De l'Italie traditionnelle à un petit écovillage au Brésil

Interviews d'expatriés
  • Iside, Lorenzo et Leone
Publié le 2020-10-14 à 07:00 par Francesca
« On se réveille et on s'endort au rythme de la forêt ». Lorenzo, artiste et écrivain et Iside, naturopathe, sont un couple d'Italiens. Laissant derrière eux leur vie traditionnelle en Italie, ils décident de s'installer dans un petit village écologique sur la côte de Bahia, au Brésil, avec leur fils qui a aujourd'hui 6 ans. Dans cet entretien, ils expliquent les raisons de leur choix et parlent de leur vie quotidienne et de leurs projets au cœur de la nature.

Pouvez-vous vous présenter brièvement à nos lecteurs ?

Nous sommes Lorenzo, Iside et le petit Leone qui n'a que 6 ans. Nous vivons actuellement dans un village écologique sur la côte de Bahia, au Brésil, un endroit où la forêt va à la rencontre de la mer atlantique. Lorenzo est artiste et l'auteur d'un ouvrage autobiographique intitulé « Polemico e bizzarro ». Pour ma part, je suis naturopathe et kinésiologue.

Qu'est-ce qui vous a poussé à quitter votre « vie traditionnelle » en Italie pour vous installer dans un village écologique à Bahia, au Brésil ?

Nous étions à la recherche de ce que Lorenzo qualifie de désir et de besoin d'équilibre dans son livre. Nous voulions absolument trouver un endroit où nous serions entourés par la nature pour donner naissance à notre fils Leone, loin de la frénésie des villes italiennes. Cela faisait longtemps que nous étions à la recherche d'un endroit où nous aurions la possibilité de cultiver la terre, de passer nos journées à surfer et d'avoir une vie simple et décontractée. C'est ça notre définition de vie facile et amusante. De plus, nous vivons aujourd'hui sous les tropiques, ce qui est différent du climat du nord de l'Italie. Nous n'avons besoin ni de chauffage ni de vêtements chauds. Même en termes d'alimentation, c'est plus facile. Nous devons admettre que cet endroit nous procure cette sensation que nous avons toujours recherchée : celle du lien avec la nature.

Qu'est-ce qui caractérise un écovillage ? D'où vient ce concept ? Aussi, comment organisez-vous vos journées au quotidien ?

Il existe de nombreuses façons de concevoir et de créer un écovillage. Ce qui répond le mieux à nos besoins, c'est un endroit qui ressemble à la campagne, où chacun à son propre terrain sur lequel il peut construire sa maison et cultiver, sans partager d'obligations avec qui que ce soit. Par exemple, nous sommes libres de décider si nous souhaitons participer à des activités collectives ou pas, en fonction de notre disponibilité. Ce qui nous a poussé à rechercher une réalité de ce type, c'est le concept de communauté.

Selon les indigènes, il faut une tribu entière pour élever un enfant. En fait, ce sont sans doute les enfants qui agissent comme catalyseurs pour des familles entières parce que vivre ensemble est plus facile et plus amusant que vivre seul. Ce qui unit les familles ici, dans le respect de nos différences culturelles, c'est un objectif commun. Nous sommes tous en quête de la paix intérieure et d'une meilleure qualité de vie dans le respect de la nature et du concept de durabilité écologique.

La plupart des personnes qui vivent ici sont des artistes et des thérapeutes. Nous disposons d'un centre de développement personnel qui organise différents types d'activités, ainsi qu'une école interne, fondée sur le principe de l'éducation vivante et gratuite. Nous croyons également en la déscolarisation de l'enfant. Chaque famille est libre de choisir comment elle souhaite éduquer ses enfants car il y a plusieurs autres possibilités, comme l'école Steiner qui se trouve à l'extérieur du village écologique. Nous nous réveillons à l'aube au rythme de la nature car nous avons banni le réveille-matin de nos vies, sauf quand nous devons prendre l'avion. Quand la forêt se réveille, on se réveille aussi, et quand la forêt s'endort, on s'endort aussi.

Le sport est l'une de nos priorités, alors nous commençons notre journée avec du surf et du yoga, suivis d'une longue promenade le long de notre plage paradisiaque. L'activité physique se poursuit dans les champs lorsque nous travaillons la terre et arrosons nos plantes. Ensuite, nous organisons la journée de Leone. Nous consacrons également une bonne partie de notre temps à soigner notre alimentation. Aussi, tous nos projets nous permettent de donner libre cours à notre créativité, alors on ne s'ennuie pas ici.

Qu'en est-il du coût de la vie dans cet écovillage ?

