Nouveaux visas de travail, visas dorés, restrictions : toute l'actualité de l'immigration dans le monde

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Publié le 2023-08-07 à 10:00 par Asaël Häzaq
Dans un monde toujours marqué par de fortes pénuries de main-d'œuvre et une inflation qui pèse sur les budgets, les États réagissent. Assouplissements des règles pour les talents étrangers, ou au contraire, restrictions pour réduire l'immigration… Tour d'horizon.

Golden visa suisse

Alors que certains pays mettent un terme au controversé golden visa, d'autres continuent de le mettre en avant pour attirer les riches investisseurs étrangers. Pour rappel, le golden visa permet d'obtenir la résidence via l'investissement et facilite le droit d'entrée et de séjour. Mais contrairement à d'autres programmes, le golden visa suisse fait partie intégrante de la politique d'immigration du pays. Pour l'État, le passeport doré joue sur plusieurs plans : il booste la croissance économique, crée des emplois directs et/ou indirects, contribue à la diversité culturelle.

En pratique, le passeport doré offre une série d'avantages. Outre le droit de travailler et de créer une entreprise en Suisse, le golden visa ouvre les portes de l'espace Shenghen, permet de profiter des avantages fiscaux suisses et autorise le regroupement familial. Pour être éligible, il faut être un ressortissant non européen entre 18 et 55 ans, en bonne santé et sans antécédents judiciaires. Il faut également détenir ou louer une résidence en Suisse et prouver sa stabilité financière.

Deux programmes s'ouvrent au golden visa : la résidence suisse par impôt forfaitaire et le programme suisse des investisseurs entrepreneurs. La résidence suisse par impôt forfaitaire exige le paiement d'une taxe annuelle qui varie selon le canton (environ 203 000 USD et jusqu'à environ 600 000 USD). Mais ce programme ne permet pas de travailler. Le programme pour les investisseurs étrangers exige de créer une entreprise qui favorise la création d'emplois, ou d'investir dans une entreprise suisse existante. L'investissement minimal annuel est d'environ 1 100 000 USD.

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Suisse : Federal Department of Foreign Affairs

La voie du golden visa en Indonésie

Décidément, le golden visa n'a pas fini de faire parler de lui. L'Agence de l'immigration d'Indonésie a annoncé le lancement d'un golden visa pour les entreprises et les étrangers qui investissent sur le territoire indonésien. Lancement fait en juillet dernier, avec un objectif : booster l'économie du pays. Face aux controverses entourant le passeport doré, Silmy Karim, chef de l'agence, se montre rassurant ; les visas seront accordés de manière sélective. Les entreprises souhaitant postuler pour le golden visa devront investir au moins 50 000 000 USD en Indonésie. Les particuliers seront tenus d'investir 350 000 USD minimum en obligations d'État. Valable 5 à 10 ans, le passeport doré permettra à son détenteur d'entreprendre des « activités commerciales et autres activités » sur le sol indonésien. C'est aussi une bonne opération pour le tourisme. Du moins, c'est le vœu de Sandiaga Uno, ministre du Tourisme et de l'Économie créative. Pour lui, le golden visa peut attirer davantage d'investisseurs étrangers pour, non seulement dynamiser, mais aussi transformer et stabiliser l'économie indonésienne.

États-Unis : du nouveau pour les visas

Visa requis pour voyager en Europe à partir de 2024

Du nouveau pour les voyageurs américains. L'Union européenne (UE) lance son programme pour sécuriser ses frontières. Les ressortissants de plus de 60 pays jusqu'alors exemptés de visa pour l'UE, dont les États-Unis, devront désormais demander une autorisation de voyage électronique : l'ETIAS (Système européen d'information et d'autorisation de voyage), pour entrer dans l'espace Schengen. La demande coûtera environ 8 USD (environ 7 EUR). La nouvelle règle entrera en vigueur en 2024. Une absence d'ETIAS vaudra interdiction d'entrer dans l'espace Schengen. En revanche, une autorisation sera valide 3 ans ou jusqu'à expiration du passeport. Il sera également possible de voyager comme on le souhaite dans les différents pays européens, pour des séjours de courte durée (jusqu'à 90 jours sur une période de 180 jours). Bien entendu, l'ETIAS n'annule pas toutes les autres conditions requises pour entrer sur le territoire de tel ou tel pays européen. Les voyageurs seront tenus de respecter toutes les exigences des États qu'ils souhaitent visiter.

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ETIAS for Americans

Loterie des visas H-1B : vers le lancement d'un deuxième tour ?

Les candidats à l'immigration aux États-Unis attendent la confirmation de la bonne nouvelle. United States Citizenship and Immigration Services (USCIS), le service de l'immigration américain, a de très fortes chances de lancer un 2e tour de loterie des visas H-1B, pour l'année fiscale 2024 (qui commence le 1er octobre 2023). Pour rappel, le visa H-1B est un visa de travail temporaire permettant aux entreprises américaines de recruter des travailleurs étrangers qualifiés. Prisé par les expatriés, ce visa de 3 ans (renouvelable 1 fois) offre plusieurs avantages, à commencer par la possibilité de soumettre une demande de Green card (carte de résident permanent). L'USCIS peut délivrer 85 000 visas H-1B par an. Mais le 27 juillet, à peine 70 % du quota a été atteint. D'où l'urgence à agir rapidement, la nouvelle année fiscale commençant bientôt. Selon les agences spécialisées dans l'immigration, il faudra s'attendre à ce que l'USCIS délivre 20 000 à 25 000 visas H-1B supplémentaires même dans le cas où aucun autre tour de loterie n'est mis en place.

