Pourquoi Hong Kong ne séduit plus les expatriés

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Publié le 2021-05-11 à 10:00
Hong Kong fut jadis l'une des destinations plébiscitées pour l'expatriation. Mais il semble aujourd'hui que ce n'est plus le cas, compte tenu du nombre croissant de départs d'expatriés au cours des derniers mois. Qu'est-ce qui explique une telle situation ?

Il y a encore quelques années, Hong Kong était réputée non seulement pour sa modernité et la qualité de ses infrastructures, mais aussi pour l'abondance de perspectives de carrière pour les professionnels étrangers, l'attractivité de ses salaires, ainsi que le niveau de vie dont profitaient ses habitants. Il s'agissait de loin de la destination de prédilection des expatriés, y compris les Européens, les Australiens, les Néo-Zélandais et les Américains. D'ailleurs, en 2019, l'on y comptait quelque 90 000 résidents étrangers. Parmi eux, il y avait environ 25 000 Américains, mais aussi 7 500 ressortissants français, sans compter les nombreuses entreprises étrangères qui s'y sont implantées au fil des années.

Par la suite, ce fut le début d'une longue vague de protestations civiles, devenant ainsi une menace pour l'harmonie du pays et la sécurité de ses habitants. L'introduction d'une nouvelle loi sur la sécurité nationale par le gouvernement chinois suite aux protestations a plongé la communauté des expatriés dans le doute. Rester ou partir ? Force est de constater que la répression a poussé des milliers d'expatriés, ainsi que de nombreuses entreprises, à plier bagages au cours de l'année écoulée, même si les choses avaient commencé à se calmer fin 2019. Hong Kong est aujourd'hui victime de ce que l'on pourrait qualifier d'exode des expatriés, comme c'est le cas de plusieurs pays du Moyen-Orient.

D'ailleurs, selon les chiffres publiés par les services de l'immigration, le nombre de demandes de visas de travail à Hong Kong a chuté de manière significative dès le début de 2020. À octobre 2020, seuls 11 474 visas de travail avaient été délivrés aux professionnels étrangers alors qu'en 2019 pas moins de 31 293 demandes de visas avaient été acceptées.

L'impact de la crise sanitaire

Il faut reconnaître que la crise sanitaire mondiale y est également pour quelque chose. Avec plus de 11 800 cas et 210 décès, Hong Kong fait actuellement face à une 4e vague de COVID-19 après la découverte d'un nouveau variant sur son territoire. Ajoutez à cela l'obligation de quarantaine imposée à tout nouvel arrivant, ainsi qu'aux très jeunes enfants identifiés comme cas contact. Une mesure qui fait tiquer les ressortissants étrangers, mais aussi les résidents de Hong Kong qui, aujourd'hui, peinent à trouver l'intérêt d'y rester. Rappelons d'ailleurs que quelque 5 000 résidents à Hong Kong ont récemment signé une pétition pour réclamer la quarantaine à domicile pour les jeunes enfants au cas où ces derniers seraient testés positifs. Hong Kong est, en fait, l'un des pays à avoir adopté un régime de quarantaine le plus strict au monde.

Hausse du taux de chômage

La pandémie n'a pas été sans impact sur le marché du travail Hongkongais. D'ailleurs, comme indiqué plus haut, le nombre de visas de travail octroyés aux professionnels étrangers est en baisse depuis le début de 2020. Mais ce n'est pas tout ! Le taux de chômage est actuellement à son taux le plus élevé depuis 2004 ! Même s'il a chuté de 7,2% à 6,8% de janvier à avril 2021, il reste tout de même un sujet d'inquiétude. D'ailleurs, selon le département de l'Emploi, il y a des risques que la situation ne s'arrange pas au cours des prochains mois compte tenu de l'évolution de la pandémie. En février 2021, quelque 261 000 personnes étaient au chômage.

Pratiquement tous les secteurs ont été affectés par la crise, bien que le tourisme, le commerce, l'immobilier et l'alimentation soient ceux qui ont été les plus touchés. Avec les restrictions en cours au niveau international, d'autres secteurs comme l'import et l'export, les services de courrier, l'éducation, ainsi que les arts et loisirs, ont aussi enregistré un déclin considérable. Ce qui a résulté en une contraction économique de 1,2% en 2019. Une situation qui va sans doute perdurer aussi longtemps que la COVID-19 sera une menace potentielle, même si le Fonds monétaire international s'attend à une croissance de l'ordre de 3,7% pour Hong Kong en 2021 et de 3,4% additionnels d'ici 2022.

Quid de l'immobilier à Hong Kong ?

Réputé pour son standing, mais aussi pour sa cherté, le marché immobilier Hongkongais a pris un coup dur avec le départ en masse des expatriés. Selon les professionnels de l'immobilier, les prix des loyers sont actuellement à leur taux le plus bas depuis 2016. En effet, les appartements se louent actuellement à environ 5,77$ le pied carré. A Soho, l'un des quartiers les plus prisées de Hong Kong, par exemple, des appartements de deux chambres sont disponibles pour environ 3 500$ par mois comparé à 4 200$ avant la crise. Dans d'autres quartiers, y compris ceux considérés comme huppés, des baisses de l'ordre de 25% ont été enregistrées depuis la fin de 2019. Une aubaine pour les expatriés qui sont déjà sur place et qui souhaitent déménager.

Compte tenu de la baisse du nombre d'arrivées et de demandes de visas à Hong Kong, l'on s'attend à ce que les prix des loyers chutent davantage en 2021. Des experts de l'immobilier avancent d'ailleurs une baisse de 5 à 10% additionnels au cours des prochains mois. Il n'empêche que les prix de vente demeurent plus ou moins stables malgré la crise. Si une baisse des prix de l'ordre de 4% a été enregistrée en 2019, au pic de la crise sociale, ils se sont vite rattrapés en raison de la forte demande d'achat. D'autant que les projets de construction continuent d'augmenter. En 2020, 18 077 projets immobiliers de plus avaient été complets par rapport à l'année précédente. Ainsi, 13 206 biens immobiliers neufs ont été vendus pour une valeur de 18,92 milliards de dollars tandis que 40,607 biens d'occasion ont été vendus pour une valeur de 44,23 milliards de dollars.