Canada : nouvelle stratégie pour attirer davantage d'immigrants asiatiques

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    Marc Bruxelle / Shutterstock.com
Publié le 2022-12-14 à 11:00 par Ameerah Arjanee
Dans le cadre de sa stratégie 2023-2025 pour booster ses taux d'immigration, le Canada tente d'attirer davantage d'immigrants de la région indo-pacifique. La plupart des immigrants les plus récents sont originaires de trois pays de cette zone : l'Inde, la Chine et les Philippines. Le Canada s'engage à investir, au cours des cinq prochaines années, 75 millions de dollars supplémentaires dans le commerce, le traitement des visas et les échanges éducatifs avec la région indo-pacifique.

Pourquoi la région indo-pacifique est-elle si importante pour le Canada ?

La région indo-pacifique est une vaste zone géopolitique qui englobe les pays bordant l'océan Indien et l'océan Pacifique. Elle comprend de nombreux pays d'Asie, d'Afrique de l'Est, du Moyen-Orient et d'Océanie, bien qu'on ait tendance à mettre davantage l'accent sur l'Asie et l'Océanie dans leur définition de la région. La nouvelle stratégie du Canada semble également en faire de même. Les principaux pays de cette région indo-pacifique plus étroite sont l'Inde, la Chine, la Corée du Sud, l'Indonésie, la Thaïlande, Singapour, la Malaisie, les Philippines, Taïwan et le Vietnam.

La stratégie du Canada pour booster l'immigration vise 465 000 nouveaux immigrants en 2023, 485 000 en 2024 et 500 000 en 2025. Cet objectif devrait rester le même ou être revu à la hausse après 2025. Ce grand nombre d'immigrants qualifiés est crucial pour résoudre la pénurie de main-d'œuvre dans le pays. De quels pays ces immigrants proviennent-ils principalement ? Dans un communiqué émis le 30 novembre, les autorités canadiennes chargées de l'immigration indiquent qu'en 2021, 44 % de tous les nouveaux immigrants provenaient de l'Inde, de la Chine et des Philippines. Ajoutés à cela, 65 % des étudiants étrangers au Canada proviennent de la région indo-pacifique.

Ces pays, en particulier l'Inde, la Chine et les Philippines, comptent d'importantes populations de jeunes gens âgés de 20 à 30 ans, ayant fait des études universitaires ou qui sont qualifiés. L'âge médian au Canada en 2021 était de 42 ans, alors qu'il était de 29 ans en Inde et de 26 ans aux Philippines. La Chine a une population plus vieillissante, mais la taille même de cette population (près de 1,5 milliard) fait qu'elle dispose d'un énorme réservoir de travailleurs qualifiés de la classe moyenne, environ 700 millions.

Ces populations représentent un formidable réservoir de capital humain pour l'économie canadienne. Ils sont souvent formés dans des domaines essentiels à l'économie canadienne. Les Philippines fournissent, par exemple, de nombreuses infirmières diplômées à divers pays. Le gouvernement provincial de l'Alberta, par ailleurs, a récemment signé un accord avec les Philippines pour créer une voie d'immigration pour ses infirmières.

D'autres facteurs jouent en faveur de l'immigration indo-pacifique au Canada, notamment, les restrictions sanitaires en Chine ont fait monter en flèche les taux d'émigration. Comme le rapporte Global News, l'immigration chinoise au Canada est en hausse de 15 % entre la période de juillet à septembre 2022 par rapport à la même période en 2019, soit avant la pandémie. 9 925 résidents permanents originaires de Chine ont été accueillis au cours de ces trois mois de 2022.

En quoi consiste la nouvelle stratégie indo-pacifique ?

Comme nous l'avons vu plus haut, la région indo-pacifique est la principale source d'immigrants qualifiés pour le Canada. C'est pourquoi le 27 novembre, le ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Sean Fraser, a dévoilé la nouvelle stratégie indo-pacifique. Cette stratégie prévoit un investissement de près de 75 millions de dollars canadiens dans les processus de visa, les options en matière d'enseignement, ainsi que les relations commerciales avec les pays de la région.

Le gouvernement investira davantage dans les services de traitement des visas dans les villes asiatiques suivantes : Delhi et Chandigarh en Inde, Islamabad au Pakistan et Manille aux Philippines. Le ministère indien des Affaires étrangères a récemment rencontré des représentants consulaires canadiens pour discuter de l'arriéré de visas qui affecte le système d'immigration canadien. La stratégie indo-pacifique apporte ainsi une solution concrète à ce problème.

En Inde, outre la capitale Delhi, pourquoi Chandigarh, qui se trouve dans l'État du Pendjab, est particulièrement ciblée. La raison est simple : il y a près d'un million de Pendjabis au Canada, et ils constituent environ 2,5 % de la population canadienne, selon le recensement de 2021. Il est donc logique d'augmenter et d'accélérer le traitement des permis de résidence permanente dans ce point chaud de l'immigration.

Le quotidien « Indian Express » rapporte que les Pendjabis se réjouissaient de l'ajout de 16 nouvelles professions à la liste des emplois admissibles sous l'entrée express, l'Express Entry. Gurpreet Singh, consultant au Pendjab, a déclaré au journal qu'il y avait dans son État de nombreux professionnels de la santé, des transports et de la construction qui ne pouvaient pas se permettre d'émigrer au Canada en raison des études supérieures, mais qui étaient impatients d'y entrer par la voie de l'entrée express. Un enseignant, Nishant Kumar, a déclaré que des milliers d'enseignants qui sont actuellement au chômage au Pendjab y sont également admissibles.

La nouvelle stratégie du Pacifique ne se limite pas aux visas de travail - elle prévoit également d'accroître les possibilités d'éducation, car les étudiants internationaux qui choisissent de rester au Canada après avoir obtenu leur diplôme constituent également une source importante de main-d'œuvre. Un financement accru sera alloué au programme de bourses d'études et d'échanges éducatifs pour le développement sous le programme Canada-Asean Scolarships and Educational Exchanges for Development (SEED). Ces programmes offrent un financement pouvant aller jusqu'à un an aux étudiants de premier cycle, aux diplômés et aux chercheurs des pays de l'Asie du Sud-est dans les établissements canadiens.