Les économies les plus compétitives du Moyen-Orient

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Publié le 2018-09-21 à 08:45 par Maria Iotova
Les économies du Moyen-Orient ont toutes les chances de progresser à condition qu'elles respectent leurs engagements vis-à-vis des réformes sociales et économiques et qu'elles arrivent à éliminer les inégalités perpétuelles. Afin de se développer davantage et de prospérer, ces économies devraient encourager l'investissement et la croissance de l'entrepreneuriat, ce qui devrait avoir un impact significatif sur le marché du travail. D'une manière générale, les pays du Moyen-Orient sont appelés à diversifier leur économies qui reposent essentiellement sur les ressources naturelles vers un modèle entrepreneurial plus dynamique tout en apportant leur soutien financier aux projets relatifs à l'éducation, l'innovation et la connectivité.

Les 5 pays les plus compétitifs

paysage de Dubai
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Le Moyen-Orient regroupe certaines des économies les plus compétitives au monde, notamment les Émirats Arabes Unis (17e dans l'indice mondial de la compétitivité), le Qatar (25e) et l'Arabie Saoudite.

Grâce à la diversification intensifiée de son économie qui est aujourd'hui plus résiliente et qui dépend moins des prix du gaz naturel et du pétrole, les Émirats Arabes Unis sont le pays le plus compétitif du Moyen-Orient. En début 2018, les Émirats Arabes Unis, comme l'Arabie Saoudite, ont introduit une taxe à valeur ajoutée (TVA) de 5% en ligne avec les recommandations du Conseil de coopération du golfe afin de réduire les déficits fiscaux en raison de la baisse du prix du pétrole. Dans son élan de progression, le pays devrait réaliser une croissance de 3,4% de son Produit intérieur brut (PIB) très prochainement. En revanche, plutôt que se fier essentiellement à la force de ses institutions et à l'excellence de ses infrastructures, les Émirats Arabes Unis devraient également mettre en œuvre de nouvelles technologies et faire une remise à niveau de leur système d'enseignement supérieur.

Deuxième pays le plus compétitif du Moyen-Orient, le Qatar a été sérieusement affecté par la baisse des prix du gaz et du pétrole, contrairement aux Émirats Arabes Unis. En 2016, le pays a enregistré un déficit fiscal de 4,1% de son PIB et affichait une dette publique de 47,6%. Le Qatar peut toutefois compter sur ses excellentes infrastructures, son environnement macroéconomique, sans oublier le niveau de ses systèmes de santé et éducatif. A l'avenir, afin d'augmenter sa compétitivité dans la région, le Qatar devrait faire des nouvelles technologies numériques et d'une remise à niveau de son système d'enseignement supérieur ses priorités.

Grâce à la diversification de son économie, y compris l'introduction de la TVA, l'Arabie Saoudite peut se targuer d'avoir mis en place des institutions stables, ainsi que de très bonnes infrastructures et l'un des marchés les plus vastes du Moyen-Orient. Le pays se place donc en 3e position des pays les plus compétitifs de la région. En revanche, la situation macroéconomique du pays s'est détériorée au cours de l'année écoulée, d'autant que l'exclusion des femmes perdure au sein du marché du travail. Bien que le taux d'inscription au niveau de l'enseignement supérieur soit de 63%, les salariés locaux ne possèdent pas les compétences requises en raison de l'absence d'une formation plus poussée afin de répondre aux exigences des besoins économiques contemporaines.

En 4e position, on retrouve le Bahreïn, classée 44e dans l'indice mondial de la compétitivité grâce à son climat favorable aux affaires, le niveau de ses systèmes d'enseignement et de formation supérieurs, sans oublier son infrastructure moderne et développée. Le pays a toutefois ses faiblesses, comme son environnement macroéconomique et la taille de son marché (le plus petit de toute la région). Le Bahreïn peut toutefois se réjouir du fruit de ses efforts dans les domaines de la technologie, de l'innovation et de l'entrepreneuriat au cours de la dernière décennie.

Classé 52e sur l'échelle mondial, le Koweït possède la 5e économie la plus compétitive du Moyen-Orient même s'il est confronté, depuis quelque temps, aux défis majeurs tels que la baisse du prix du pétrole. Rappelons que le Koweït est un pays qui dépend largement de ses ressources naturelles. Pour rester dans la course, le Koweït devrait augmenter sa capacité d'innovation en investissant davantage dans l'enseignement et la formation supérieurs et encourager davantage l'inclusion au sein du marché du travail grâce à son capital humain. Il faut toutefois reconnaître que le pays n'affiche aucun signe de progression. Bien au contraire, sa performance sur le plan de la technologie recule.

Comment le Moyen-Orient peut-il s'améliorer ?

employee arabe dans un centre d'appels
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Pendant de nombreuses années, les économies du Moyen-Orient reposaient essentiellement sur l'exportation de leurs ressources naturelles et l'aide financière en provenance de l'étranger. La plupart des postes à pouvoir dans la région se trouvent dans le secteur public. Aujourd'hui, il est clair que le contrôle étatique n'arrive pas à réduire l'inégalité et le chômage auprès des jeunes en particulier, ce qui a instauré un sentiment général de frustration sociale. Afin de répondre aux besoins du marché du travail, les pays du Moyen-Orient doivent favoriser le développement d'un secteur privé dynamique et sophistiqué. Rappelons que la croissance démographique de la région a atteint le chiffre de 5 millions par année tandis que moins de deux millions et demi de nouveaux postes sont créés.

Selon les calculs, la population en âge de travailler devrait atteindre les 370 millions d'ici 2040. Afin de maintenir la tendance, compte tenu du taux élevé de chômage, les pays du Moyen-Orient devraient pouvoir créer environ 58 millions de nouveaux postes durant les deux prochaines décennies, ce qui reste toutefois un défi en raison du manque de collaboration entre les secteurs public et privé en vue de réaliser des améliorations aux niveaux du système éducatif, de la connectivité et de l'innovation.

Aujourd'hui près de la moitié de la population du Moyen-Orient ne possède toujours pas une connexion internet. Qui plus est, le système éducatif n'encourage pas la flexibilité, la créativité et l'esprit critique. D'une manière générale, la région nécessite davantage d'investissements dans des projets à risques et innovants.

Il est également intéressant de noter que certains des pays les plus pauvres du Moyen-Orient, tels que la Jordanie, le Liban, ou encore, le Maroc et la Tunisie, sont en train de s'adapter aux nouvelles tendances économiques en rehaussant le niveau de leur système éducatif, en mettant en place des politiques visant à encourager le commerce et l'investissement étranger et en répondant aux besoins des entreprises de toutes tailles confondues.