Insolites culturels en République Dominicaine

Bonjour à toutes et à tous,

Vivre à l'étranger, c'est découvrir une nouvelle culture. Quelles sont les spécificités culturelles en République Dominicaine ?

Quelles sont les traditions et coutumes les plus originales ?

Quelles sont les pratiques culturelles qui vous ont le plus surpris ?

Partagez vos anecdotes sur la culture en République Dominicaine.

Merci,

Priscilla

Une tradition des plus visibles est l'habitude qu'ont les dominicains, à l'ouverture d'une bouteille d'alcool, de jeter au sol un peu du contenu. En souvenir des défunts. Cette tradition existe aussi dans d'autres pays d'Amérique latine. A-t-elle été amenée plus spécifiquement par les colons espagnols? C'était déjà la tradition chez les grecs et les romains de boire en l'honneur des dieux et des défunts.

Difficile à dire pour les dominicains,

Dans la Bible:
Genèse 35.14 Et dans le lieu où il lui avait parlé, Jacob dressa un monument de pierre, sur lequel il fit une libation et versa de l'huile.
Lévitique, 23.13 Vous y joindrez une offrande de 4 litres et demi de fleur de farine pétrie à l'huile, comme offrande passée par le feu dont l'odeur est agréable à l'Éternel, et vous ferez une offrande d'un litre de vin.

Robinson a déjà mentionné les Grecs et les Romains.....

En Afrique:
Lorsque l'on vous sert à boire, il est de coutume qu'on verse quelques gouttes au sol avant de consommer. C'est la part des ancêtres. Certains l'accompagnent même de paroles. Ces paroles pouvant être des propos pacifiques ou guerriers, selon le cas. C'est assez souvent une forme de prières ou de vœux adressés aux ancêtres. Même si par hasard, par inadvertance ou encore par maladresse, on fait tomber un verre dans lequel on devait boire, on peut vous dire que c'est la part des ancêtres qui leur est allée. Surtout si auparavant, vous avez oublié de leur donner leur part. D'ailleurs, cela ne s'arrête pas aux boissons : certains même y vont avec la nourriture.
Instinctivement, beaucoup d'Africains font ce geste même quand ils réprouvent les religions traditionnelles. Même quand ils ne prononcent aucune parole, c'est que sociologiquement, ce geste est ancré en eux. Ce geste anodin a pour signification, quelque part dans notre subconscient, la part des ancêtres. Ceux qui nous ont précédé dans l'au-delà.


Dans le Monde:
La libation a toujours été très pratiquée dans les traditions africaines. On la retrouve encore de nos jours en Afrique Noire. En Amérique Latine, et notamment en Bolivie, au Pérou et au Chili, elle perdure en hommage à la "Pacha Mama", déïté de la terre, à laquelle sont offertes quelques gouttes de vin ou de bière avant leur consommation.

Dans le NéoPaganisme nordique:
Dans l'Ásatrú, les pratiquants versent à l'aide d'une corne à boire de l'alcool (souvent de l'hydromel ou de la bière) pour honorer les dieux germano-nordiques et les ancêtres.

Dans la culture hip-hop américaine:
La libation consiste à verser une petite quantité de liqueur de malt, ou autre alcool, sur le sol, en hommage à des camarades enterrés (« dead homies ») ou en prison, ou simplement pour consacrer une nouvelle entreprise.


Alors, influence biblique, africaine ou andine ? je pencherai plutôt pour l'origine africaine mais sans garantie.

sources: Bible,Wikipedia et blog de Roger Mawulolo

Ton champ d'investigation a été plus large que le mien. Je n'aurais pas retenu la possibilité d'une origine africaine du fait que cette coutume n'existe pas dans plusieurs îles des antilles. Mais les origines ethniques pouvant différer d'une île à une autre, pourquoi pas. En fait, ce type d'offrande aux Dieux et aux défunts se retrouve dans pas mal de civilisations et la religion catholique a peut être contribué aussi à la disparition de ces rituels dans certaines régions!

Ce n'est pas trop le genre des catholiques de reprendre ces rites païens (quoique...Noël le 25 décembre...) mais il y'a une forte minorité protestante qui est plus proche de la bible:
Le catholicisme est la religion officielle. Toutefois, dans les provinces, on trouve une multitude de cultes, souvent d'origine protestante (dans la région de Samana), exercés par les descendants d'esclaves noirs américains arrivés au 19e siècle. On trouve également pas mal de rites vaudous d'origine haïtienne dans les régions de culture de canne à sucre.

Mais personnellement, je penche plus du côté de la "Santeria" qui est très répandue sur toute l'ile et ailleurs:

El término "santería" fue utilizado por los españoles de manera despectiva para burlarse de la aparente devoción excesiva que mostraban los seguidores a los santos, en detrimento del Dios judeocristiano Yahveh.