Changements dans les tests de citoyenneté américaine

« Renforcement » ou « limitation ». Les avis sont partagés concernant la mise à jour des tests de citoyenneté américaine. Certains regrettent des changements entraînant plus de difficultés pour les immigrants ayant un faible niveau d'anglais. Sur le long parcours pour obtenir la citoyenneté américaine, 7 tests, dont le test de naturalisation survenant en fin de parcours. C'est en 2020 que surviennent de nouvelles complications ; l'administration Trump rend les tests plus difficiles. L'administration Biden a éliminé les modifications Trump pour revenir à dernière version des tests de citoyenneté, qui date de 2008. En décembre 2022, le gouvernement Biden annonce une mise à jour, avec une mise en application attendue en fin 2023.

La nouvelle version ajoutera des tests oraux pour évaluer les capacités des candidats en anglais. En pratique, il pourrait s'agir de décrire des scènes du quotidien présentées sur des photos. Dans la version actuelle du test de naturalisation, un agent évaluateur apprécie les capacités du candidat en lui posant des questions personnelles ; questions auxquelles le candidat a déjà répondu dans ses documents de naturalisation. La description de photo permettrait de mieux sanctionner le niveau des candidats. Pas si sûr, pour ces derniers, qui estiment que ces nouveaux tests ajoutent un stress supplémentaire sur des candidats déjà très stressés par la procédure, qu'il peut être difficile de décrire des photos, d'expliquer ce qu'il se passe. D'autres immigrants évoquent des difficultés de prononciation qui pourraient leur être préjudiciables.

Autre piste : modifier la présentation des questions civiques (histoire des États-Unis, politique) en proposant une réponse parmi un choix multiple au lieu d'une réponse courte orale, comme c'est le cas actuellement. Pour les défenseurs du projet, cette modification certifierait que les immigrants ont les connaissances économiques, historiques et le niveau d'anglais pour intégrer la société américaine. Mais là encore, l'idée ne fait pas l'unanimité. Les sceptiques dénoncent une complexification arbitraire. Ils rappellent que nombre de citoyens nés aux États-Unis ne connaissent pas les réponses aux questions historiques et gouvernementales.

Révision des visas pour les travailleurs saisonniers

Les États-Unis planchent sur une réforme des visas H-2A et H-2B, les deux principaux visas de travail saisonnier. Le visa H-2A est destiné aux ouvriers agricoles. Le visa H-2B concerne les travailleurs non agricoles (employés dans l'hôtellerie, le tourisme, les parcs à thème, la construction, les stations de ski, etc.). Le Bureau de la gestion et du budget de la Maison-Blanche entend moderniser les deux programmes de visa. Les principaux changements envisagés viseraient notamment à renforcer la protection et à éviter l'exploitation des travailleurs étrangers (méthodes de recrutement, salaires, etc.). Les projets concernant le visa H-2A font partie d'un vaste plan conçu par le ministère du Travail pour améliorer la protection et les conditions de travail des travailleurs agricoles temporaires, y compris les travailleurs américains et les titulaires du visa H-2A. Face à la forte augmentation des visas H-2A, le ministère s'engage à « protéger les travailleurs agricoles à la lumière de leurs vulnérabilités importantes. »

De leur côté, les employeurs des secteurs concernés comptent sur ces travailleurs saisonniers. Impossible pour eux de se passer de ces travailleurs, dans un contexte de forte pénurie de main-d'œuvre. De plus en plus d'entreprises américaines ont recours aux visas H-2A et H-2B : +24 % en 2022, soit 766 000 visas délivrés contre 616 000 visas délivrés en 2019. Les employeurs reconnaissent des conditions de travail difficiles, une pénibilité du travail et des salaires peu attractifs, dont une grande partie est envoyée à la famille. La Californie, la Floride et le Texas sont les États ayant le plus recours aux visas H-2A et H-2B.

Baisse de l'immigration en Turquie

Selon le Turkish Statistical Institute (TÜİK), le nombre d'immigrants en Turquie a baissé de 33,2 % en 2022 comparativement à 2021, pour s'établir à 494 052 personnes. 94 409 étaient des citoyens turcs revenant au pays. 399 643 étaient des ressortissants étrangers. Si les entrées en Turquie sont moins nombreuses, les départs, eux, augmentent. +62,3 % en 2022 (par rapport à 2021), soit 466 914 personnes. Ces expatriés sont Turcs (139 531) ou ressortissants étrangers (327 383). On observe une similitude entre les classes d'âges des populations qui viennent en Turquie ou qui en sortent. En effet, les immigrants sont majoritairement jeunes (12,2 % ont entre 25 et 29 ans). Même constat pour les émigrants, avec une majorité de 25-29 ans (15,8%). Mais alors que chez les immigrants, les trentenaires (30-34) constituent la 2e classe d'entrée derrière les 20-24 ans, chez les émigrants, les trentenaires viennent juste derrière les 25-29 ans. En pleine crise économique, étranglé par l'inflation, l'État turc a opté pour la hausse d'impôt. Annonce faite en début juillet, avec l'augmentation de la TVA, des frais de visa, de passeport, de notaire… Maigre consolation pour une partie de la population : la revalorisation des salaires des fonctionnaires et des pensions de retraite. Les départs continuent. En 2022, ils étaient majoritaires à Istanbul (39,5%), de même que les entrées (35,4%).

