Pourquoi certaines destinations ont-elles perdu leur popularité ?
Hong Kong, Singapour, Londres, Shanghai et certains pays du Golfe comme le Koweït, Oman et l'Arabie saoudite sont tous des endroits dotés d'une longue tradition d'accueil envers les expatriés. Cependant, depuis quelques années, ils sont de moins en moins attrayants et sont vus déserter par les travailleurs étrangers. La hausse vertigineuse du coût de la vie en est la cause principale. À Hong Kong, et dans une moindre mesure à Londres, l'instabilité politique est également un facteur important. Et dans les pays du Golfe susmentionnés, la nationalisation économique (où la priorité est donnée à l'embauche de locaux) rend la vie difficile aux expatriés. Des mesures sanitaires strictes et le contrôle aux frontières en Chine incitent également les expatriés à quitter Shanghai.
De nombreux expatriés abandonnant ces pays déménagent vers de nouvelles destinations plus attractives. Ils sont à la recherche d'un coût de la vie plus abordable, de l'absence de restrictions sanitaires étouffantes et de bonnes liaisons aériennes, sans compter une culture locale dynamique et accueillante envers les nouveaux venus.
Quel est l'attrait des destinations émergentes pour les expatriés ?
Kuala Lumpur, Malaisie
La Malaisie a longtemps été la voisine négligée de Singapour, plus riche et plus glamour. Cependant, les expatriés aux prises avec le coût de la vie à Singapour découvrent que la Malaisie a des logements moins chers, un grand mélange de cultures et de cuisines (malaise, indienne, chinoise, moyen-orientale, indonésienne, entre autres), un système de santé robuste et abordable, et une population anglophone amicale.
Le pays propose un permis de séjour de 10 ans pour les expatriés hautement qualifiés, le « Residence Pass-Talent » (RPA). Une récente étude révèle que Kuala Lumpur était la ville la plus prisée par les d'expatriés en 2021, avec près de 80 % satisfaction par rapport au coût de la vie. Le loyer pour les appartements à Kuala Lumpur, KL pour les habitués, varie entre 443 et 764 dollars américains par mois (International Citizens), tandis que les appartements les moins chers coûtent environ 700 dollars américains par mois à Singapour (Yahoo Finance). Le pays est aussi bien classé pour l'équilibre entre vie privée - vie professionnelle : il a une culture professionnelle qui n'est pas mouvementée.
Comme la Malaisie dispose d'une industrie pétrolière et gazière, les factures d'énergie y sont également inférieures à la moyenne mondiale. Le pays dispose aussi de beaucoup de produits locaux, ce qui rend les prix abordables à l'épicerie. En outre, la Malaisie possède un excellent système de santé qui est abordable pour ceux qui ont souscrit une assurance santé internationale. D'autre part, il est très facile de s'y faire des amis, selon un bon nombre d'expatriés qui vivent sur place. La nourriture bon marché et délicieuse de la Malaisie ainsi que les nombreux parcs tropicaux luxuriants et stations balnéaires contribuent certainement à une bonne vie sociale.
Même si certains expatriés se plaignent de la connexion Internet moyenne ou inférieure à la moyenne mondiale, de la propreté et la sécurité, de l'instabilité politique, des transports et des possibilités de promotion, ceux-ci ne représentent pas un frein à l'expatriation en Malaisie. Les trois grands avantages, à savoir, les prix abordables, l'excellent équilibre vie privée - vie professionnelle et une culture accueillante, sont des atouts non négligeables.
Lisbonne, Portugal
Le Portugal est connu pour avoir l'un des coûts de la vie les plus faibles de toute l'Europe occidentale. De nombreuses politiques pro-expatriés tels que le Golden Visa (résidence permanente par le biais d'investissements immobiliers), le visa D7 pour les étrangers qui vivent de revenus passifs de l'étranger (par exemple, les retraités) ou pour les travailleurs indépendants (qui répondent à une exigence de revenu minimum), ainsi que des programmes visant à attirer les expatriés dans les régions sous-peuplées ont été adoptés ces dernières années. C'est actuellement la destination la plus populaire pour les expatriés en Europe.
