
Étudier à l'étranger avec un handicap, c'est possible. Le parcours peut être plus compliqué, mais des solutions existent pour permettre aux étudiants en situation de handicap de réaliser leurs projets. Tour d'horizon des différents programmes de mobilité internationale et conseils pratiques.
Des bourses pour soutenir la mobilité des étudiants en situation de handicap
Créée en 1973 l'association CGE (Conférence des grandes écoles) rassemble des entreprises, Grandes écoles et organismes membres. Elle a pour objectif de lutter contre les discriminations pesant sur les étudiants en situation de handicap, et améliorer leurs conditions d'accès aux études à l'étranger. Depuis 2017, la CGE milite avec d'autres associations pour que soit créé un « statut international d'étudiant étranger en situation de handicap ». Consciente des difficultés plus importantes qui se posent pour les études à l'étranger de ces étudiants, l'association propose, chaque année depuis 2019, des bourses d'aide à la mobilité internationale dédiée.
L'édition de cette année a permis de débloquer 40 000 euros de bourses pour 15 étudiants en situation de handicap. Le choix de la CGE s'est fait après étude des dossiers des différents postulants. Les lauréats retenus iront étudier en Nouvelle-Zélande, aux Émirats arabes unis, au Canada, au Japon, en Colombie, ou encore en Belgique.
Mais la CGE entend débloquer encore plus de fonds pour toucher davantage d'étudiants. En 2021, Mélanie De Sousa et Xavier Quernin, ingénieurs membres de la CGE, publient 79 solutions pour favoriser la mobilité des étudiants en situation de handicap. Parmi leurs propositions, la création de postes de référent handicap dans les ambassades ou la mise en place d'incitations pour encourager les assurances privées à prendre en garde l'ensemble des soins des étudiants. En 2023, le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères et le ministère délégué en charge des Personnes handicapées reprennent leurs propositions. Des postes de référent handicap commencent à être créés dans les capitales, comme Berlin, Lisbonne ou encore Mexico.
Étudier à l'étranger avec un handicap : les solutions
Il est effectivement plus contraignant de voyager avec un handicap. Des solutions existent cependant pour dépasser la contrainte, ou plutôt, pour mieux composer avec elle. Le programme européen Erasmus+ s'engage ainsi à être accessible aux étudiants en situation de handicap. D'autres organismes et institutions se mobilisent pour favoriser la mobilité des étudiants présentant un handicap. Les conditions d'éligibilité à ces programmes dépendent notamment de la nationalité, du niveau d'étude et de la maîtrise ou non de l'anglais.
Partir à l'étranger avec Erasmus+
Le programme de mobilité de l'Union européenne (UE) est entièrement accessible aux étudiants en situation de handicap. Les formalités pour candidater ne changent pas. Les candidats doivent solliciter leur établissement ou un organisme porteur d'un projet Erasmus. Par exemple, les étudiants pourront se tourner vers le service des relations internationales de leur université. Il existe des universités disposant d'un référent handicap ainsi que de partenariats avec des référents d'autres universités à l'étranger.
C'est l'université qui présentera la candidature de l'étudiant. Le programme Erasmus+ prendra en charge tous les frais supplémentaires liés au handicap de l'étudiant sélectionné (hébergement accessible, suivi médical, assistante d'une auxiliaire de vie, etc.).
Autres programmes pour étudier à l'étranger
Le Bureau de Coopération Internationale (BCI) pour le Québec, l'International Student Exchange Programs (ISEP), la Mission Interuniversitaire de Coordination des Échanges Franco-Américains (MICEFA) et le (Trans-Atlantic Science Student Exchange Program) TASSEP sont 4 programmes permettant aux étudiants en situation de handicap de partir à l'étranger.
Le BCI permet aux étudiants de partir étudier un an ou un semestre dans une université québécoise. Le programme est accessible aux étudiants ayant validé leur première année, et présentant d'excellents résultats scolaires. Les étudiants souhaitant suivre des cours en anglais devront effectuer des tests de langue.