Australie

Nouvelles règles pour les étudiants indiens

Du nouveau pour les ressortissants indiens étudiant dans un établissement d'enseignement supérieur australien. Ils peuvent désormais travailler sans besoin de sponsor de visa. Le changement est effectif depuis le 1er juillet. L'autorisation de travail sans parrainage est valable jusqu'à 8 ans. C'est là le résultat d'un accord bilatéral conclu entre l'Inde et l'Australie, en juin 2023. C'est dans le cadre de cet accord que le MATES, Programme d'arrangement de mobilité pour les jeunes professionnels talentueux (Mobility Arrangement for Talented Early-professionals Scheme), a vu le jour. Il permet aux professionnels indiens de vivre et travailler jusqu'à 2 ans en Australie. Ce programme délivrera jusqu'à 3000 places. Pour être éligible, il faut évoluer dans l'un des 7 domaines définis par l'accord, comme les technologies de l'information et de la communication (TIC), l'ingénierie, les énergies renouvelables ou encore l'intelligence artificielle (IA). Ces annonces s'inscrivent dans la nouvelle stratégie du gouvernement australien (proposée en avril) pour intensifier l'immigration des talents étrangers, accélérer leur installation sur le territoire et faciliter l'obtention de la résidence permanente.

Nouvelles règles pour les expatriés titulaires d'un visa temporaire

Les travailleurs étrangers privés d'emploi pourront désormais rester plus longtemps en Australie. La mesure cible les étrangers qualifiés détenteurs du visa TSS, pour Temporary Skill Shortage (pénurie temporaire de compétences). Jusqu'alors, ils n'avaient que 60 jours pour trouver un nouvel employeur, postuler pour un nouveau visa, ou quitter le pays. Désormais, ils auront 6 mois pour trouver un nouvel employeur. Un soulagement pour les détenteurs du TSS, visa sponsorisé par l'entreprise et donc, lié à l'employeur. Andrew Giles, ministre de l'Immigration, défend une mesure pensée pour lutter contre l'exploitation des travailleurs expatriés. S'il concède qu'il ne s'agit pas d'une « solution miracle », Andrew Giles affirme que la nouvelle règle atténuera « le pire aspect des règles relatives aux visas liés à l'employeur ». Le gouvernement australien prévoit d'allouer 1 500 000 USD à une entreprise sociale pour aider les nouveaux arrivants à trouver un emploi en Australie. Mais pour l'instant, aucune date concernant la mise en œuvre des nouvelles règles du visa TSS.

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Australia government TSS visa

Nouvelles règles pour les backpackers

Le visa vacances-travail coûte plus cher pour les backpackers. Précisément 130 USD de plus. Depuis le 1er juillet, il faut désormais débourser 640 USD pour un visa vacances-travail en Australie, contre 510 précédemment. L'Australie, l'une des destinations prisées des pvtistes, est devenue l'un des pays proposant le visa vacances-travail le plus cher. Un visa plus cher, qui durera peut-être moins longtemps. Il dure actuellement 1 an, renouvelable sous conditions. Dans sa réflexion sur l'exploitation des titulaires de visa temporaire, le gouvernement planche sur davantage de restrictions sur le PVT, là encore, pour éviter les exploitations de travailleurs étrangers. Les producteurs de fruits et légumes soutiennent au contraire que ces pvtistes sont essentiels au maintien de leur activité. Les métiers de la récolte n'attirent plus. Ils attirent encore moins avec un taux de chômage d'à peine 3,6 % en Australie. Les pvtistes (un peu plus de 110 000) représentent 80 % des travailleurs du secteur de la récolte. L'opposition dénonce une mesure qui « détruirait » l'économie. Car en plus d'œuvrer dans la récolte, les pvtistes soutiennent aussi l'hôtellerie et le tourisme. Pour les opposants à la mesure, le gouvernement, à la peine avec un marché immobilier tendu, compterait sur le départ des backpackers pour privilégier l'arrivée des travailleurs étrangers.

Émirats arabes unis

Obtenir la nationalité dubaïote

Devenir citoyen de Dubai, c'est possible. Plusieurs programmes d'investissement par l'acquisition de biens immobiliers ont été mis en place. À condition de payer l'intégralité du bien. Acheter avec hypothèque n'ouvre pas la voie à la citoyenneté dubaïote. L'investissement doit provenir de ses capitaux propres. Le golden visa est l'un des premiers accès à la citoyenne par l'achat d'une propriété. Pour être éligible, il faut acheter un bien d'une valeur d'au moins 2 000 000 AED (près de 550 000 USD). Le visa « investisseur immobilier résidence » permet d'obtenir la citoyenneté à condition d'investir au moins 750 000 AED (environ 204 000 USD) pour un bien enregistré à son nom, et 1 000 000 AED (environ 272 000 USD) si l'enregistrement est au nom de l'épouse. Autre option : le visa retraite (retirement visa). Réservé aux plus de 55 ans, il est accessible sous réserve d'acheter une propriété d'une valeur d'au moins 2 000 000 AED, de détenir une épargne cumulée d'au moins 1 000 000 AED ou de recevoir un revenu mensuel d'au moins 20 000 AED.

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United Arab Emirates : Emirati nationality

Golden visa pour les étudiants

Encore un golden visa, mais pour les étudiants. C'est l'annonce faite par l'Autorité fédérale pour l'identité, la nationalité, les douanes et la sécurité portuaire. Ce golden visa est réservé aux meilleurs étudiants. WAM, l'agence de presse des Émirats arabes unis, précise que les étudiants du secondaire « ayant obtenu un score de 95 % ou plus » pourront avoir le golden visa. Les étudiants des universités locales et internationales devront obtenir une note avec mention, et une moyenne pondérée cumulative d'au moins 3,5 ou 3,75. Le golden visa permettra à ces jeunes talents de vivre, d'étudier et de travailler aux Émirats arabes unis (EAU) tout en bénéficiant de multiples avantages. Les membres de la famille pourront également profiter du golden visa. Les EAU poursuivent leur stratégie pour attirer les « leaders de demain » ; ces talents étrangers aux compétences développées en sciences, en ingénierie, et autres métiers d'avenir.

