Confinées en 2020 : des expatriées à l’île Maurice se disent reconnaissantes

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Publié le 2021-01-06 à 13:59
La crise sanitaire a été une rude épreuve pour le monde entier. A Maurice, l'annonce des premiers cas a créé une psychose comme dans d'autres pays. Cela a conduit à la ruée vers les supermarchés au début du confinement. Pour les expatriés vivant à Maurice, cette période n'a pas été de tout repos non plus. D'autant plus que pour beaucoup, des ambitions de grandes retrouvailles familiales ont été compromises.

Vivre loin de ses proches est déjà éprouvant mais attendre avec impatience de pouvoir leur rendre visite et l'incapacité de se déplacer l'est encore plus. Anne Rajoo, d'origine allemande, vit à l'île Maurice avec son époux, un Mauricien. Même si pendant le confinement, Anne n'avait aucun projet de voyage, elle avait quand même prévu de voyager en Allemagne en août 2020. Cette fois, c'est la fermeture des frontières pour une période prolongée qui a tout perturbé.

La jeune femme voulait rendre visite à ses grands-parents. « Ce qui est regrettable c'est que j'ai perdu ma grand-mère entre-temps. Elle était souffrante. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je voulais me rendre en Allemagne. Ensuite, c'est mon père qui prévoyait de venir à Maurice pour nous rendre visite mais encore une fois, ce projet a été annulé », explique Anne Rajoo.

Cette mère de deux jeunes enfants a également vite été confrontée à la pénurie alimentaire causée par la ruée vers les supermarchés. C'est principalement le lait pour bébé qui se faisait rare une fois que le confinement a été déclaré.

« Pendant un moment, j'étais vraiment stressée à l'idée de ne pas trouver le lait que prend mon bébé, sans compter le fait que nous n'avions pas accès aux produits frais. Du moins au tout début », explique cette habitante d'un village côtier situé dans le Nord de l'île.

A ce lot de stress vient s'ajouter le défi le plus dur. Celui de s'occuper de deux enfants en bas âge à la maison en assurant le suivi de la scolarité de l'aîné. Il fallait aussi travailler à distance tout en répondant aux tâches domestiques. Anne Rajoo estime néanmoins que cette épreuve a permis de resserrer les liens entre les membres de sa petite famille. « Nous en avons profité pour jouer avec les enfants et pour se retrouver », affirme-t-elle.

Pour Nisha Hassamal, une expatriée indienne dont l'époux est Mauricien, le confinement s'est passé chez les beaux-parents. Ce qui, pour elle, était une très bonne chose. « J'ai quand même eu un peu peur parce que la majorité de ce que nous consommons à Maurice est importée. Mais j'étais contente de constater que cela a poussé des prestataires à offrir des services en ligne ainsi que la livraison à domicile », soutient-elle.

Nisha Hassamal a également connu la déception de devoir annuler un voyage prévu la veille de l'annonce du confinement. « Le jour de mon départ, j'ai décidé d'attendre et de ne pas prendre l'avion. Le lendemain, le confinement a été décrété. Depuis, je n'ai pas revu mes parents et je suis triste. Mais j'aurais préféré qu'ils viennent à Maurice plutôt que de me rendre en Inde où la situation est plus dangereuse », avance Nisha Hassamal.

Depuis mai 2018, Maria et Eric Guerra vivent à Maurice. Maria est Colombienne et son époux est Allemand. Ils sont à Maurice pour le travail d'Eric Guerra. Maman d'une petite fille de 3 ans, Maria raconte que le confinement a été particulièrement dur car les deux conjoints n'ont aucune famille à Maurice. « Il a fallu accepter la situation, admettre que l'on ne pouvait pas changer les choses et qu'il fallait, en fin de compte, savoir en tirer profit. Le plus dur était de tout faire à la maison sans aucune aide. Mon mari travaillait à distance et il finissait très tard », raconte-t-elle. Maria reconnaît toutefois avoir été chanceuse de se trouver à Maurice lorsque la pandémie a éclaté. « Nous avions prévu de faire un safari en Afrique avec notre fille, pour créer des souvenirs surtout. Mais évidemment, nous avons annulé le voyage ainsi que la visite prévue chez mes beaux-parents. La visite de nos amis en fin d'année a également été compromise », poursuit-elle. Maria avoue, cependant, que ses voisins ainsi qu'une famille mauricienne que son époux avait rencontrée, ont fait de leur mieux pour que sa famille et elle ne se sentent pas isolés. « Nous nous sommes sentis entourés même si nous étions loin de nos proches », ajoute-elle.

Les choses n'ont, toutefois, pas été si simples pour Rushda. Cette Sud-africaine est arrivée à Maurice en tant que conjoint-suiveur, avec leurs deux enfants en bas âge. Son époux, qui est également Sud-africain, avait fait le déplacement pour son travail. Rushda, qui habite le Nord de l'île, explique qu'elle était justement en déplacement en Afrique du Sud juste avant le confinement. « J'ai pris le dernier vol de Durban à Maurice. Je devais prendre l'avion quelques jours avant mais mes enfants et moi étions malades. Cependant, je n'arrivais pas à concevoir l'idée d'être bloquée en Afrique du Sud sans mon époux. Une fois à Maurice, j'étais tellement contente de le revoir…mais il avait un comportement étrange », affirme-t-elle.

La jeune mère explique que le confinement pour elle a été une période de révélation. Depuis, sa vie a basculé, mais elle a décidé d'être forte pour ses deux enfants. « Je préfère encore vivre ici qu'en Afrique du Sud à cause de la COVID-19. La situation dans mon pays est tellement grave. Nous sommes en sécurité ici. Nous pouvons circuler librement. Je n'ai pas vraiment le choix, je dois penser à mes deux enfants », soutient-elle.