Immigration professionnelle au Canada : l'impact des nouveaux critères sur les expats

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Publié le 2021-12-15 à 07:16 par Ester Rodrigues
Destination de premier choix pour les expatriés, le Canada peut se targuer de sa stabilité économique et politique, couplée à une très bonne qualité de vie. Sur le plan du développement humain, le pays se classait 16 sur 189 en 2019. Cependant, il y a de fortes chances que la Classification nationale des professions (CNP) ait un impact sur les projets de nombreux expatriés. Les changements devraient prendre effet d'ici l'automne 2022.

Ces changements devraient avoir un impact considérable sur de nombreux travailleurs temporaires au Canada. Il est bon de savoir que la CNP est révisée chaque année et mise à jour tous les cinq ans afin de refléter l'évolution du marché du travail canadien et de répondre à ses besoins. En revanche, les changements majeurs n'interviennent qu'après chaque décennie. Ainsi, la dernière mise à jour de cette publication remonte à 2011. Les nouvelles données ont été publiées par Statistique Canada en septembre dernier.

La CNP est un outil qui permet aux autorités provinciales de gérer tous les programmes d'immigration professionnelle, y compris les programmes temporaires. Tous les travailleurs étrangers doivent donc répondre aux critères d'éligibilité établis par la CNP, dépendant du programme auquel ils postulent. Il est donc impératif que toute personne qui souhaite s'expatrier au Canada soit au courant de ces changements.

Les nouveaux critères d'immigration de travail 

La CNP 2021 devrait entrer en vigueur dès l'automne 2022 afin d'assurer la cohérence au niveau du processus de mise en œuvre par toutes les autorités concernées. Selon les critères actuels, notamment la CNP 2016, les travailleurs immigrants au Canada sont sélectionnés sur la base de leurs niveaux de compétences. Celles-ci sont divisées en quatre catégories : A, B, C et D ou (groupes majeurs, mineurs et de base, respectivement). Ces catégories dépendent de deux attributs principaux : « catégorie professionnelle » et le « niveau de compétence ». Elles sont définies selon le type de travail effectué et en fonction du domaine d'études et de l'industrie, par exemple, les professions de la santé ou les professions de la vente et des services. La catégorisation « Niveau de compétence » est principalement définie par le niveau et le type d'éducation et de formation généralement requis pour exercer une profession spécifique. Elle tient également compte du niveau d'expérience, de la complexité du poste et des responsabilités.

L'approche actuelle pour la catégorisation des emplois en fonction du type de compétence sera désormais remplacée par une nouvelle formule. Le nouveau système met en valeur le niveau de formation, d'éducation, d'expérience et de responsabilités (TEER). Sachez que la catégorie TEER est basée sur un système de pointage allant de 0 à 5.

Qu'est-ce qui justifie ces changements ?

Tout simplement le fait que la définition des professions en fonction des « niveaux de compétence » prêtait à confusion. L'ancienne CNP se concentrait sur la profession et non sur les compétences. L'introduction du système TEER changera l'orientation vers l'éducation et l'expérience requises pour travailler dans un domaine. Statistique Canada souligne, d'autre part, que la CNP 2016 avait entraîné une polarisation, soit une catégorisation des emplois peu ou hautement qualifiés. Cette refonte, qui prendra effet l'année prochaine, est une tentative de renverser cette tendance et d'investir dans l'acquisition plus précise des compétences requises dans chaque domaine de profession.

À quoi les expatriés doivent-ils s'attendre ?

Le nouveau système TEER compte 516 métiers au lieu de 500 comme c'était le cas dans la CNP 2016. Comme vous l'avez sans doute constaté, de nouveaux métiers ont été créés, principalement dans le secteur technologique : science des données, cybersécurité, informatique, etc.

D'ici l'automne 2022, lorsque la CNP 2021 sera mise en œuvre, les professionnels étrangers souhaitant travailler au Canada devront s'assurer que leur catégorie CNP correspond aux critères d'admissibilité établis par le programme auquel ils postulent, ainsi qu'à leur expérience et leurs études. Par exemple, si avant les expatriés cherchaient d'abord un domaine d'intérêt majeur, ils devront désormais répondre aux catégories TEER en fonction de leurs compétences.

Dans la CNP 2016, le niveau de compétence A, par exemple, exigeait un diplôme universitaire (baccalauréat, maîtrise ou doctorat), mais d'ici l'automne 2022, plusieurs années d'expérience dans une profession spécifique en tant que policier, pompier ou en santé connexe seront également considérées.

Selon Statistique Canada, le groupe B de la dernière CNP a connu une croissance disproportionnée au fil du temps, car il comprenait des professions qui n'exigeaient pas un niveau de scolarité élevé ou beaucoup d'expérience. Pour l'année prochaine, les catégories TEER qui seront éligibles pour les programmes gérés par Entrée express ainsi que pour les demandeurs de travailleurs étrangers temporaires n'ont pas encore été clairement définies. Il n'empêche que ces programmes ainsi que d'autres programmes fédéraux et provinciaux pourraient nécessiter le critère de « hautement qualifié », généralement recherché pour les expatriés provenant de la classe économique faible.