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Federal Authority for Identity, Nationality, Customs and Ports Security

Afrique du Sud : à quand les nouveaux visas pour les travailleurs ?

L'Afrique du Sud se tourne vers les créateurs de start-up et les travailleurs à distance. Dans le sillage d'autres pays, la puissance africaine lance son visa start-up et son remote work visa (visa de travail à distance). Ces deux nouveaux visas s'inscrivent dans l'expansion de l'e-visa en Afrique du Sud. Avec ces nouvelles mesures, l'Afrique du Sud entend attirer les talents étrangers et booster la croissance économique. Mais pour l'heure, aucune précision quant à la mise en place de ces visas. L'affaire traîne depuis février 2022, période durant laquelle le président Ramaphosa a annoncé son intention de lancer ces nouveaux visas. En juillet, Aaron Motsoaledi, le ministre de l'Intérieur, a reconnu avoir manqué sa propre date limite pour introduire le visa de travail à distance (le ministre tablait sur fin juin).

Royaume-Uni

L'ETIAS étendu aux voyageurs britanniques

Les Américains ne seront pas les seuls à devoir faire une demande d'autorisation de voyage électronique. Prévu pour être opérationnel en 2024, L'ETIAS (Système européen d'information et d'autorisation de voyage) aura des conséquences dans le monde britannique post-Brexit. Les Britanniques n'ont pas besoin de visa court Schengen pour circuler dans la zone Schengen. En revanche, ils pourront devoir présenter leur ETIAS, au risque de se voir refouler aux frontières de l'UE. Car le système est pensé pour vérifier si les voyageurs doivent ou non présenter un visa court Schengen. L'ETIAS coûte environ 7 EUR ; il sera gratuit pour les moins de 18 ans et les 70 ans et plus. Avec l'ETIAS, les voyageurs britanniques pourront séjourner sur le territoire européen 90 jours maximum sur une période de 180 jours. Valable 3 ans, l'ETIAS permettra de circuler autant de fois que souhaité dans l'espace européen. L'UE justifie sa mesure par la nécessité de sécuriser ses frontières, dans un contexte de tensions internationales et de menace terroriste. À ce titre, l'ETIAS pourra être refusé aux personnes ayant un passé criminel, figurant sur les listes de suspects terroristes, ou menaçant l'ordre public. L'autorisation sera également refusée si le postulant a délivré de fausses informations au moment de sa demande. Si le voyage se fait depuis une zone subissant une épidémie ou une pandémie, et présentant un danger pour la santé publique, l'ETIAS pourra aussi être refusée.

Lien utile :

ETIAS for British citizens

Règles de visa assouplies pour les travailleurs étrangers dans la construction et la pêche

Pour faire face à la pénurie de main-d'œuvre qui sévit depuis le Brexit, le gouvernement britannique a étendu sa « liste de professions en pénurie ». Elle comprend désormais les emplois de la construction, notamment les métiers de couvreur, de maçon, de plâtrier, de carreleur ou de charpentier. L'introduction de ces métiers dans la liste permet aux travailleurs étrangers concernés de venir travailler plus facilement au Royaume-Uni. Certains métiers de la pêche figurent aussi sur la liste des professions en pénurie. L'assouplissement ayant cours dans le secteur de la pêche s'inclut dans une vaste réforme de l'industrie de la pêche. Les expatriés occupant une profession en pénurie pourront demander un visa de travailleur qualifié. Leurs frais de visa sont diminués. Ils peuvent recevoir 80 % du taux habituel pour leur emploi. En revanche, il leur faudra toujours une offre d'emploi parrainée par un employeur et avoir le niveau d'anglais requis.

Le ministère de l'Intérieur britannique justifie ces assouplissements, indispensables, selon lui, pour « stimuler la croissance » du pays. Même tonalité pour le porte-parole du gouvernement, qui rappelle que le Royaume-Uni a « toujours reconnu » qu'il devrait « faire preuve de souplesse » et utiliser « les libertés liées au Brexit » pour faire face à la conjoncture. Mais certaines voix se font plus critiques. Le député conservateur Marco Longhi préférerait davantage de moyens mis dans la formation des Britanniques, en particulier via l'apprentissage, pour ne plus « dépendre de l'immigration ». D'autres politiques rétorquent que les Britanniques ne se tournent pas assez vers ces corps de métier.

Rishi Sunak annonce une hausse des frais de visa

Assouplissements d'un côté, restrictions de l'autre. Pour soutenir un service public de santé toujours exsangue, le Premier ministre Rishi Sunak a annoncé que les frais et surtaxes de frais de santé des demandeurs de visa subiront une augmentation « significative ». Une hausse nécessaire, selon le gouvernement, pour répondre à la hausse des salaires dans le secteur. En effet, le NHS (National Health Service) est financé par l'État. En mai, syndicats et gouvernement sont finalement parvenus à un accord qui prévoit une hausse de salaire comprise entre 5 % et 7 % pour le personnel. Les fonctionnaires de la NHS ne sont pas les seuls concernés. Les policiers et enseignants bénéficieront aussi de hausse. Plusieurs millions de fonctionnaires sont visés par ces mesures. Dans un contexte toujours inflationniste, Sunak a averti qu'il n'aurait recours ni à l'emprunt ni à l'augmentation des taxes pour financer sa mesure. « Cet argent doit donc venir d'ailleurs », explique-t-il en conférence de presse. D'où les augmentations de frais pour les travailleurs expatriés. Plus précisément, Sunak vise la « surtaxe sanitaire pour l'immigration », que les étrangers paient pour accéder à la NHS. Ces hausses pourraient aller de 624 GBP à 1035 GBP pour un adulte. Les étudiants, les personnes à charge et les mineurs bénéficieraient d'une réduction. Pour eux, la hausse irait de 470 GBP à 776 GBP. Des augmentations significatives, qui feront mécaniquement augmenter le coût du visa. Sunak estime que ces hausses rapporteront « plus d'un milliard de livres sterling ».

