En mai 2022, le pays comptait un record de 480 100 postes vacants, selon les données saisonnières du Bureau australien des statistiques. Ce chiffre représente plus du double du nombre enregistré au début de la pandémie de coronavirus et, ainsi, une hausse de 14% au cours des trois mois précédant mai. La hausse du taux de postes vacants surprend puisque le taux de chômage en Australie est en baisse. En effet, le taux de chômage est actuellement à son niveau le plus bas en 48 ans. Selon l'ABS, le ratio des personnes à la recherche d'un emploi est équivalent au nombre d'emplois disponibles : 1:1.
Fin juillet, le directeur général de la Chambre de commerce du Northern Territory, Greg Ireland, a indiqué que ce territoire à lui seul nécessite environ 3 000 travailleurs supplémentaires pour atténuer la pression grandissante. Entretemps, de nombreuses entreprises ont été contraintes de mettre la clef sous le paillasson en raison de la pénurie de main-d'œuvre. Certaines entreprises ont même essayé d'offrir des billets d'avion gratuits, la prise en charge du logement ou encore des repas gratuits pour attirer des travailleurs étrangers, mais en vain. Greg Ireland estime que la pandémie a eu un impact considérable sur le flux de routards et d'expatriés qui venaient dans la région pour travailler temporairement. Une situation qui représente un sérieux inconvénient pour le Northern Territory depuis un certain temps.
Quels sont les secteurs les plus affectés par les pénuries de main-d'œuvre ?
Andrew McKellar, directeur général de la Chambre de commerce et d'industrie australienne, précise que la pénurie de main-d'œuvre concerne pratiquement toutes les entreprises de tous les secteurs et de tous les États et territoires australiens. Le nombre de postes vacants a augmenté dans toutes les industries depuis le début de la pandémie, mais encore plus dans certains secteurs tels que les arts et les loisirs, l'hébergement et la restauration, et la location. Au cours des trois mois précédant mai 2022, une hausse de 38% a été enregistrée dans le nombre de postes vacants dans le commerce de détail. Dans les secteurs des médias d'information et des télécommunications, la hausse a été de 18 % et de 16% dans le domaine des arts et des loisirs. Cela, sans compter le nombre encore plus élevé de postes vacants dans les secteurs clés comme la santé, les services finances et la construction.
Le secteur éducatif a également été touché par la pénurie de main-d'œuvre et ce depuis le début de la pandémie. Pour répondre à cette pénurie dans les écoles, les autorités de la Nouvelle-Galles du Sud envisagent d'avoir recours aux enseignants temporaires et mobiles qui sont déjà présents à travers le pays. Il n'empêche que cette décision ne fait pas l'unanimité, d'autres territoires précisant qu'ils font également face à une pénurie d'enseignants.
Quels sont les changements envisagés par le gouvernement australien ?
Le porte-parole du ministère fédéral de l'Éducation, des Compétences et de l'Emploi soutient que le gouvernement travailliste a pris un certain nombre d'initiatives pour lutter contre la crise de l'emploi. Par exemple, le gouvernement australien garantit de fournir 465 000 places TAFE gratuitement aux étudiants qui étudient dans les zones faisant face à des pénuries de compétences. De plus, 20 000 sièges supplémentaires seront alloués aux étudiants pour les années universitaires 2022 et 2023, y compris pour les étrangers. Tous ces changements aux niveaux fédéral et régional devraient profiter aux expatriés qui sont déjà sur place ainsi qu'à ceux qui souhaitent partir en Australie. D'autre part, le gouvernement australien s'est engagé à garantir de meilleurs salaires pour les travailleurs, à réduire l'écart des salaires entre les femmes et les hommes, à rétablir la sécurité au travail, à exercer un meilleur contrôle sur les vols de salaires et à assurer une rémunération équitable pour les différents types d'emplois.
Le 1er juillet 2022, des changements sont ainsi entrés en vigueur dans certaines catégories de visas pour l'Australie. Même si tout cela semble très positif, il convient de noter que les frais de demande de visa augmenteront de 3 %. D'un autre côté, il y a la suppression de certaines exigences majeures pour les visas temporaires de diplômés, des modifications du programme de préparation à l'emploi et une augmentation du nombre de sièges de migrants qualifiés et de chances pour les étudiants étrangers.
Voici quelques exemples de politiques adoptées pour encourager les étrangers à s'installer en Australie : les demandes de visa de la sous-classe 485 dans le cadre de la filière de travail des diplômés ne nécessiteront plus la nomination d'un métier qualifié et l'obtention d'une évaluation ; le Job Ready Program (JRP) passera de quatre à trois étapes; les titulaires de visas temporaires pour diplômés qui ont perdu du temps en raison des restrictions de voyage liées au COVID-19 peuvent demander un visa de remplacement : les nouveaux candidats de troisième cycle obtiendront trois ans et les candidats diplômés obtiendront un visa de remplacement d'une durée de deux ans.