De nombreux Américains qui ne peuvent pas se permettre de faire l'acquisition une propriété aux États-Unis choisissent de déménager au Portugal et de réaliser leur rêve d'être propriétaires. La location est également plus abordable. Allison Baxley, une expatriée américaine, a déclaré à Bloomberg, que la maison côtière qu'elle loue près de Lisbonne, qui dispose de trois chambres et d'une piscine, coûte près de 50 % de moins que son ancien appartement beaucoup plus petit à New York. Elle avait l'habitude de dépenser environ 4 000 dollars américains sur le loyer mais ne débourse plus que la moitié désormais.
De nombreux expatriés choisissent la capitale Lisbonne pour son architecture historique pittoresque, son climat chaud, son riche paysage culturel rempli de musées et de théâtres, et sa vie nocturne animée. Beaucoup optent également pour Cascais et Lagos, deux villes côtières très proches de Lisbonne. Comme Kuala Lumpur, Lisbonne a une culture de travail détendue qui facilite l'équilibre entre vie professionnelle et privée.
Dubaï, Émirats arabes unis
Contrairement à Kuala Lumpur et Lisbonne, Dubaï n'est pas bon marché. Cependant, l'émirat présente de nombreux points attrayants pour les expatriés qui sont en mesure de se permettre son coût de la vie. Tout d'abord, il s'est engagé à ouvrir les frontières et à ne pas imposer de mesures de confinement strictes pendant la pandémie de Covid-19. Deuxièmement, c'est une destination idéale pour les professionnels de la finance, en particulier ceux qui s'intéressent à la Fintech et la cryptomonnaie. Troisièmement, l'impôt sur le revenu y est inexistant.
Un appartement d'une chambre à Dubaï coûte en moyenne 1400 dollars américains par mois. L'achat d'une propriété à Dubaï n'est abordable que pour les ultra-riches. Mais avec un emploi bien rémunéré, un expatrié peut avoir une vie très convenable à Dubaï. Le prince héritier a annoncé une « stratégie de métaverse » visant à créer 400 000 nouveaux emplois dans la Fintech. Dubaï est également l'un des premiers pays où les échanges de cryptomonnaie ont obtenu des licences d'exploitation. C'est donc une excellente destination pour les professionnels de la finance qui perçoivent des salaires élevés.
L'une des raisons pour lesquelles les professionnels de la finance ont quitté Hong Kong était la difficulté de se déplacer pour affaires pendant le confinement draconien. Dubaï a offert un sentiment de sécurité aux jet-setteurs en restant ouvert pendant la majeure partie de la pandémie. Comme d'autres pays du Golfe, Dubaï est également en cours de nationalisation économique (appelée « émiratisation »), ce qui rend maintenant plus difficile d'y trouver un emploi. Mais cette nationalisation est moins généralisée que dans d'autres pays comme Oman. Un deuxième inconvénient de la vie à Dubaï est le temps extrêmement chaud, bien que la plupart des espaces soient pourvus de climatisation.
Bangalore, Inde
Également connue sous le nom officiel de Bengaluru, cette ville du sud de l'Inde est un centre technologique en plein essor. Elle a même été surnommée la « Silicon Valley de l'Inde ». Tout comme Dubaï est une destination idéale pour les professionnels de la finance, Bangalore est une destination idéale pour les expatriés qui travaillent dans le secteur des technologies ou qui sont entrepreneurs.
Bangalore figure parmi les dix premières villes à attirer des investissements de capital-risque, selon Dealroom. Entre 2016 et 2020, elle a attiré 23,5 milliards de dollars américains d'investissements, soit plus que Singapour ou Los Angeles. Les professionnels de la tech, désenchantés par le coût élevé de la vie et le manque de sécurité dans la Silicon Valley ont souvent choisi de s'installer à Bangalore.
La roupie indienne étant plus faible que la plupart des monnaies du monde, le coût de la vie à Bangalore est très abordable. Un appartement de trois chambres dans le centre-ville coûte seulement environ 450 dollars américains (environ 35 000 roupies) par mois. La baisse du coût de la main-d'œuvre permet également d'embaucher une femme de ménage à temps plein pour seulement 200 dollars américains et un chauffeur à temps plein pour 300 dollars américains par mois, dit Kristen Dias, un expatrié australien, sur Travel Off Path.
