Une décision parfois difficile
Rester dans son pays d'accueil quand on est expatrié peut être dû à plusieurs facteurs : la distance, le manque d'organisation, le travail qui ne permet pas d'avoir des vacances, le budget, le souhait de rester avec son/sa conjoint(e), la curiosité de vivre cette période pour découvrir une nouvelle facette de la culture. Il existe tant de raisons que d'expatriés.
Lorsque ce n'est pas un choix mais une obligation, il peut être parfois difficile d'accepter cette situation, surtout s'il s'agit d'une expatriation récente et que le mal du pays se fait sentir. Oui, c'est parfois dur et ce sentiment de solitude peut particulièrement peser en décembre. Que ce soit une décision délibérée ou non, il faut aussi l'annoncer à sa famille et, parfois, l'expliquer à ses proches n'est pas une mince affaire ! Eh oui, ce n'est pas forcément facile pour des parents de passer Noël sans leur enfant même s'il est adulte.
Comment s'organiser quand doit rester dans son pays d'accueil ?
Ça y est, c'est officiel, vous ne rentrerez pas pour les fêtes. Alors comment s'organiser si vous voulez quand même fêter Noël ? Demandez à vos nouvelles connaissances leurs plans, souvent deux options se présentent. La première est que vos amis expats ne rentrent pas non plus et vous pourrez organiser un réveillon et un jour de Noël alternatif à base de vos traditions respectives. Un beau moment à partager pour faire découvrir à vos nouveaux amis, votre culture et vos plats traditionnels. L'autre option est que vos amis locaux vous inviteront dans leur famille, une belle manière de découvrir le Noël local. Et puis, grâce aux nouvelles technologies, n'oubliez jamais qu'un appel en visio avec vos proches vous ramènera chez vous en un rien de temps. Forcément, ce n'est pas la même chose, mais une belle manière de partager ces moments de joie.
Concernant le Nouvel An, ce sera certainement plus facile car la majeure partie des pays ont la même manière de célébrer le passage à la nouvelle année : ils se retrouvent et font la fête. Bien sûr, selon les cultures et les pays, les choses diffèrent. Mais en principe, vous n'aurez pas de problème à compter sur vos amis et connaissances pour passer un bon moment en attendant minuit.
La parole aux expats
Quelques expats nous partagent ce qu'ils ont vécu la première fois.
Sarah est kurde et iranienne et dans sa culture, les fêtes de fin d'année en décembre ne font pas partie des traditions. Rester donc en cette période dans son pays d'accueil n'est pas forcément quelque chose d'inhabituel, bien que sa famille lui manque. La première fois qu'elle a passé Noël a été une sacrée découverte car elle ne connaissait que l'histoire du sapin décoré, des cadeaux et du Père- Noël : « J'ai été invitée par ma colocataire et ses parents à dîner avec nous le 24 décembre, ils étaient venus chez nous pour les fêtes. Nous avons tellement mangé, notamment du poisson que je n'étais pas habituée à manger car je viens d'une ville qui n'est pas proche de la mer. On est ensuite allés à la messe de minuit et ça a vraiment été un choc, je n'avais pas idée que les Européens étaient aussi pratiquants, et je l'ai réalisé ce jour-là ! ».
Emma passera son premier Noël loin de son pays cette année : « Je le passe en Thaïlande avec des amis que j'ai rencontrés pendant mon voyage qui feront office de famille. Il n'y aura pas de neige, pas de sapin, pas de feux dans la cheminée, pas de repas typique, pas de bûche de Noël… mais certainement quelques petits cadeaux entre amis, lors d'un repas autour d'un Pad Thaï (plat local) au bord de la plage en maillot de bain. Le bon côté c'est que c'est une expérience différente, il fait beau, il fait chaud, ça change ». Mais il y a aussi des mauvais côtés, car pour elle et sa famille ces fêtes sont très importantes : « C'est dur d'être loin de ses proches, de les savoir tous ensemble, de ne pas passer ce précieux moment en famille, de manger toutes les bonnes choses qu'on mange à Noël. L'ambiance de Noël aussi me manque : les musiques de Noël, les décorations dans la rue, les sablés de Noël, le vin chaud, les marchés… ».