La mesure suscite la polémique. Des experts politiques craignent que le pays soit moins compétitif. Tollé chez les professionnels du secteur de la recherche et du développement, qui dénoncent une mesure « injuste » qui refroidira les talents étrangers. Un non-sens pour eux, alors que l'État a besoin de ces professionnels étrangers.

Corée du Sud

Des conditions plus souples pour le visa des travailleurs qualifiés

C'était une demande des industries et des gouvernements locaux. Confronté à la pénurie de main-d'œuvre, la Corée du Sud lâche du leste sur les exigences du visa E-7-4, réservé aux travailleurs qualifiés pour les emplois à long terme. Le quota de visa (actuellement fixé à 5000) sera également augmenté. Le gouvernement a prévu une accélération de la délivrance des visas pour attendre le quota fin juillet, et augmenter le nombre de visas délivrés entre août et décembre. Le quota de visa E-7-4 est en augmentation régulière depuis plusieurs années. De 1000 en 2020, il a doublé en 2022 et atteint 5000 cette année. La mesure a été annoncée en juin dernier par le ministère de la Justice. Actuellement, seuls les étrangers ayant légalement travaillé en Corée du Sud durant 5 ans peuvent demander le visa E-7-4. Le gouvernent réduira cette durée à 4 ans. Avec ces nouvelles mesures, la Corée du Sud espère lutter efficacement contre la pénurie de main-d'œuvre, tout en se rendant attractive auprès des talents étrangers.

Lien utile :

Korea immigration service – skilled worker points system visa

Les étudiants étrangers autorisés à travailler plus longtemps

C'est encore une annonce du ministère de la Justice de Corée du Sud. Depuis le 3 juillet, les étudiants étrangers peuvent travailler plus longtemps. Les étudiants de premier cycle peuvent ainsi travailler 25 heures par semaine, au lieu de 20 heures précédemment. Ceux ayant un très bon niveau de coréen (sanctionné par la réussite au TOPIK, Test of proficiency in Korean) pourront effectuer des heures supplémentaires durant la semaine. Le gouvernement souhaite aussi réduire les frais de visa. Les frais de visa sont désormais évalués en won, la monnaie coréenne, et non plus en dollars américains. Car le won est plus faible que le dollar. Au cours actuel, il faut 1000 wons pour obtenir 0,77 dollar.

Il existe plusieurs types de visas pour étudier en Corée du Sud. Les visas de la catégorie D2 sont dévolus aux études et cursus universitaires, comme le visa D-2-6, pour les échanges universitaires). Les visas de la catégorie D4 sont réservés aux formations professionnelles ou industrielles (elles ne sont pas d'ordre universitaire). C'est le cas du visa D-4-1, destiné à l'apprentissage du coréen. Le ministère de la Justice précise que les postulants pour les visas D2 devront prouver leur stabilité financière et avoir au minimum 20 millions de wons sur leur compte bancaire (environ 15 400 dollars). C'est moins que la somme exigée lorsque tout était comptabilisé en dollars (on demandait alors 20 000 dollars). Pour les visas D4, il faudra avoir au moins 10 millions de wons.

Changements pour les travailleurs non spécialisés

Coup dur pour les travailleurs étrangers ? Suite à des remontées concernant des changements d'emploi trop fréquents et rapides chez des travailleurs étrangers (31 % des détenteurs du visa E-9 ont changé d'employeur durant la première année de leur entrée dans le pays), le gouvernement a décidé d'agir. Changer d'emploi pourrait bientôt devenir plus difficile pour les travailleurs étrangers non spécialisés. Le travail « non spécialisé » concerne par exemple la construction, l'agriculture, l'élevage, la manufacture, etc. Les travailleurs étrangers non spécialisés sont détenteurs du visa E-9. Selon le ministère de l'Emploi et du Travail, 84 969 de travailleurs non spécialisés sont arrivés sur le territoire en 2022, pour un total de 264 000 travailleurs fin 2022. Un chiffre qui se rapproche de celui d'avant pandémie (277 000).

D'un côté, le gouvernement a souhaité augmenter ce chiffre pour répondre à la pénurie de main-d'œuvre. De l'autre, il compte durcir les règles de changement d'emploi. Le changement d'entreprise ne sera possible qu'au sein du même secteur et de la même région. Les nouvelles mesures permettront également aux employeurs coréens confrontés à de graves pénuries de recruter des travailleurs étrangers plus rapidement. Jusqu'à présent, les employeurs devaient se tourner vers un centre local de travailleurs coréens et attendre jusqu'à 2 semaines avant d'embaucher un étranger. La nouvelle mesure élimine le temps d'attente. Pour éviter les tensions entre employeurs coréens et travailleurs non spécialisés, le gouvernement compte créer une nouvelle division qui assurera la médiation et l'archivage des données relatives aux travailleurs étrangers (historiques concernant le travail, lieu de travail, changements éventuels…).

Le gouvernement établit aussi de nouvelles règles pour attirer les travailleurs étrangers. Les plus compétents et expérimentés (au moins 2 ans d'expérience sur le même lieu de travail) n'auront pas à quitter la Corée du Sud, puis à revenir pour renouveler leur visa.