Bangalore dispose d'infrastructures médiocres (routes mal entretenues, bâtiments de faible hauteur, entre autres), mais ses rues sont beaucoup plus sûres que celles dans la majeure partie de l'Inde, en particulier pour les femmes. Le taux de criminalité est relativement faible, et l'industrie technologique florissante a également donné naissance à de nombreux cafés, bars, librairies et lieux d'art branchés. La plupart des habitants de Bangalore peuvent également communiquer en anglais, en particulier chez les cadres moyens et les hauts cadres.
Mexico City, Mexique
Mexico est également en train de devenir un hub mondial pour les start-ups. Unicornio, un bulletin sur les start-ups latino-américaines, a publié une liste des 28 meilleures entreprises technologiques mexicaines pour lesquelles travailler en 2021. Il s'agit notamment de start-ups bancaires numériques, de plateformes de livraison d'épicerie, des sociétés immobilières, de plateformes de gestion des relations client basées sur l'intelligence artificielle et de transitaires numériques. Cela met en évidence la variété des start-ups florissantes de la ville.
En tant que plus ancienne capitale des Amériques, Mexico City est aussi vaste que New York et est historiquement et culturellement riche. Elle compte de nombreux musées, de sites archéologiques et de théâtres. Le site du secrétariat au Tourisme répertorie tous les sites d'intérêt dans la mégapole. Il est facile de trouver des événements sportifs (en particulier pour le football), des lieux de street food animés, des bars et des boîtes de nuit branchés, et des lieux urbains pittoresques pour admirer le coucher du soleil.
Le coût de la vie est également très abordable à Mexico City. Le loyer pour un appartement d'une chambre à l'extérieur du centre-ville coûtera environ 300 $US par mois. Au centre-ville, il coûtera environ 500 $US. Se rendre au restaurant coûte en moyenne 6 $US. Les services publics devraient coûter environ 45 dollars américains par mois.
Les inconvénients à Mexico City s'avèrent toutefois être le faible niveau d'anglais parmi les habitants, ainsi que d'un manque de sécurité, en particulier pour les femmes. Il est recommandé d'apprendre l'espagnol avant de s'y installer. Les expatriés doivent également être vigilants lorsqu'ils prennent un taxi seul, font un retrait à un guichet automatique bancaire, lorsqu'ils choisissent des zones où se promener, entre autres. Polanco, le quartier haut de gamme des expatriés, est considéré comme sûr.
Rio de Janeiro, Brésil
La célèbre ville côtière brésilienne est également une destination de choix pour les expatriés en Amérique latine. Son port et son aéroport international en font un centre commercial majeur. Il existe de nombreux emplois pour les expatriés dans le transport maritime et la logistique, l'enseignement de l'anglais langue seconde, les médias et les communications, l'industrie pharmaceutique, le textile et le pétrole.
L'équilibre entre vie privée - vie professionnelle est favorisé par la culture de plage détendue ainsi que le climat chaud et ensoleillé toute l'année. Carla Vianna, expatriée américaine à Rio de Janeiro, écrit dans le Washington Post que son équilibre vie privée - vie professionnelle s'est beaucoup amélioré depuis qu'elle a quitté New York. Elle a maintenant beaucoup plus de temps à consacrer à des activités de plein air (dans les « montagnes verdoyantes » et à la plage), aux bars et des clubs, et à ses amis.
Le gouvernement local et l'Office du tourisme ont créé un programme de nomadisme numérique pour stimuler l'économie après la Covid-19. Ce visa, qui est valide pour un an, peut être prolongé pour une deuxième année. En juillet 2021, la mairie a lancé un programme qui offre des tarifs réduits aux nomades numériques qui réservent de longs séjours dans des hôtels certifiés, rapporte CGTN America. Des espaces de co-working ont également rejoint ce programme. Coworking Town Praia de Copacabana a une vue imprenable sur la mer, tandis que EDX Coworking Rio de Janeiro - Centro est un excellent endroit dans le centre-ville.
Jack Roaming, le site du nomade numérique luxembourgeois Jack Krier, affirme que si le coût de la vie est loin d'être bas à Rio de Janeiro, il est encore abordable par rapport aux villes occidentales. Il estime qu'un expatrié a besoin d'environ 1 500 $US par mois. Il faut entre 500 à 900 $US pour le loyer, et environ 300 $US pour les courses. Les inconvénients de la vie à Rio sont les inégalités économiques rampantes et l'instabilité politique (causées par un gouvernement d'extrême droite au pouvoir). Il est également recommandé d'avoir quelques notions de portugais avant de s'y installer.
