Hong Kong : des expatriés évoquent des conditions de vie inhumaines

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Publié le 2022-04-19 à 12:00 par Sophie Hoy
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, Hong Kong a mis en place des restrictions aux frontières, imposant, par exemple, des quarantaines strictes de trois semaines à l'arrivée dans des centres de quarantaine géants ou encore des hôtels réquisitionnés par les autorités. Quant aux résidents déjà sur place, ils sont confrontés à des conditions d'isolement encore durcies, depuis qu'une cinquième vague terrasse littéralement la ville. 10% des Européens auraient déjà quitté Hong Kong en février dernier, selon le représentant de l'UE Thomas Gnocchi, et ce chiffre n'a cessé d'augmenter depuis.

Si le Canada figure parmi les destinations préférées des expatriés quittant Hong Kong, beaucoup se tournent simplement vers leur pays d'origine, non pas pour des séjours temporaires, mais plutôt pour des départs définitifs. Mais que s'y passe-t-il vraiment, pour qu'un tel exode soit en marche ?

Des mesures qui poussent les gens à quitter Hong Kong

La principale raison de ces départs est la conséquence des mesures zéro Covid mises en place. Hong Kong opère des mesures de distanciation sociale parmi les plus strictes au monde. Une femme raconte ainsi que sa mère malade, âgée de 93 ans, a été isolée pendant trois semaines sans pouvoir prendre une douche ni recevoir de visite. « Ces conditions sont inhumaines  », confie-t-elle. 

Interdiction de rassemblements de plus de deux personnes dans les lieux publics, fermeture des bars et restaurants à 18 heures, enseignement à distance pour les écoles, fermeture de lignes aériennes pour 14 jours si 3 cas de contamination ou plus étaient détectés, dépistage massif de la population engendrant la clôture de quartiers entiers… Tout cela a entraîné la grogne puis la panique et la fuite. Et pour cause : lors des fermetures de zones entières ou de tests positifs à la Covid-19, des confinements immédiats séparaient des parents de leurs enfants, par exemple, ce qui a poussé certains à fuir afin de protéger leur famille de telles mesures inconcevables pour eux.

Des départs précipités ou planifiés

Mathilde, qui vit depuis 8 ans à Hong Kong, a témoigné à l'AFP. Pour elle, le départ a été précipité : « On s'en va et on reviendra vider notre maison quand ça sera possible. On veut sortir nos enfants d'ici surtout. Après, on verra. Tous nos amis proches partent ».

Quant à Stéphane, qui habite la ville depuis 7 ans, il explique qu'il a « préféré rentrer en France pour attendre que la situation s'améliore. Nous sommes partis avec quelques valises et nous avons laissé notre appartement en espérant pouvoir revenir d'ici à l'été. » 

Antoine, un autre expat, n'est pas à Hong Kong, mais il partage le même avis. Venu il y a 3 mois seulement en Chine, il ne compte pas rester et subit la situation, pour le moment : « J'ai passé un mois à prendre ma décision pour venir. Ce n'est pas le travail, le projet ou l'expatriation en elle-même qui me faisaient peur, mais concrètement les conditions liées à la crise sanitaire. Et j'avais totalement raison de m'inquiéter à ce sujet car c'est clairement ce que je vis aujourd'hui ! C'est pourquoi (et aussi à cause d'autres critères) j'envisage de repartir dès mon projet terminé. » Une triste expérience d'expatriation pour Antoine.

Lucie avait déjà passé 10 ans sur place mais elle a fait le choix de partir elle aussi : « L'énergie de Hongkong a disparu et le gouvernement nous impose des mesures tellement radicales que j'ai peur de me retrouver enfermée dans un centre de quarantaine. Je n'aurais jamais pu imaginer qu'une telle chose arrive. »

Certains témoignages relayés par les médias internationaux montrent des expats partant avec quelques biens seulement, laissant tout derrière eux pour mieux revenir… Mais aussi laissant leurs biens à d'autres, pour partir plus vite, ou pour des raisons économiques.

Des retours coûteux pour ceux qui repartent

Les frais de déménagement sont devenus astronomiques : ils ont été multipliés par quatre en moins d'un an. Et pourtant, les réservations de containers ont elles aussi quadruplé par rapport à la même période en 2021, ce qui engendre des temps d'attente au départ et une attente pour récupérer ses biens qui peut durer des mois à l'arrivée.

Il semblerait qu'on assiste à une véritable bataille pour obtenir des billets et pour avoir des containers.

Départs massifs : quel impact sur l'économie hongkongaise ?

Malgré des vols plus rares, des annulations et reports à cause des restrictions liées aux contaminations, on dénombrait début mars plus de 3 000 départs quotidiens de Hong Kong contre 500 arrivées. Un article du JDD évoque l'exode des multinationales au-delà des départs individuels : « Au total, un quart des entreprises étrangères envisagent de quitter Hongkong et 40 % des expatriés sondés par les différentes chambres de commerce souhaitent partir ». Ces chiffres inédits inquiètent les économistes et entrepreneurs mais les autorités se veulent rassurantes, indiquant que le pays regorge encore de compétences locales et étrangères.

En effet, si certains ont décidé de fuir, nombreux sont ceux qui pensent que les mesures mises en place sont sécurisantes, même si elles sont contraignantes. Ceux-là ont décidé de vivre avec, et attendent que l'orage passe, tout simplement.

(Voir aussi : Quel est l'impact de la politique zéro Covid sur les expatriés en Chine)

Qui a raison ? Il est difficile d'en juger. On ne peut que leur souhaiter à tous de trouver la meilleure réponse à leur situation et de s'armer de courage pour le choix qu'ils feront.