Thaïlande : restrictions concernant les emplois occupés par les étrangers

Avis aux futurs travailleurs expatriés et expatriés en Thaïlande. Début juillet, le ministère du Travail de Thaïlande a mis à jour une liste de 40 métiers interdits aux étrangers, répartis en 3 catégories. La catégorie 1 recense les 27 professions formellement interdites aux étrangers. La catégorie 2 compte les métiers autorisés en vertu d'accord avec d'autres pays. La catégorie 3 est dévolue au travail qualifié ou semi-qualifié, sous conditions.

Parmi les 27 professions interdites aux étrangers figurent les services de coiffure/salon de beauté, la confection de tissus tissés à la main, la fabrication de laque traditionnelle ou d'instruments de musique traditionnels thaïlandais, le massage thaï, le secrétariat ou encore le service juridiques.

En revanche, les étrangers peuvent exercer les métiers relevant de la 2e catégorie, sous réserve de respecter la loi thaïlandaise. À peine 3 métiers sont inscrits dans la 2e catégorie : comptable, ingénieur et architecte. La dernière catégorie ne concerne que les travailleurs embauchés par une entreprise thaïlandaise spécifique. 8 métiers sont concernés : agriculteur, maçon/menuisier, fabricant de matelas, fabricant de couteaux, fabricant de chaussures.

Il existe une 4e catégorie, réservée aux étrangers qualifiés ayant obtenu une autorisation de travail de l'employeur. Cette disposition relève de l'accord entre la Thaïlande et les autres pays (MoU). Seuls 2 métiers figurent dans cette catégorie : sculpteur et vendeur au détail.

Le gouvernement thaïlandais a rappelé ces mesures, alors qu'il fait face à une hausse du nombre de travailleurs expatriés, notamment du Laos, du Cambodge et du Myanmar. Devant les dérives constatées chez certains employeurs, le gouvernement rappelle que les employeurs s'exposent à des amendes de 10 000 à 150 000 THB par travailleur étranger embauché illégalement. Les récidivistes risquent 1 an de prison et/ou 50 000 à 200 000 THB d'amende, assortis d'une interdiction d'employer des étrangers durant 3 ans. Les étrangers travaillant sans permis de travail ou exerçant une profession non autorisée risquent l'expulsion et le paiement d'une amende de 5000 à 50 000 THB.

Allemagne : plus d'anglais dans les services de l'État pour faciliter l'immigration

Votée le 7 juillet par la deuxième chambre, le Bundestag, la nouvelle loi allemande sur l'immigration qualifiée veut attirer et surtout retenir les talents étrangers sur le territoire. Parmi les principaux changements, un système à points, un assouplissement et une simplification des règles d'immigration. En effet, d'après une récente étude du Centre de compétence pour la sécurisation des travailleurs qualifiés, 84 % des entreprises se plaignent de la complexité de la bureaucratie allemande, qui freine les processus de recrutement. Selon l'économiste Monika Schnitzer, membre du Conseil allemand des experts économiques, le pays pourrait aller encore plus vite et mieux dans la simplification des règles pour les talents étrangers. Pointant les compétences linguistiques, elle note que toutes les professions ne nécessitent pas de parler allemand. Il ne serait donc pas utile d'exiger que tous les professionnels étrangers maîtrisent l'allemand. Il faudrait plutôt s'assurer que les agents des services de l'immigration maîtrisent l'anglais, pour mieux accompagner les immigrants. Il faudrait 1,5 million d'immigrants par an pour soutenir l'économie allemande.

Taïwan va délivrer 10 000 bourses aux étudiants étrangers

Le gouvernement de Taïwan a décidé d'octroyer 10 000 bourses pour 4 ans d'études. Annonce faite par la présidente Tsai Ing-wen le 4 juillet, et qui concerne les étudiants étrangers qui s'engagent à rester travailler sur le territoire. Également confrontée à une pénurie de main-d'œuvre sur le territoire, la présidente de Taïwan compte sur ces bourses pour attirer les talents internationaux. Les bourses devraient être disponibles début 2024. Le ministre de l'Éducation Pan Wen-chung encourage les entreprises à recruter ces étudiants diplômés à Taïwan. Pour le gouvernement, c'est la clé de la réussite du projet. Car en plus de subir la pénurie, Taïwan est aussi confronté au recul de sa démographie. L'immigration comme un bon moyen, et de soutenir et renforcer la croissance, et de soutenir la démographie.

Lien utile :

Taïwan : Ministry of Foreign Affairs

Top talents visas à Hong Kong : moins de restrictions pour les candidats ?

Le gouvernement de Hong Kong envisage d'assouplir ses conditions pour permettre à davantage d'étudiants diplômés de postuler pour le Top Talent visa. À l'origine, ce visa est réservé aux étudiants diplômés des 100 meilleures universités mondiales. Il permet aux immigrants ayant une expérience professionnelle de venir travailler 2 ans à Hong Kong sans la nécessité d'avoir au préalable une offre d'emploi. Le gouvernement se dit désormais ouvert aux autres universités, qui, bien que ne faisant pas partie des 100 meilleures du monde, offrent des programmes tout aussi qualitatifs, voire meilleurs que ceux des meilleurs établissements. Le gouvernement pense également à ouvrir son dispositif aux universités proposant des filières spécialisées. Mais selon la presse locale, ces possibles modifications seraient principalement tournées vers les étudiants chinois. D'après le ministère de l'Immigration à Hong Kong, 95 % des candidatures validées viendraient de Chine. Sans modifications, les conditions d'obtention du visa laissaient sur le carreau des étudiants diplômés en Chine, mais qui ne sortaient pas des 100 meilleures universités du monde. Pourquoi le Top talent visa n'attire pas davantage d'étudiants d'autres pays ? Aucun problème pour Chris Sun, secrétaire au Travail, qui parle d'une grande campagne de communication faite dans le monde entier, tout en suggérant que les Chinois « connaissent mieux Hong Kong ». Sun ajoute que la majorité des postulants chinois ont étudié à l'étranger, et constituent « d'excellents talents » pour la croissance de l'économie.

