Allemagne. “L'université qui ne fait rien comme les autres
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Enseignement par chatbot, cours en visio, salles de cours disséminées dans une quarantaine de villes : forte de ses 100 000 étudiants, l’International University, une université privée, est le premier établissement d’enseignement supérieur d’Allemagne.
La première université d’Allemagne n’est pas implantée dans une des célèbres villes étudiantes du pays comme Heidelberg, Tübingen ou Marbourg, ni à Berlin, pourtant métropole de plusieurs millions d’habitants, ni à l’une des prestigieuses adresses de Munich, tant réputée pour l’excellence de sa recherche, mais dans un bâtiment sobre et rudimentaire bordant la rocade Youri-Gagarine, à Erfurt [dans l’est de l’Allemagne]. Pas plus d’enseigne lumineuse que d’inscriptions en lettres d’or sur la façade pour en marquer l’emplacement. Seul un œil attentif repérera le logo de l’établissement.Une université privée à but très lucratif
C’est pourtant là que se trouve l’IU, l’International University. Celles et ceux qui n’en ont pas encore entendu parler n’ont pas à en rougir. Son ascension a été si fulgurante que bon nombre d’Allemands n’ont pas encore reçu l’information. Voilà dix ans, l’IU ne comptait que quelques milliers d’étudiants. Aujourd’hui, selon le recensement interne de l’établissement, ils seraient plus de 100 000, soit le record allemand.Une telle percée dans le paysage de l’enseignement supérieur allemand, c’est du jamais-vu. Et ce n’est pas simplement sa fulgurance qui la classe à part. L’IU n’est pas un établissement public, financé sur les deniers du contribuable, mais une entreprise privée à but lucratif, qui table cette année sur un chiffre d’affaires de près de 500 millions d’euros. Celles et ceux qui souhaitent y étudier doivent donc mettre la main à la poche, entre 220 et 750 euros par mois selon le cursus, soit beaucoup plus que dans une université publique.
La société qui a des vues sur l’argent des étudiants est une holding britannique. De quoi inquiéter les tenants de l’enseignement traditionnel. Ainsi que les méthodes de l’IU pour séduire les étudiants. Pas de numerus clausus, pas de délai pour déposer les dossiers de candidature. Celles et ceux qui n’ont pas le bac ont juste à passer un test.
Le pari de la technologie et du distanciel
Directeur de l’IU depuis 2010, Sven Schütt a flairé une autre aubaine : puisque les établissements traditionnels semblaient peu à l’aise avec les nouvelles technologies, les nouveaux venus aux dents longues avaient le champ libre. Un entretien avec Sven Schütt vaut le détour. Ce n’est pas souvent que l’on voit une telle foi dans le progrès, conjuguée à une volonté de missionnaire. L’homme n’a pas peur des grands mots : “Nous vivons en ce moment l’époque la plus passionnante qui soit pour repenser l’apprentissage”, proclame-t-il. La vieille “image d’Épinal de l’enseignement socratique”, dans lequel l’enseignant et l’élève décortiquent ensemble un sujet en tête à tête, était jusqu’à présent l’apanage des écoles élitistes où les études ne coûtent pas 400 mais plutôt 4 000 euros par mois. “La technologie nous permet aujourd’hui, pour la première fois, de démocratiser cet idéal, c’est-à-dire de le rendre accessible à toutes et à tous. C’est précisément à cela que l’on travaille.”
Tout cela repose sur l’intelligence artificielle, évidemment. L’IU propose depuis longtemps déjà des cours en ligne et des cursus à temps partiel que les actifs peuvent suivre à côté de leur emploi. L’“étude en présentiel à temps plein” qui est d’ordinaire la règle est ici l’exception. La plupart des étudiants s’inscrivent à l’IU pour des études à distance. On recense plus de 300 programmes de bachelors et de masters différents, un nombre qui va croissant : on y retrouve aussi bien des classiques, comme le génie mécanique, que d’autres plus nébuleux, comme le “growth hacking” [dopage de croissance] ou le “food management” [gestion du système alimentaire].
L’idée selon laquelle une université aurait besoin d’un siège avec des amphis ou des laboratoires, où se retrouveraient enseignants et apprenants, semble moyenâgeuse par rapport à la grande liberté dont jouissent les “clients” de l’IU. En distanciel en tout cas. Pour les cursus en alternance, qui voient l’établissement collaborer – selon ses propres dires – avec plus de 2 000 entreprises, on trouve des salles de cours dans une quarantaine de villes différentes, de Wuppertal à Chemnitz et de Kiel à Fribourg, en général des surfaces louées dans des immeubles de bureaux. C’est là également que se déroulent les examens quand ils n’ont pas lieu en ligne.
