COVID-19 : La vie après le confinement en Chine

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Publié le 2020-04-13 à 11:15 par Veedushi
Alors que les autorités locales prennent des mesures strictes pour prévenir une deuxième vague d'infections liées à la COVID-19, la vie est en train de reprendre son cours graduellement en Chine. Quatre expatriés parlent à Expat.com de leur expérience pendant le confinement en Chine et de leurs attentes des prochaines semaines.

Chacun a sa propre expérience du confinement en Chine. Expatriée américaine à Changchun, Nash parle de 14 jours d '« assignation à résidence », ce qui fût loin d'être amusant. « On avait placé une caméra devant ma porte d'entrée pour s'assurer que je ne quitte pas mon appartement pendant ces 14 jours. Je n'avais aucune intention de partir car j'étais disposée à faire ce qu'il y avait à faire. Ça a duré du 6 (à mon retour) au 20 février ». Depuis, Changchun est entrée dans une phase de déconfinement partiel. « Les choses retournent à la normale petit à petit. L'embouteillage habituel reprend après plusieurs semaines. Pendant quelque temps, on a même eu droit à une amélioration de la qualité de l'air. Le silence qui s'était installé aux quatre coins du pays commence à être envahi par le bruit habituel, mais de manière progressive ».

Expatrié canadien à Liao Ning, dans le nord-est de la Chine, Carmelo a également vécu une expérience assez frustrante même si le confinement n'était pas vraiment aussi limitatif qu'il en avait l'air. Pour lui, le plus difficile était de vivre dans une communauté rurale chinoise avec très peu d'expatriés, dans l'absence d'une véritable communauté et avec le manque de ressources dans les premiers stades de l'urgence. « J'ai une famille, ma femme est plus âgée que moi et mon fils n'avait que 14 à 15 mois quand la situation a commencé à dégénérer en Chine. Avec les incertitudes de la situation et l'attitude insouciante de certains expatriés, j'ai constaté que l'opinion publique est assez divisée sur la question. Est-ce que la situation est réellement alarmante ou est-ce que les gens sont en train de réagir de manière excessive ? " Même s'il avoue avoir réagi de manière excessive, il avait ses raisons. « À ce moment-là, personne ne savait ce qui arriverait à un nourrisson ou à un jeune enfant s'il tombait malade. Cependant, j'ai pu avoir les renseignements que je recherchais petit à petit, ce qui m'a permis de me calmer. Mais c'était toujours frustrant de savoir que les gens ne prenaient pas la situation au sérieux ».

Pendant ce temps, les choses ont évolué différemment à Suzhou où le confinement n'était pas aussi strict que dans d'autres villes comme Wuhan. « Ici, les sorties n'étaient pas interdites, mais découragées à moins que cela ne soit strictement nécessaire », explique Marta, une expatriée espagnole. « Au début, je me sentais très frustrée comme c'était les vacances du Nouvel An chinois, et j'avais hâte de voyager un peu et retrouver mes amis. Cependant, je me suis retrouvé contrainte à accepter la situation. Des fois, j'avais envie de me promener un peu, mais au final j'avais tellement de choses à faire que je me suis rendue ça m'est passé ! »  Pour Laurent, expatrié français à Shanghai, le plus dur a été l'enseignement à domicile pour ses enfants. « Mais je vis dans une maison avec jardin, donc dans des conditions privilégiées. Le confinement n'a pas été aussi dur. Aujourd'hui, le travail a déjà repris, l'école suivra bientôt, ce qui signifie qu'il n'y a aucun changement dans mes plans ».

Depuis que la Chine est passée en mode déconfinement, on s'attend à une reprise sur tous les plans. « L'école pour laquelle je travaille rouvre ses portes le 15 avril. Compte tenu que nous n'aurons pas droit aux vacances de mai (comme ils prétendent que nous en avons déjà profité durant le confinement), je vais sans doute devoir faire des supplémentaires », explique Carmelo. Mais c'est loin d'être le cas pour tout le monde, comme Nash dont l'avenir est incertain. « Je suis enseignante et je ne peux pas exercer tant que toutes écoles publiques ne rouvrent pas leurs portes, d'autant que personne n'est en mesure de se prononcer sur le sujet. Donc, je ne travaille pas depuis le 6 février et je n'ai aucune source de revenu. Le pire, c'est que je ne sais même pas quand ça va changer ». En revanche, Nash ne peut mémé pas envisager un retour aux États-Unis où la situation est en train d'empirer chaque jour. Carmelo avoue qu'il n'a pas non plus de projets de voyage pour les prochains mois.

Si tout le monde espèrent que c'est enfin fini, on n'écarte pas la possibilité d'une deuxième vague et que la Chine impose à nouveau le confinement. Et si cela se reproduisait ? « Je n'aurais pas d'autre choix que de rester chez moi et de ne sortir que pour mes courses, mais j'espère que cela n'arrivera pas. Nous sommes restés confinés pendant un mois et demi, c'est déjà beaucoup », concède Marta. Même si certains commerces ont commencé à rouvrir leurs portes, la plupart des villes de Chine restent calmes par rapport à avant le confinement. « On décourage toujours aux ressortissants étrangers de participer à certaines activités publiques, d'autant que les nouvelles arrivées ne sont pas autorisées. De ce fait, on peut partir, mais on ne pourra pas revenir », explique Carmelo. Quant à Nash, elle se dit prête mentalement pour une nouvelle période de confinement. « C'est loin d'être amusant, mais on va devoir l'accepter si besoin. En ce moment, je préfère rester chez moi et, au pire, limiter mes déplacements à mon quartier ».

Cependant, on reconnait que la Chine est en train de prendre des mesures de précautions pour prévenir une deuxième vague de COVID-19, comme l'isolement des personnes en provenance de l'étranger dans une chambre d'hôtel pendant deux semaines. Selon Carmelo, tous les citoyens ont désormais un compte « Citizen Cloud », une application qui leur permet de scanner chaque endroit où ils se rendent, y compris leur lieu de travail. « C'est bien, mais je suppose que ça ne sera pas vraiment « efficace » quand des milliers d'étudiants venant des différentes provinces chinoises se rendront sur le campus (voyageant en train, en avion ou en voiture) sans avoir passé deux semaines en quarantaine ».

Marta, pour sa part, souligne que la Chine reste très vigilante. « Le problème, ici, est qu'on a à présent des cas asymptomatiques. À Suzhou, on a mis en place de nombreux centres où les gens peuvent aller faire un test de dépistage s'ils croient avoir été infectés. Qui plus est, la Chine a fermé ses frontières aux étrangers et réduit les vols internationaux à un par semaine et par compagnie aérienne, réduisant ainsi les risques d'avoir des cas importés ».

Pour l'heure, les yeux du monde entier restent rivés vers la Chine compte tenu du risque de résurgence. Chinois et expatriés continuent d'observer les règles d'hygiène de base comme le port de gants et de masques, ainsi que se laver les mains régulièrement, entre autres. Ces mesures suffiront-elles pour aider la Chine à sortir de cette crise sanitaire mondiale ? Les prochaines semaines seront déterminantes.