jouer). Tout cela a suscité chez moi beaucoup d'interrogations et d'incompréhensions. Au début, cela a été l'objet de pas mal de querelles avec ma compagne, qui voyait dans mes incompréhensions des complaintes et l'absence de volonté d'ouverture (et d'un certain point de vue, elle avait raison). Je suis arrivé avec l'idée qu'au Japon et à Tokyo, je pourrais vivre avec mes principes, (je suis végétarien, j'essaie de me nourrir avec des produits locaux et de saison, d'éviter au maximum le plastique, d'encourager la nourriture fermière...). Mais après plusieurs semaines de recherches de marchés vraiment fermiers par exemple, ou de magasins zéro plastique, j'ai dû me rendre à l'évidence que je devais mettre un peu de côté certains de mes principes. Et j'ai été très frustré. J'imaginais que je Japon et Tokyo, considérés comme développés aux yeux du monde, seraient plus ouverts. En France, je vivais en pleine campagne, une campagne que beaucoup de Français appellent "le ****''. Et bien dans le ****, il s'avère qu'il est beaucoup plus facile de respecter et satisfaire mes choix de vie qu'à Tokyo.
Je suis arrivé avec un visa de touriste avec l'idée de vouloir rester plus que trois mois au Japon. Je me suis mis en quête d'un travail et d'un visa de travail. Le problème, c'est que sans visa de travail, pas de travail... et sans travail, et bien pas de visa de travail. J'ai été à la rencontre de pas mal de personnes, fait quelques entretiens d'embauche au culot en essayant de négocier un visa de travail avec le travail. J'ai fait face à des refus.  Je me suis proposé sur des sites internet pour des travaux de jardinages, de ménages, de travaux dans des hôtels, mais je n'ai reçu aucune réponse. Finalement, j'ai rencontré une entreprise tenue par un français qui a accepté de me sponsoriser en échange d'un service. J'ai également réussi à travailler quelques jours pour une autre société française sans contrat de travail en attendant de recevoir mon visa de travail (parce qu'il faut bien vivre et la vie à Tokyo est assez chère). Je suis également réalisateur de films documentaires. J'ai commencé à travailler sur un pâtissier japonais qui habite la maison partagée dans laquelle je vis. Sur le tournage, j'ai rencontré par hasard un producteur japonais qui travaille aussi avec une télévision française. Il m'a invité à venir dans son entreprise pour partager. Nous avons beaucoup échangé et envisagé peut-être de travailler ensemble un jour. Dans mon expérience, c'est véritablement la seule fois où j'ai reçu de l'intérêt de la part de Japonais. Comme je le disais précédemment, je vis dans une maison partagée, avec ma compagne, six japonais, et un belge. Ma compagne a fait appel à ses amis japonais, aux collègues de son entreprise pour essayer de m'aider pour un travail et un visa. Mais aucune réponse n'a été reçue. Il faut aussi dire que je ne parle absolument pas japonais et que cela constitue un énorme frein. J'ai essayé de commencer à apprendre la langue en me rendant à la mairie qui donne des cours gratuits. Mais à cause du Coronavirus, les cours ont été annulés. 
Ma vie sociale au Japon est réduite aux relations que j'ai avec ma compagne, avec les quelques Français qui m'ont donné un coup de main et avec le Belge avec qui je travaille. Je ne suis pas amateur de bars, de sorties de nuit, ou de shopping. J'aime les choses simples, le contact avec la nature, les belles expériences de vie... des choses difficiles à trouver selon moi à Tokyo. Ma compagne est artiste peintre. Nous avons essayé de vendre ses peintures dans un parc (c'était avant le coronavirus). Du monde est passé devant nous. Aucun Japonais ne s'est arrêté. Seulement une famille américaine avec qui nous avons échangé longuement. Tout cela pour dire que ma vie sociale, en dehors de ma compagne, est proche du néant au Japon.
Avec ma compagne, nos relations sont bien meilleures qu'à mon arrivée. Elle m'a dit qu'elle voyait du changement en moi, une certaine ouverture. Cette expérience est une grosse remise en question sur moi-même, me permet de mieux me connaitre et de me rapprocher de ma compagne. En cela, je ne la regrette absolument pas. Aujourd'hui, je suis toujours à la recherche d'un emploi, de rencontres amicales, de nouvelles expériences de vie. Et j'espère bien les trouver prochainement au Japon. Chaque expérience est différente, chaque individu est différent, chacun vivra différemment son passage au Japon. Quoi qu'il en soit, le Japon ne laisse pas indifférent.

Pierre

Modéré par Cheryl il y a 3 ans
Raison : Langage inapproprié.
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