Un “essaim de hors-bords” en face de vieux paquebots
Le verdict des étudiants – dont l’IU écoute les souhaits sans doute bien plus que toute autre université – est largement positif. C’est ce qui ressort par exemple des enquêtes du Centre pour le développement de l’enseignement supérieur (CHE), le plus grand classement de ce type en Allemagne. Même si, çà et là, quelques problèmes d’ordre organisationnel sont pointés du doigt, et que certains étudiants préféreraient avoir une vraie bibliothèque avec des vrais livres plutôt qu’un simple accès en ligne [aux ouvrages].
L’IU s’occupe de “tout ce que les établissements publics laissent de côté ou traitent par-dessus la jambe”, fait remarquer Ulrich Müller, membre du comité directeur du CHE, pour expliquer cet engouement. Là où certaines universités traditionnelles refroidissent plutôt qu’elles n’attirent les étudiants, c’est l’inverse que l’on constate à l’IU. Sur Instagram, sur TikTok, elle est partout. Un salarié sur cinq de l’établissement travaille dans la vente ou dans le marketing, ce qui représente plusieurs centaines de personnes. À titre de comparaison, l’université par correspondance de Hagen [nord-ouest de l’Allemagne] ne compte que huit collaborateurs dans le marketing. “Dans les universités publiques, les changements prennent du temps, ce sont des paquebots, poursuit Ulrich Müller. L’IU, en comparaison, serait un essaim de hors-bords.”
Un chatbot comme assistant pédagogique
À quoi s’ajoute aujourd’hui l’IA [intelligence artificielle]. Sven Schütt ne tarit pas d’éloges à l’égard du chatbot [robot conversationnel] qui sert depuis peu d’assistant pédagogique. “Depuis qu’on l’utilise, les étudiants posent cinq fois plus de questions qu’auparavant, s’enthousiasme-t-il. Devant une personne en chair et en os, beaucoup craignaient visiblement de poser des questions bêtes. Devant une IA, on ne peut pas se ridiculiser.”
Un cobénéfice appréciable est la modularité totale de l’enseignement. Que 100 ou 100 000 étudiants bombardent le chatbot de questions n’a guère d’incidence sur les coûts, contrairement à ce qui se passerait avec du personnel humain. “Notre but principal n’est pas d’être plus efficace mais d’améliorer la manière dont nos étudiants apprennent”, assure Sven Schütt. De telles économies d’échelle n’en seraient pas moins du miel aux oreilles de n’importe quel chef d’entreprise. Dans ce domaine aussi, l’IU est à l’avant-garde. Une fois que la vidéo d’un cours est tournée et qu’un module d’enseignement a été créé en ligne, il est possible d’y revenir autant de fois qu’on le souhaite, sans que l’enseignante ou l’enseignant soit tenu de reprendre place devant la caméra.Reste à savoir s’il s’agit encore d’enseignement supérieur. Pour le Conseil scientifique de l’enseignement supérieur [Wissenschaftsrat], dont c’est officiellement la compétence, la réponse est oui. Le Conseil a approuvé le modèle de l’IU, suggérant quelques améliorations ici ou là. Il serait bon par exemple de consacrer plus de place à la recherche, les cursus de bachelors devraient être moins silotés et le taux d’encadrement en distanciel est jugé “plutôt faible”. C’est le moins que l’on puisse dire : sur la période prise en compte, le Conseil a dénombré en moyenne 439 étudiants pour 1 professeur à l’IU. Dans les universités spécialisées allemandes, la moyenne est de 51.
Sven Schütt n’a pas l’intention de laisser passer une telle critique. L’université remplit toutes les conditions fixées par l’État, assure-t-il, ajoutant que le taux d’encadrement n’est plus un indicateur approprié de la qualité de l’enseignement, compte tenu de la reproductibilité numérique des contenus pédagogiques. “C’est une vision très réductrice de ce qu’est une bonne formation à l’ère de l’IA”, assène-t-il. L’intelligence artificielle fait d’ailleurs aussi des propositions très utiles sur la conception du matériel pédagogique et l’élaboration de nouveaux cursus.
Pour la prochaine étape, Erfurt et l’Allemagne n’y suffiront pas. Une nouvelle holding, le “Groupe IU”, a donc vu le jour à Bruxelles. C’est de là que se poursuivra dorénavant l’essor de l’établissement à l’international. Cet été, l’IU a acheté à cette fin deux universités privées à l’étranger, l’une à Londres et l’autre au Canada. Car l’IU a vocation à devenir le premier établissement Car l’IU a vocation à devenir le premier établissement d’enseignement supérieur du globe. jean luc
https://fr.wikipedia.org/wiki/IU_Intern … d_Sciences pas de numerus clausus , pas besoin d'avoir le bac (la 3eme voie), 2000 entreprises indique la formation en continue qui est derrière pour financer???? quelle est la valeur du diplôme ???? un enseignement par intelligence artificielle ,me pose quelques problèmes ,y as t'il pas un risque de la pensée unique ??? une sorte de club qui contrôlerais l'économie????? mes filles ont passer leur diplôme avec la Steinbess universités qui est privé, mais donc les diplôme sont reconnus par la TU de Berlin https://www.steinbeis-next.de/ .jean Luc
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