Les choses à faire et ne pas faire à Cape Town
Habitudes culturelles, relations interpersonnelles, questions de sécurité... En décidant de venir vous installer au Cap, il y a certaines données essentielles qu'il vous faut prendre en compte.
Avant toute chose, nous vous recommandons la lecture de nos articles d'introduction sur l'installation au Cap, qui devraient vous permettre d'aborder celui-ci avec une première notion, assez large, de la vie quotidienne dans cette ville exceptionnelle.
Nous avons également tenté de résumer en quelques lignes les do /don't do, comme disent les anglophones, les choses à faire et à ne pas faire, ou à éviter, pour s'assurer ' tant que possible ' un déroulement sans accroc ni mauvaises surprises. Vous trouverez ci-dessous nos quatre conseils majeurs.
Prudence et vigilance
Sans pour autant sombrer dans une paranoïa délétère, les questions concernant l'insécurité sont évidemment au centre des discussions lorsque l'on s'installe en Afrique du Sud, et notamment au Cap. De fait, les statistiques de vols et de crimes violents y sont parmi les plus élevées du monde. Mais cette terrible réalité cache une nuance importante : l'insécurité a tendance à augmenter ces dernières années mais reste pour le moment limitée aux quartiers défavorisés des townships où la très grande majorité des drames quotidiens ont lieu. Les quartiers privilégiés ne sont pas épargnés, mais pour peu que vous respectiez les consignes élémentaires de sécurité qui vous seront expliquées partout, le risque de subir des agressions, s'il ne disparait pas, baisse néanmoins considérablement.
Ne jamais laisser vos portes ou fenêtres ouvertes la nuit ou lorsque vous partez de chez vous et toujours verrouiller en partant. Impérativement choisir votre habitation équipée de l'attirail de sécurité classique dans cette partie du monde : alarme, radars extérieurs, grilles ou barrière électrique éventuelle, Safe Haven ou chambre sécurisée pour la partie nuit, service d'alarm-response, etc.
Ne jamais baisser la garde, même après des années de vie sur place. Les beaux quartiers sont plus ou moins surveillés en permanence, dans l'attente d'un oubli ou d'une baisse de la vigilance.
En voiture, roulez vitres fermées en ville, restez vigilants aux feux rouges la nuit, et méfiez-vous des paquets placés au milieu de l'autoroute (pierre cachée sous un carton que vous prenez de plein fouet, vous obligeant à vous arrêter... Avant de vous faire attaquer), etc.
En dehors du Waterfront, ne marchez pas dans les rues de nuit, même dans les quartiers où vous circulez de jour. Méfiez-vous de Longstreet et Bree Street qui, le soir venu, sont très mal fréquentées. Cantonnez vous aux véhicules personnels, aux taxi Uber ou Taxify et aux lignes My City Bus, les autres transports n'étant pas conseillés voire totalement déconseillés.
Comme dans beaucoup d'endroits dans le monde, évitez l'ostentation, ne portez pas de bijoux ni d'accessoires de valeur lorsque vous marchez dehors. Ne vous déplacez pas avec les originaux de vos papiers d'identité mais des photocopies, ni trop d'argent liquide sur vous. Evitez de discuter au téléphone en marchant dans la rue.
Dans les endroits publics - malls, plage, etc ' gardez tout le temps un œil sur vos jeunes enfants. Parents d'adolescents, vous découvrirez que votre progéniture ne dispose pas ici de la même liberté de mouvements et d'indépendance qu'en Europe, par exemple. Cela est ressenti de manière pesante par certaines familles, il est important d'en avoir conscience avant de venir vous installer.
Lorsque vous randonnez ' l'une des merveilleuses activités du Cap ' assurez vous de ne jamais sortir seul(e), toujours à plusieurs, en ayant signalé votre sortie à votre entourage, et sans argent sur vous.
Enfin, pour les adultes les plus jeunes et les plus libres d'entre nous, sachez que le taux d'infection au virus du VIH en Afrique du Sud, est parmi les plus élevés du monde avec presque 20% de la population totale contaminée, jusqu'à 70% dans certaines communautés. (Sources ONUsida 2015) : la prudence et les précautions nécessaires s'imposent donc absolument.
Dans tous les cas, s'il est important de connaître ces éléments et de respecter les consignes, il est tout aussi essentiel de ne pas en faire une phobie ou une obsession : garder mesure en toutes choses afin de pouvoir profiter sereinement des nombreuses merveilles que Cape Town, l'Afrique du Sud et la région australe ont à offrir !
Tolérance et distanciation
Comme nous l'avons signalé dans plusieurs de nos articles sur l'Afrique du sud (liens), la question de la couleur de peau - vieux reliquat de centaines d'années d'esclavage suivies de décennies d'apartheid - malgré la mise en place d'un régime démocratique depuis plus de vingt cinq ans, demeure un sujet omniprésent et une réalité différentiante essentielle en Afrique du Sud.