Los amos cristianos no permitían que sus esclavos practicasen sus diversas creencias animistas de África occidental. Los esclavos encontraron una forma de burlar esta prohibición, y concluyeron que los santos cristianos no eran más que manifestaciones de sus propios dioses. Los amos pensaron que sus esclavos se habían convertido en buenos cristianos y estaban rezando a los santos, cuando en realidad estaban siguiendo sus creencias tradicionales.


La santería o Regla de Osha-Ifá es un conjunto de sistemas religiosos que funden creencias católicas con la cultura tradicional yoruba. Es, por lo tanto, una creencia religiosa surgida de un sincretismo de elementos europeos y africanos.

La santería fue practicada por los antiguos esclavos negros y sus descendientes en Cuba, Puerto Rico, Colombia, República Dominicana, Venezuela, Brasil, Panamá y lugares con gran población hispana en Estados Unidos de América (Florida, Nueva York, San Francisco, Nueva Orleans, Los Ángeles, Miami y San Diego).


Mais je n'affirme rien, si vous avez de meilleures sources, c'est volontiers, la femme de Bernard qui affirme ses origines africaines contrairement à beaucoup d'autres pourrait nous aider sur ce sujet.

bernard/miches a écrit:

C est une super nana,très fière de ses racines africaines,
bernard


Cordialement

Ecu03 a écrit:

Ce n'est pas trop le genre des catholiques de reprendre ces rites païens (quoique...Noël le 25 décembre...)


Visiblement tu as mal lu mes propos. Pour expliquer le fait que la coutume de l'offrande ait disparu dans certaines régions et pas d'autres, je mets en cause l'action du clergé catholique, mais pour la disparition du rite, pas pour sa survivance (encore que..voir ouvrage "Magie des Caraïbes et Santería"). Avec la Santeria notamment, on voit qu'il y a une évolution différente dans les îles sous clergé espagnol par rapport aux îles sous clergé français par exemple. Cette différence d'évolution étant liée aussi bien aux origines ethniques des esclaves qu'aux décisions prises par les différents clergés. Magie des Caraïbes et Santería
Mais au final, nos points de vue sont proches :)

@ Robinson,

Merci pour le lien que j'ai lu avec intérêt. Cela m'a relancé dans la lecture de plusieurs thèse sur les dieux "Yorubas" que je vais mettre plusieurs jours à digérer.

NB: Ayant une éducation élémentaire jésuitique, on ne va pas s'engueuler pour une différence d'opinion, non ?

@Écu,Robinson
z êtes sûrs pas vous êtres trompés de forum?
non je deconne!
merci pour cet échange passionnant.
bernard

Il y a une autre piste qui, je pense, mérite d'être évoquée: celle de la culture Taïna qui est présente dans les grandes Antilles et le nord de l'amérique latine. En effet, les Tainos, célébraient leurs morts pendant des cérémonies anniversaires qui avaient lieu une fois le corps du défunt décomposé, cérémonie pendant laquelle ils buvaient le uicú, une boisson fermentée à base de yuca.
Una vez el cuerpo se podría, se reunían nuevamente,
lloraban y golpeaban el suelo con el pie. Ese era su aniversario, al final del cual iban a
ahogar sus penas y los recuerdos del difunto en una fiesta con uicú, una bebida
ceremonial (Cárdenas Ruiz, 2004: 201). Los cronistas franceses Mathias de Puis, André
Chevillard, César de Rochefort, y Jean Baptiste Dutertre entre otros confirman esta
12
versión anónima de un funeral Caribe (Cárdenas Ruiz, 2004)

Extrait de Creencias_Mortuorias_de_los_Tainos
C'était une des rares occasions où les Tainos buvaient de l'alcool. Ce serait une des explications possibles  de l'association  entre boisson alcoolisée et souvenirs des morts qui a été conservée jusqu'à nos jours.
Pour appuyer mes propos un extrait de La cultura dominicana qui montre les échanges qui ont eu lieu entre culture Taina et esclaves:

De la cultura taína restan muy pocos remanentes, y estos corresponden sobre todo a los aspectos materiales de la misma. Hay que advertir, por lo demás, que varios de esos aspectos perduraron a través del esclavo africano, quien los hizo suyos y los incorporó a sus costumbres y hábitos de trabajo.
Así, por ejemplo, cuando los taínos empezaban a extinguirse, los negros habían logrado ya dominar la técnica del cultivo de la yuca y la preparación del casabe, que era el alimento básico de aquellos. A través de los esclavos africanos, los taínos legaron a nuestra cultura el cultivo de roza, cuya quema y tala de árboles serían luego continuadas por los plantadores azucareros.
Otros elementos importantes de la cultura material taina que subsistieron y aparecen hoy incorporados a la vida y actividad cotidianas del dominicano son:
1. Instrumentos como la canoa, la hamaca, el caracol (usado como trompeta para dar avisos) y la cuchara de higüero.
2. Técnicas como el sistema de pesca denominado barbasco o "encandilamiento", el ahumado para la conservación de las carnes, la cestería –especialmente mediante el empleo de cuerdas de cabuya y la petaca de yagua –, el encendido de hornos de carbón, la utilización de la piel de ciertos peces para limpiar y rayar vegetales, etc.
3. Productos agrícolas como la batata, la yautía, la jagua, el jobo, el maíz, el lerén, el maní, etc. Todos ellos forman parte de la dieta dominicana.


