Quelle est la valeur du travail pour les expatriés en 2023 ?

Vie pratique
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Publié le 2023-01-18 à 10:00 par Estelle
Alors que les crises se succèdent depuis quelques années, le rapport au travail a tendance à changer parmi les expatriés. Entre le fameux « work-life balance », qui devient de plus en plus important, et la valeur propre du travail qui est vue différemment, une nouvelle aire dans le monde professionnel semble pointer le bout de son nez.

Comment les crises ont-elles impacté le rapport au travail chez les expats ?

Les divers confinements qu'a connus le monde depuis le début de la crise de Covid-19 ont chamboulé les manières de travailler des salariés, et d'autant plus les expats. Le télétravail est entré en vigueur dans la plupart des cas et certains ont pris goût à cette flexibilité qui leur permet de travailler d'où ils souhaitent sans dépendre d'un horaire fixe et des transports en commun et du trafic routier le matin et le soir.

Mais ce n'est pas le seul sujet. Eh oui, car beaucoup ont aussi repensé leur carrière et se sont posé de vraies questions sur leur parcours professionnel et leur futur. Ces remises en question ont conduit beaucoup à chercher une nouvelle entreprise plus proche de leurs valeurs, ou ont entrepris une reconversion professionnelle pour donner plus de sens à leur vie d'expatriés. Certains ont quitté la ville pour s'installer à la campagne en choisissant un métier plus flexible et moins stressant, d'autres ont décidé de choisir le « full remote working » afin de ne pas être obligé de toujours rester au même endroit. En effet, on constate un nombre de nomades numériques en forte croissance ces dernières années : en 2021, plus de 10 millions ont été recensés et on estime qu'ils ont augmenté de 40 % en un an seulement.

Au-delà de ça, c'est aussi l'équilibre entre le travail et la vie privée qui a beaucoup changé. Dans beaucoup de villes où on compte une forte population d'expatriés, comme à Dublin, Londres, Paris, Taïwan, etc., beaucoup cherchent à contrebalancer leur vie professionnelle, parfois très frénétique, pour prendre le temps de profiter de la vie en dehors de leur activité professionnelle, jusqu'à réévaluer leur situation dans leur ville ou pays d'accueil. Certains choisiront même de dire adieu à leur vie d'expat après de nombreuses années à l'étranger, pour un retour aux sources définitif et trouver un travail qui leur permettra de ne plus vivre pour travailler, mais de travailler pour vivre.

Mais ce n'est pas seulement cette crise de la pandémie qui a fortement impacté et depuis 2022 et la forte inflation que connaît le monde suite à la guerre en Ukraine, les diverses tensions géopolitiques et la crise économique, beaucoup d'expatriés ont, là encore, remis en question la valeur du travail, mais aussi leur manière d'exercer leur activité pro. Certains seront peut-être surpris de lire ça, mais c'est un fait : à cause de la hausse des prix de l'énergie, certains ont décidé de délaisser le télétravail et reviennent en entreprise pour faire des économies. Un sacrifice nécessaire pour certains qui ont vu leurs factures augmenter parfois de 300 %. Il est vrai que ça peut paraître à contre-courant, mais certains ont dû choisir.

Quitter son travail pour profiter de la vie

Avec les crises qui se succèdent, beaucoup de travailleurs décident également que travailler n'est plus une priorité. Exercer une activité professionnelle les empêche de voir le monde et de profiter de chaque instant car « on ne sait pas ce qu'il se passera demain ». On compte en effet un grand nombre de démissions et de demandes de congé sabbatique. Certains décident de faire le tour du monde, d'autres souhaitent trouver leur voie et profiter de leur pays d'accueil comme ils voulaient le faire depuis leur arrivée, faire une formation, ou même rentrer dans leur pays d'origine pour un certain temps sans pour autant renoncer à leur statut d'expatrié… Les motivations sont nombreuses, mais le résultat est le même : travailler dans l'immédiat n'est plus la priorité.

Mais profiter de la vie n'est pas la seule motivation ! Eh oui, n'oublions pas que beaucoup ont aussi délaissé la vie de salarié pour se mettre à leur compte en tant que freelance, ou pour créer leur entreprise. Les crises de ces dernières années auront appris une chose aux travailleurs et particulièrement aux expatriés : l'entreprise classique que beaucoup connaissent n'est pas la seule option et beaucoup de corps de métier peuvent être faits en indépendant. Et beaucoup ont choisi cette voie pour devenir leur propre patron, certains ayant déjà un réseau professionnel, les choses ont été facilitées pour partir à l'aventure de l'entrepreneuriat.

Valeur du travail : qu'en disent les expats ?

Le monde n'est plus le même et les expatriés en ont bien conscience. Voici quelques témoignages.

« Avant la Covid, j'enseignais l'anglais et le français dans une école de langue, je venais en présentiel tous les jours pour des cours privés ou de groupe et je n'étais pas très bien payée. Quand on a été confiné, l'école a fermé et beaucoup de leçons que je donnais ont été annulées, j'ai donc dû m'adapter pour continuer à gagner ma vie, car sans revenu il m'était impossible de continuer à vivre dans mon pays d'accueil. J'ai découvert une plateforme qui me permettait de poster des annonces et trouver de nouveaux élèves. Après le confinement, petit à petit j'ai délaissé l'école (qui a rouvert) pour me consacrer à 100 % à mes cours en ligne. Finalement, j'ai juste besoin d'un endroit calme et de mon ordinateur, je peux travailler d'où je veux et je gagne mieux ma vie ! », nous confie Lucie, professeure de langue.

Devon, jusque-là en contrat d'apprentissage et fraîchement diplômé, a quant à lui pris un temps de réflexion. « Je ne savais pas si je devais rentrer aux États-Unis quand j'aurai fini mon contrat cette année ou accepter la proposition d'un contrat à durée indéterminée. Mon pays et ma famille me manquent, même si j'aime ma vie en Europe. Mais quand je suis rentré à Noël, j'ai constaté que le coût de la vie avait tellement augmenté et que trouver un travail sérieux n'est pas simple. Je me suis rendu compte que rentrer définitivement n'a vraiment aucun sens maintenant, alors j'ai décidé de rester et d'accepter la proposition de mon entreprise. »

Quant à Estelle, elle nous dira que la pandémie a en, quelque sorte, été révélatrice sur le plan professionnel. « Avant la crise, je ne me voyais pas du tout faire du télétravail. Pour moi, il était clair que je travaillerais mieux au bureau car chez moi il y aurait trop de choses pour me déconcentrer. Mais j'avais tellement tort ! Le confinement m'a ouvert les yeux. J'ai appris que travailler chez moi m'aide à mieux me concentrer mais aussi à être plus productive. J'ai vraiment pris goût à cette modalité et je ne veux pas y renoncer. J'ai la chance que mon entreprise soit flexible, je peux rentrer en France quand je veux et travailler de là-bas, ou partir quelques jours dans une autre ville, sans contrainte. Je suis moins stressée qu'avant et j'ai plus le temps de profiter de mon temps libre. »

Comme on a pu le constater à travers ces témoignages, la valeur du travail a beaucoup changé et ne cesse d'évoluer en même temps que le monde change au gré des crises actuelles. Les travailleurs s'adaptent et font en sorte que leur activité professionnelle ne soit plus seulement une obligation mais quelque chose qu'ils ont choisi, de la manière la meilleure pour leur choix de vie.