La majorité des étrangers qui viennent s'y installer est souvent très choquée par cet état de fait : à peine arrivés, nous entendons parler des Blancs (Anglais ou Afrikaners), des Noirs (Xhosas, Zulu...) et des Colored (métis), et chacune de ces « couleurs » implique directement certains stéréotypes économiques, sociaux et culturels malheureusement très souvent conformes à la réalité.
Selon votre histoire personnelle, votre expérience ailleurs dans le monde, votre sensibilité humaine, politique et intellectuelle, vous ressentirez donc cette situation ' souvent perçue comme assez lunaire pour des occidentaux ! - plus ou moins fortement et lourdement. Vous serez certainement étonnés en arrivant au Cap de voir que la ville est très «blanche» (pour un pays africain, s'entend) et que les communautés sont très cloisonnées. Vous assisterez malheureusement sûrement dans les restaurants ou les supermarchés à des attitudes condescendantes voire racistes de certains (vieux) Blancs envers des Noirs. Vous subirez également probablement le racisme anti-Blancs de certains Noirs. Plus insidieux, vous ressentirez peut-être, au fils des années, une forme d'ingratitude de votre personnel, dont l'attitude parfois revancharde, qui considère que tout lui est dû en compensation des atrocités commises dans le passé à l'encontre de sa communauté, est souvent blessante et compliquée à gérer.
Dans votre environnement professionnel vous découvrirez l'existence du BEE ' Black Economic Empowerment ' loi de discrimination positive qui impose aux recruteurs de respecter des quotas communautaires très élevés dans les entreprises, pas toujours en accord avec leurs compétences réelles. En effet la qualité de l'éducation n'a malheureusement pas suivi la volonté politique positive de rééquilibrage économique, débouchant sur l'arrivée à des postes décisionnaires de personnes totalement inadaptées à leur position... Cette situation est compliquée à vivre, que ce soit pour les collaborateurs dépendants de ces personnes, ou pour leurs supérieurs dont la marge de manœuvre face à leurs erreurs et leur inaptitude est très limitée.
De manière générale, beaucoup des étrangers qui viennent vivre quelques années au Cap sont choqués par les inégalités sociales majeures, violentes et flagrantes qui existent dans ce pays. Certains se lancent à corps perdu dans l'humanitaire ou tentent de «compenser» avec générosité en sur-payant leur personnel, tolérant des comportement borderline, ou les assistant en permanence : cette attitude, si elle est compréhensible et honorable, ne règle malheureusement pas les problèmes de fond ' immenses ' que connaît le pays, et contribue même souvent à aggraver les choses.
Dans tous les cas, la bienveillance, la tolérance et la prise de recul (et de hauteur !), voire même la distanciation, sont les ingrédients essentiels pour éviter les déceptions et les frustrations.
Adaptabilité et patience
Comme dans beaucoup de pays dits « du Sud », il ne sert à rien ici de s'arque bouter sur les notions ' très occidentales ! - de temps, de ponctualité, ou encore sur le concept d'efficacité à l'européenne, de réactivité ou encore de rentabilité.
Sans dire que tout cela n'existe pas en Afrique du Sud, surtout au Cap qui reste malgré tout très structuré par les communautés Afrikaner et Anglaise, leur application et la manière dont elles sont conçues ici sont néanmoins très différentes de celles de la France ou de l'Allemagne par exemple. Vous découvrirez notamment le fameux « Now Now » (maintenant maintenant), vague équivalent du « Ahorita » (tout de suite) mexicain, qui malgré une sonorité qui semble induire une forme d'urgence ou de rapidité, est en réalité plus proche du « on verra, quand j'aurais le temps ».
Face à ces comportements culturels différents, l'adaptabilité et surtout la patience sont de mise !
Dynamisme et curiosité
La richesse de la ville de Cape Town, de l'Afrique du Sud et des pays limitrophes est infinie. Le confort du Cap, exceptionnel. Au fil des mois - et même des années ! - on a souvent tendance à se laisser bercer par le bruit de l'océan, à regarder les baleines passer et à « go with the flow » (prendre les choses comme elles viennent), à se contenter du Cap, tant il a à offrir au quotidien en terme de qualité de vie, ou à « chiller » (franglais pour « se détendre ») en oubliant... Tout ce qui reste à visiter ! Prenez garde, le temps passe vite ici, et les contrats d'expat' arrivent souvent à échéance avant que l'on ai eu le temps de dire ouf.
Organisez vos weekends dans la région du Cap, prévoyez des voyages aux vacances scolaires, sortez, bougez au maximum, il y a tant à découvrir !