COVID-19 oblige, le gouvernement prend la décision de fermer les écoles et les universités; 75% des étudiants sont en télétravail pendant presque 1 an. Alors que les cours sont aujourd'hui en présentiel, pour certains désireux de faire un stage à l'étranger, ils se retrouvent une nouvelle fois en distanciel. Mais voilà, les avantages de faire un stage à l'étranger, pourtant si important lors d'un parcours scolaire, sont quasiment inexistants. Je suis bien placée pour vous le dire… Au lieu de me retrouver en plein cœur d'une rédaction pour mon stage de deuxième année, je vous écris depuis ma chambre d'étudiant.
Le développement de nouvelles connaissances limité
Le premier avantage à effectuer un stage à l'étranger est de pouvoir pratiquer une langue étrangère. Plonger au sein même d'une entreprise locale permet de booster nos capacités linguistiques. Mais quand on travaille depuis chez soi, on se plonge dans le dynamisme de l'entreprise uniquement lors d'une réunion ou d'un briefing et le reste du temps nous sommes seuls face à notre travail. Difficile d'être bilingue à la fin de la période de stage. Dans beaucoup de pays ce sera l'anglais mais pas toujours ! Si vous choisissez l'Amérique latine ce sera l'espagnol, par exemple. À l'île Maurice, la majorité de la population est bilingue. Même si la langue officielle est l'anglais, les Mauriciens parlent couramment le français et le créole mauricien. Certains parleront même l'hindi, le tamoul, l'arabe et le mandarin. C'est peut-être une raison évidente mais il faut tout de même rappeler que savoir parler une ou des langues étrangères est un critère très regardé par les recruteurs. Alors que l'île et l'entreprise m'offrent de nombreuses occasions de parler et de découvrir plusieurs langues, le manque d'interaction sociale ne me permet pas d'acquérir cette compétence.
C'est d'ailleurs ce même facteur qui peut être un véritable frein quant à la réussite d'une expérience professionnelle. Une situation qui fait aussi beaucoup souffrir Pauline, ma camarade de classe, qui se retrouve en télétravail car le gouvernement des Pays-Bas a instauré un nouveau confinement. « Je suis arrivée en deuxième année par le programme passerelle. Ce stage était donc pour moi l'occasion d'avoir un avant-goût du métier et de me faire une vraie première expérience dans le métier. Mais ce n'est finalement pas le cas car je ne suis pas immergé dans le cadre du travail d'un journaliste lambda. Il m'est difficile de m'intégrer et de créer des liens avec mes collègues puisque je leur parle très peu au quotidien ». Alors qu'un stage à l'étranger permet de rencontrer beaucoup de personnes exerçant dans le même domaine que nous, le cadre particulier du télétravail réduit les rencontres et donc le réseautage professionnel pourtant indispensable mais aussi la possibilité de recevoir beaucoup de conseils essentiels au développement d'une carrière. Par exemple, l'année dernière lors d'un stage à la télévision Guadeloupéenne, un journaliste m'a pris sous son aile et m'a énormément aidé sur la manière d'aborder les interviews. Des conseils précieux que je n'oublierai pas. En télétravail, les conseils restent théoriques, presque abstraits. Nous ne sommes pas sur le terrain, dans le feu de l'action. Pas de conseils pratiques.
Une concentration approximative
Effectuer un stage à l'étranger est peut-être le meilleur moyen pour en apprendre plus sur nous-même. En effet, être en immersion dans un pays qui n'est pas le nôtre, loin de notre famille et de nos amis et, nous sommes confrontés à une nouvelle culture. Ainsi, nos habitudes changent, notre manière de penser et de voir le monde aussi. Ce changement permet aussi d'avoir une idée plus précise de qui nous sommes, de ce que nous voulons et de, bien sûr, de comment nous vendre auprès des employeurs. Inutile de préciser que lorsqu'on est en télétravail, le challenge est quasiment inexistant. Face à ce manque de challenge, souvent la concentration s'éparpille. Mes camarades sont aussi dans cette situation: « Je n'ai pas l'impression d'avancer dans mon travail », me confie Pauline. De plus, le cadre dans lequel elle exerce le télétravail n'est pas propice à une concentration assidue : « Je suis en colocation et parfois mes colocataires ne se rendent pas compte du bruit qu'ils font. Une fois en pleine réunion, ils faisaient tellement de bruit que j'ai dû intervenir. J'ai alors manqué une partie de la réunion. » Maeva et Jordan sont souvent distraits : « Je suis moins organisée que quand je suis dans un espace de travail. Je pousse souvent mes tâches en me disant que je le ferai plus tard ; un rien peut me dévier de mon travail. Ma télévision, par exemple, qui est juste à côté de mon bureau m'appelle à jouer à la console et parfois je cède. » Face à son travail, sans aide autour de nous, on peut vite être déstabilisé et se décourager. Il m'est arrivé une expérience similaire il y a quelques jours. Alors que je devais écrire ce même article que vous lisez, je tourne en rond sans réellement savoir par où commencer. Je me perds sur le web en effectuant mes recherches. De fil en aiguille, je passe un peu moins de 40 minutes à lire les péripéties du divorce de Kim K. et Kanye West. Ça n'a bien évidemment rien à voir avec les stages à l'étranger en télétravail et je prends alors beaucoup de retard.
D'autres se réjouissent du stage en distanciel car il est vrai qu'il permet une plus grande flexibilité pour ceux qui n'ont pas les moyens de se déplacer. Ils permettent de même de collaborer avec des entreprises partout dans le monde. D'autant plus que les stages à l'étranger ne sont souvent pas payés ou/et les frais sont des coûts conséquents. Mais pour profiter pleinement des avantages qu'offre un stage, il faudrait faciliter l'inclusion et l'intégration de tout à chacun.