Le peuple Taïno ainsi que les caraïbes (qui occupaient les petites antilles) furent victime d'un génocide dans la plupart des îles de la Caraibe. En martinique où les colons leur avaient attribué une réserve dans le nord de l'île, ils furent exterminés parce que les esclaves marrons allaient se réfugier sur leurs terres...

Après moultes recherches, il semble difficile de trouver l'origine de ces libations. Je n'ai rien trouvé chez:
les paléolithiques américains -6000 -5000
les méso-indiens, même période
les arawaks -2000 +450
les taïnos dont le nom est d'origine arawak dont on peu dire qu'ils ont presque totalement disparu en 1535 ou il n'en restait que quelques centaines
(Historia general de las Indias. de Francisco Lopez de Gomara)

Même sans preuves formelles, je reste attaché à l'origine africaine apportée par les esclaves d'Afrique de l'ouest ayant été victime du commerce triangulaire.

Pour mémoire, le rhum est une nouveauté pour les Antilles, la canne à sucre d'origine asiatique distribuée par les arabes au 8ème siècle n'a été introduite par les espagnols qu'en 1493 lors du deuxième voyage de Colon

A lire:
La Dernière Reine d'Ayiti se déroule à la fin du XVe siècle, lors de la colonisation des Taïnos en Haïti. de Élise Fontenaille (ISBN 9782812610486)

You tube:Primer trago para el suelo
"El primer trago para el suelo
y la  mirada para el cielo.
Y no se muere quien se va,
solo se muere el que se olvida"

Belles paroles sur la séparation et la mort!
Canserbero  était Venézuélien, pas loin de l'estuaire de l'Orénoque (lieu d'origine des Tainos) pays où "el primer trago al suelo" est un rite vivace.
Bon des Africains sont aussi passés par là!...

Le Tubi...
c 'est d' enfer voir, à bord  avions d 'europe et des usa  qui se rendent en RD, la quantité de dominicianes qui embarquent sans complexes  avec leur tubi ou leur rollos , et voir demi heure avant l 'arrivée les tubis et les rollos disparaitre comme par enchantement

encore un certain temps peut être,

https://www.diariolibre.com/revista/cre … -FE8699447

L'article ci-après date un peu mais donne une explication de cette perception du “Pelo bueno, pelo malo” en RD.
¿Negro yo? No, indio
Un autre article très proche mais en français cette fois:RÉPUBLIQUE DOMINICAINE : LA DICTATURE DE LA BLANCHEUR
Extrait: "Pour de nombreux Dominicains, être noir, c'est être haïtien. Résultat,
les Dominicains de couleur préfèrent recourir à un vocabulaire qui
remonte à des centaines d'années pour définir leur ascendance: ils se
disent indien, indien grillé, indien crotté, indien délavé, indien
foncé, cannelle, moreno ou mulato, mais rarement negro."


Il y a quelques jours La Jamaïcaine Davina Bennett s'est présentée avec un afro à Miss Univers, ce qui lui aurait coûté le titre...mais les choses bougent !

Rendez-vous en terre inconnue - Kev Adams chez les Suri d'Ethiopie
Cette émission nous interroge sur les différences culturelles. L'inconnu et l'insolite mais aussi les valeurs humaines peuvent être au bout de la rue, en République Dominicaine et en Haïti aussi!

Une remarque très juste de la jeune Suri (à 1:17 du début) quand on lui parle des plats préparés disponibles dans le commerce en Occident:
- Comment pouvez-vous savoir que le plat n'est pas empoisonné?
A l'heure des perturbateurs endocriniens et autres conservateurs cancérigènes...

Le palo.
Pour un pays qui rejette un peu la culture haïtienne ça fait sourire.
Je suis assez souvent invité.
Pas beaucoup de dominicains de toutes conditions qui résistent au rythme.

baron ou varon del cementerio à voir aussi.

Les expressions corporelles de la danse du Palo me rappellent également certaines danses traditionnelles de Martinique. Les racines africaines sont  évidentes.

Des cérémonies vaudou sont organisées par la communauté haïtienne en RD. Je n'y ai pas encore assisté mais j'ai entendu quelques fois déjà ces chants, de mon appartement en plein ensanche Quisqueya (santo domingo centre), qui provenaient d'ouvriers haïtiens dormant sur leur lieu de travail tout proche. 
Vodou Ceremony Manbo Tilasquet January 2017
Ces chants m'ont paru à la fois envoûtants, insolites (par rapport au lieu) mais pas totalement inconnus.