Canada

Ontario : permis obligatoire pour les agences de travailleurs temporaires

Début juillet, le ministre du Travail de l'Ontario Monte McNaughton a annoncé que la province exigera un permis d'exploitation pour les agences de placement temporaire. La mesure fait suite à une série de violations du droit. L'an dernier, le gouvernement a recensé 2300 agences de placement temporaires et 114 000 travailleurs. Des inspections menées dans la province en 2020-2021 ont révélé que « de multiples » agences violent les droits des travailleurs temporaires et les paient en dessous du salaire minimum légal. Les agences en infraction devaient plus de 4 000 000 USD à plus de 10 000 employés.

Tout en reconnaissant le rôle essentiel de ces agences, McNaughton parle d'une « zone grise » qui permettait à certaines agences d'opérer un véritable tractif de main-d'œuvre. L'exigence de la licence d'exploitation permettra de contrer ces dérives. Cette licence sera obligatoire à compter du 1er janvier 2024. La mesure figurait dans la loi du travail de 2021.

À partir de 2024, les agences de placement temporaire auront l'obligation de fournir 25 000 USD sous forme de lettre de crédit qui pourra servir à rembourser les salaires dus aux travailleurs temporaires. Les agences récidivistes risquent 50 000 USD de pénalités. McNaughton évoque une mesure essentielle pour « protéger les membres les plus vulnérables » de la société canadienne. Pour mieux informer les employeurs, le gouvernement mettra en place une liste des agences consultable en ligne. Avant de solliciter leurs services, les employeurs pourront vérifier que les agences respectent bien la nouvelle loi.

Mais des voix notent les limites de la réforme. C'est toujours aux travailleurs de prouver qu'ils ont été exploités. Mais les agences saisissant les passeports des travailleurs temporaires ou leur facturant d'importantes sommes ne délivrent pas de reçu. Difficile donc de trouver des preuves.

Talent Tech Strategy

Le Canada fait un pas de plus dans la Tech. Le 27 juin, le ministre de l'Immigration Sean Fraser a présenté sa stratégie Talent Tech au cours de la Conférence de technologie de collision de Toronto. Cette stratégie fait partie du Plan en matière de compétences mondiales, plan qui aide les entreprises à recruter des talents internationaux. La Talent Tech Strategy repose sur plusieurs piliers, dont la création d'un permis de travail pour les détenteurs du visa américain H-1B, l'extension du Programme de mobilité internationale, l'amélioration du programme Start-up visa et la promotion du Canada comme pays nomadisme digital. Pour le ministère de l'Immigration, il ne s'agit plus seulement de présenter le Canada comme une terre en constante demande de main-d'œuvre, mais aussi comme une terre innovante, créatrice des emplois de demain.

Les piliers de la stratégie Talent Tech sont autant de défis à relever. Au pays de la Tech, le Canada et sa main tendue aux détenteurs du visa H-1B pourront-ils rivaliser avec le géant américain ? Les salaires canadiens concurrenceront-ils ceux proposés aux États-Unis ? Depuis le 16 juillet, les détenteurs du visa H-1B et leurs familles sont éligibles pour venir au Canada. Les candidats pourront obtenir un visa allant jusqu'à 3 ans. Les personnes à charge pourront avoir un visa temporaire (visa d'études, permis de travail…).

Autre question : quels impacts ces mesures auront-elles sur l'économie locale ? Car en parallèle, le Canada maintient sa politique migratoire à près de 500 000 nouvelles arrivées en 2024 et 2025. La stratégie Talent Tech est pensée pour compléter la politique migratoire, et créer un cercle vertueux. Lancement prévu fin 2023.

Attirer les immigrants dans les communes plus petites

Pour désengorger Toronto et Vancouver, le Canada a développé une série de programmes destinés à attirer les immigrants dans les localités plus petites. Parmi eux, le Programme d'immigration Atlantique (AIP) et le Projet pilote d'immigration rurale et nordique (RNIP), basés sur des contraintes géographiques, précisément pour drainer les talents étrangers dans les autres provinces canadiennes. Le Pilote agroalimentaire fait aussi parti de ces programmes, bien que n'étant pas soumis à des contraintes géographiques. Ce Pilote est pensé pour attirer les travailleurs du secteur agroalimentaire vers les régions moins peuplées.

Auparavant délaissés en raison des faibles allocations qui leur étaient réservées, ces programmes gagnent en popularité à mesure que le gouvernement canadien y investit. Une popularité confirmée par l'arrivée de nouveaux immigrants. Ainsi, les allocations pour le AIP sont passées de 6250 nouveaux résidents en 2022 à 8500 cette année. L'AIP encourage les immigrants à s'établir dans les provinces de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, de Terre-Neuve-et-Labrador et de l'Île-du-Prince-Édouard. Les allocations de l'AIP passeront à 11 500 nouveaux résidents en 2024 et 14 500 en 2025. Même évolution pour les programmes pilotes comme le RNIP ou le Pilote agroalimentaire. Pour les provinces concernées, c'est un cercle vertueux. Les nouveaux immigrants contribuent au dynamisme économique et social. Car le Canada est aussi touché par la baisse démographique, baisse plus importante dans les provinces éloignées des grands centres économiques. L'arrivée des immigrants inverse la tendance. Le Nouveau-Brunswick, par exemple, est passé de 747 101 habitants en 2016 à 775 610 en 2021. Certains proposent de rendre les pilotes opérationnels sans limites de temps. Actuellement, le Pilot agroalimentaire, ouvert en mai 2020, expire en mai 2025.