Ici, le coût de la vie est nettement inférieur à celui des grands centres urbains du Brésil, car nous avons moins de besoins, ce qui signifie moins de dépenses. Nous vivons dans un endroit qui n'est pas contrôlé par l'État, avec diverses forces et faiblesses, certes, mais pour nous c'est mieux ainsi. Nous n'avons besoin ni d'ingénieurs ni de géomètres pour construire une maison, ce qui nous permet de faire des économies en matière de main-d'œuvre. Vivre au milieu de nulle part a ses avantages ! La seule chose qui est vraiment essentielle c'est d'avoir accès à l'eau et nous avons trouvé un très bon jet d'eau. C'est le style de vie que nous avons choisi qui nous permet de bien vivre sans dépenser une fortune. En effet, on se débrouille à merveille avec 1 000 euros par mois, mais il y a aussi des familles qui le font avec un budget moindre.

Pouvez-vous nous en dire plus au sujet de votre projet « Mata na Lata » ?

« Mata na Lata » est né dans un hôpital psychiatrique lorsque Lorenzo a dû suivre un traitement pour une schizophrénie prétendument aiguë. « Mata na Lata » signifie « forêt dans une boîte ». Il s'agit d'une performance artistique, d'un jeu de co-création, un contenant dans lequel on peut donner libre cours à sa créativité. Cela nous a permis de créer la marque Pachamama, qui signifie « La Terre Mère ». Tous les profits générés par ce projet sont investis dans la conservation de l'environnement et de la biodiversité, qui sont notre seule et véritable richesse. « Mata na Lata » est aussi un lieu de rencontres. On arrive à y échanger nos rêves, nos expériences et nos idées, pour essayer de vivre et être le changement que nous aimerions voir dans le monde. Tout le monde peut participer à ce projet car c'est en nous rassemblant que nous arriverons à changer le monde. Nous souhaitons rendre à la planète la beauté, la joie, l'amour et l'énergie qu'elle nous procure.

Comment se passe la scolarité de votre enfant, Leone ?

C'est un sujet assez controversé pour nous, car nous ne croyons pas à la scolarisation traditionnelle. Pour nous, l'école traditionnelle est une sorte de protocole de notions imposées pour qu'on puisse apprendre de manière ennuyeuse et mnémotechnique. C'est pareil pour tout le monde car on ne prend pas en compte le fait que l'on est tous différent les uns des autres, encore moins l'importance du développement de nos talents. C'est une méthodologie d'enseignement stressante qui a pour but de former les gens à vivre dans une société qui les étouffe. Ce fut le cas de Lorenzo qui a achevé son parcours scolaire avec un doctorat en sociologie, une torture qui a duré trop longtemps pour lui.

Pour Leone, nous voulons quelque chose de différent, partant de l'hypothèse qu'il peut apprendre en jouant, de manière créative, sans le forcer, en stimulant ses intérêts et en l'aidant à développer ses talents. N'oublions pas qu'il s'agit d'une expérience de la vie. Nous avons tous eu la chance d'apprendre une langue étrangère en immersion, de comprendre la nature et de l'observer. Savez-vous ce qu'est une découverte ? Nous l'avons appris récemment grâce à Leone ! Bref, nous sommes en faveur de l'école à la maison, peut-être avec l'appui d'un tuteur ayant une formation anthroposophique à long terme pour combler nos lacunes.

Quels est, selon vous, la recette d'une vie d'expatrié riche et sereine ?

La spiritualité est l'un des ingrédients fondamentaux d'une vie sereine à l'étranger. Si l'on arrive à se dire que le hasard n'est pas une coïncidence, cela peut transformer notre vision de la vie. Cela nous permet aussi d'assumer la responsabilité de notre vie, prenant en compte l'existence d'une loi de cause à effet que l'on appelle « Karma ». Donc, nous prenons mieux soin de nous-mêmes et de ce qui nous entoure. Au fil du temps, cela devient notre priorité. « Facile » signifie, pour nous, simplifier la vie autant que possible en évitant les faux besoins. Nous arrivons à nous réjouir pour nous-mêmes et non pour les autres.

De quoi traite votre chaîne Youtube ?

Notre chaîne YouTube s'appelle « Polemico e bizarro », comme le livre de Lorenzo. Nous avons lancé cette chaîne pour partager notre expérience avec ceux que ce style de vie pourrait intéresser. Nous y parlons de nous, de notre vision de la vie, de notre style de vie, de la permaculture et l'agroforesterie. Nous faisons aussi des interviews de nos amis talentueux.

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