Manon a passé 2 ans sur une île des Caraïbes avec son compagnon : « J'ai assez bien vécu mon premier Noël loin de la maison, mais c'était bizarre, comme c'est un endroit où il fait chaud toute l'année, et surtout en décembre car c'est l'été, c'était une ambiance particulière et très différente de ce que j'avais vécu avant. Tu ne te dis pas forcément qu'un jour, tu vas décorer ta maison en short et débardeur, puis aller à la plage ! J'avais même acheté un t-shirt de Noël, à défaut de pouvoir porter un pull. On a aussi fait le réveillon et on a appelé nos familles respectives en visio, pour être un peu ensemble malgré la distance, mais avec un gros décalage horaire : 5h de différence ! On a réussi à faire quelque chose de simple et joli à la fois en respectant les traditions de Noël et c'était top. Pour l'ambiance générale en décembre, les Martiniquais adorent Noël, ça ne changeait pas trop. Il y avait des décorations de Noël, des animations, des marchés de Noël... Mais au lieu de boire du vin chaud, on déguste un sorbet fait maison ! ».
Vanessa est née et a grandi argentine et est partie vivre en Europe depuis quelques années : « Lors de mon premier Noël loin de chez moi, j'étais seule car je ne connaissais personne, alors j'ai acheté des choses pour moi, du Panettone et du vin pétillant et j'ai dîné seule. Ça peut paraître triste comme ça, mais j'ai apprécié ce moment, car tout était nouveau pour moi et j'avais bien accepté l'idée que je ne serais pas rentrée, puisque j'étais partie depuis seulement quelques mois. Mais je me souviens que le 26 décembre, je suis allée à Berlin pour rendre visite à deux amies (je vivais à Rome cette année-là) et j'ai célébré la Saint Sylvestre là-bas et c'était magnifique. ».
Sébastien a vécu en Irlande pendant plusieurs années et pour lui, traditionnellement, Noël se passe en famille et le 1er jour de l'an avec les amis : « Mon premier Noël loin de ma famille fut étrange. Nous étions 4 Français et 4 Canadiennes pour ce premier Noël et je me rappelle très bien notre première réunion pour discuter du menu et autre. Nous les Français avons tout de suite fait le choix des vins et du foie gras : une priorité pendant que nos colocs nous regardaient dubitatives ! De leur côté, elles mentionnent des plats qui nous paraissaient tout à fait "normaux" : purée de pommes de terre, carottes vichy, haricot vert vapeur... Ça allait sûrement être un peu compliqué pour se mettre d'accord. Finalement, nous les Français avons décidé de nous occuper de l'apéro, des vins (1 différent pour chaque plat) et de leur côté, elles géraient le reste. Après quelques discussions assez vives vint enfin Noël où nous avons pu apprécier ce moment ensemble. Je me rappelle beaucoup de rires et de découvertes culturelles (cela faisait à peine 1 mois que nous vivions ensemble dans l'appartement). Concernant le premier nouvel an, il a eu lieu dans notre appart avec beaucoup monde de toutes les nationalités. Un véritable melting-pot pour moi qui n'avais quasiment jamais dépassé les frontières de mon département natal. C'est le moment où j'ai réalisé que le monde est grand et que je n'avais encore rien vu. J'aimais beaucoup cette mixité et rencontrer des gens de cultures différentes. ».
Pauline elle aussi a vécu en Irlande et raconte la première fois où elle a passé les fêtes de fin d'année là-bas : « Je travaillais donc le 24 décembre, mais finissais tôt et le plan était de se retrouver chez des amis pour le réveillon. Nous étions deux Françaises, une Tunisienne et deux Irlandaises et il avait été décidé que nous, les Françaises, allions nous occuper du dîner. Je me souviens encore quelques jours avant le réveillon, avoir couru partout pour trouver de la nourriture de fête et entre expatriés on se passait le mot pour savoir dans quel supermarché aller. Pendant le dîner, c'était super sympa d'échanger sur nos différences culturelles et de faire découvrir les plats traditionnels. Pour l'une des convives, c'était la première fois qu'elle goûtait le foie gras. Sa tête est passée par tous les sentiments je crois, elle était en pleine découverte. Pour le dessert nous avions préparé une bûche. Nos amies étaient touchées qu'on ait préparé tout ce repas et qu'on l'ait partagé avec elles. Nous avons ensuite passé le reste de la soirée à chanter en mode karaoké des chansons typiques de Noël. Ça reste un super souvenir encore quelques années plus tard. Noël avait plus que confirmé ce ressenti de partage et de gentillesse. Il y avait une vraie signification du mot partage. ».
Passer Noël et le nouvel an loin de chez soi est quelque chose de très courant que les expats expérimentent au moins une fois. Une chose est sûre : être dans un autre pays pendant les fêtes ne rime pas forcément avec solitude. Ça peut parfois même être très enrichissant et le moyen de créer ses propres traditions avec sa famille d'expats !