Le programme ISEP regroupe environ 300 universités dans plus de 50 pays (environ 130 universités aux États-Unis). Le programme permet aux étudiants des universités membres du réseau d'effectuer des échanges universitaires pour un ou deux semestres. Pour postuler, les candidats doivent avoir validé au moins deux années de Licence et réussir au test de langue.
Réservée aux étudiants inscrits dans une université d'île de France, la MICEFA permet d'effectuer un semestre dans l'une des universités américaines ou canadiennes du réseau. Les candidatures sont ouvertes à partir de la deuxième année de Licence. Une réussite au test de langue est recommandée.
Le TASSEP regroupe des universités canadiennes, américaines et européennes. Réservé aux étudiants en sciences, il leur permet de partir étudier dans les universités du réseau. Il faut avoir validé au moins la première année pour pouvoir postuler. Là aussi, une réussite au test de langue est recommandée.
Bourses d'organisations, entreprises privées et universités
Les entreprises privées, universités et organisations internationales proposent elles aussi des bourses réservées aux étudiants en mobilité en situation de handicap.
Les grandes multinationales Google et Microsoft ont créé leurs bourses pour les étudiants en situation de handicap. Le programme Google Lime Scholarship permet aux étudiants internationaux en science de poursuivre leurs études aux États-Unis ou au Canada. Les bourses s'élèvent à respectivement 10 000 dollars et 5000 dollars canadiens pour une année. Le programme Microsoft Disability Scholarship s'adresse aux lycéens et étudiants « passionnés de technologie ». Tous les étudiants internationaux peuvent postuler. Les profils retenus recevront une bourse de 5000 dollars.
L'université d'Adélaïde, en Australie, propose une bourse Alastair McEwin aux ressortissants australiens, néo-zélandais, aux résidents permanents en Australie et aux détenteurs d'un visa humanitaire permanent. D'autres bourses existent, comme celle du Snowdon Trust, à destination des étudiants ayant une déficience physique ou sensorielle. La bourse leur permet d'aller étudier dans un établissement britannique. Tous les étudiants peuvent postuler, indépendamment de leur nationalité. Les étudiants ayant le statut de réfugiés peuvent également candidater.
Étudier à l'étranger avec ou sans programme
Il reste tout à fait possible de partir à l'étranger en dehors de tout programme. L'entreprise demande néanmoins davantage d'organisation et de fonds. L'avantage du programme est qu'il offre un cadre. Mais il arrive que le programme ne convienne pas à l'étudiant (durée trop courte, par exemple). Il peut aussi arriver que l'étudiant ne soit pas éligible au programme, du fait, par exemple, de sa nationalité. L'étudiant peut aussi choisir de partir sans programme pour tester l'aventure à l'étranger.
Que la mobilité s'effectue ou non avec un programme, les étudiants seront toujours invités à anticiper leur future vie à l'étranger. Les conseils donnés aux grands voyageurs restent les mêmes, avec des adaptations en fonction de son profil. Les étudiants en situation de handicap prêteront attention aux conditions d'accueil de leur université à l'étranger (présence d'un référent handicap, par exemple), aux moyens de transport, à l'état et l'accessibilité des infrastructures… De nombreuses villes sont encore loin d'être exemplaires en la matière, et le choix de l'université d'accueil doit prendre en compte tous ses critères.
Pour partir sereinement, on recommande, si cela est possible, de se rapprocher d'anciens étudiants expatriés. Certains sont peut-être toujours dans le pays étranger. Ils apporteront une expertise bienvenue et seront un point de contact pour l'étudiant en mobilité. Garder des liens s'avère essentiel, encore plus en expatriation. Suivre le parcours d'étudiant en situation de handicap ayant réussi leur expatriation est aussi une source de motivation supplémentaire pour les aspirants voyageurs.
Liens utiles :
Programme québécois d'échanges étudiants (BCI)
European Agency for Special Needs and Inclusive Education
European platform Inclusive Mobility
Microsoft disability scholarship
The University of Adelaide (Australia) – The Alastair McEwin AM Scholarship



