Invitations pour les immigrants francophones

Dans un communiqué de presse en date du 7 juillet, le Canada annonce délivrer ses « premières invitations à Entrée express » pour les immigrants francophones. L'Entrée express facilite les règles d'entrée sur le territoire. Les invitations serviront à favoriser l'entrée des immigrants francophones, pour encourager et renforcer l'immigration économique francophone hors Québec. En effet, la mesure s'inscrit toujours dans le cadre de la stratégie d'immigration pour face face à la pénurie de main-d'œuvre. C'est en 2022 que le gouvernement canadien modifie sa loi sur l'immigration. Il instaure des « attributs clés » basés sur les impératifs économiques du pays, et qui permettent la sélection des candidats. La maîtrise du français fait partie de ces attributs clés, et favorise donc les candidatures des francophones. Par cette mesure, le Canada entend aussi renouer avec l'histoire. Ginette Petitpas Taylor, ministre des Langues officielles, rappelle que le français « fait partie intégrante » de l'histoire et du « paysage culturel et linguistique » du Canada.

La France prévoit plus d'aides pour ses ressortissants à l'étranger

Dans un contexte inflationniste toujours présent, la France augmente ses plafonds d'aide sociale pour ses ressortissants établis à l'étranger. Il existe en effet des aides que l'on peut continuer de percevoir même à l'étranger, comme l'allocation adulte handicapé (AAH), l'allocation enfant handicapé (AEH), ou l'allocation de solidarité (AS). La crise de la Covid a particulièrement impacté les Français de l'étranger, et remis en lumière leur situation spécifique et les allocations auxquelles ils pouvaient prétendre. Allocations dont les seuils maximum ont été régulièrement relevés, pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire. Décision prise par la Commission permanente pour la protection sociale des Français de l'étranger, qui se réunit chaque année. Le contexte inflationniste a conduit la Commission à étendre l'accès aux aides à 18 pays : l'Argentine, le Burkina Faso, le Canada, le Chili, les États-Unis, Haïti, l'Israël, Madagascar, le Mali, le Nigéria, le Royaume-Uni, la Thaïlande, la Tunisie, la Turquie, l'Ukraine, l'Uruguay et le Zimbabwe. Les plafonds d'aides pour ces pays seront relevés. Par exemple, de 350 EUR par mois en 2022 pour un résident à Bangkok, à 390 par mois EUR cette année. Un résident à Chicago pouvait toucher au maximum 707 EUR mensuels en 2022. En 2023, il pourra toucher jusqu'à 757 EUR mensuels.

Finlande

Immigration : le grand virage à droite

Mi-juin, Riikka Purra, cheffe du Parti finlandais, parti d'extrême droite, annonce à la presse un « changement de paradigme » concernant l'immigration. Parmi les mesures annoncées, une coupe drastique du nombre de réfugiés, qui passerait de 1050 à 500. La protection internationale se réduira à son strict minimum ; les permis de séjour accordés dans ce cadre « deviendront temporaires et leur durée sera réduite au minimum de ce qu'accorde l'Union européenne ». Purra prévient que ces permis seront prochainement « retirés » s'il s'avère qu'un demandeur « est en vacances dans son pays d'origine ». Les permis de résidence permanente sont également visés par les restrictions. Leurs conditions d'obtention seront durcies avec notamment davantage d'exigences concernant les compétences linguistiques; même chose pour une demande de citoyenneté. Le « changement de paradigme » évoque aussi des systèmes de prestations sociales différents pour les immigrés. Une mesure qui risque d'être anticonstitutionnelle, selon les experts. Autre sujet polémique, une nouvelle législation qui définirait « l'activité de gang de rue » comme une infraction à part entière. La crispation ne se situe pas au niveau du renforcement des sanctions contre les gangs de rue, mais parce que le gouvernement les assimile aux immigrés. Pour rappel, en 2021, environ 8,5 % de la population finlandaise est d'origine étrangère, soit 470 000 personnes.

Plus d'étudiants internationaux, plus de travailleurs

Si, d'un côté, la Finlande durcit considérablement sa politique d'immigration, de l'autre, elle souhaite attirer 15 000 étudiants étrangers par an d'ici à 2030, et atteindre 30 000 nouveaux travailleurs immigrants par an. Les mêmes raisons que les autres pays sont invoquées : vieillissement de la population et pénuries de main-d'œuvre. Il faut davantage de jeunes actifs pour soutenir l'économie finlandaise. Le directeur des Bureaux d'Immigration à Helsinki Glenn Gassen a les yeux rivés sur l'Inde et ses jeunes actifs. Il compte sur les expériences positives avec les étudiants, chercheurs et entrepreneurs indiens pour tendre vers un renforcement du partenariat avec l'Inde. La Finlande manque de travailleurs dans de nombreux secteurs, comme la santé, les soins aux personnes âgées, ou encore l'industrie. Pour attirer les talents étrangers, la Finlande met aussi en avant ses ressources, notamment dans la Tech : entreprises de haute technologie, cybersécurité, IA, biotechnologie… des secteurs innovants qui cherchent aussi des talents étrangers.

Inde : un pas vers les visas nomades digitaux ?

Rohan Khaunte, le ministre du Tourisme de Goa, en est certain : le visa nomade digital va stimuler le tourisme et dynamiser l'économie locale. Pour le ministre, l'Inde doit s'aligner sur la position des autres pays, qui se sont tournés vers les nomades numériques dès les premiers temps de la réouverture des frontières. Ces travailleurs n'ont que des avantages à offrira aux États. Mobiles, ils travaillent de n'importe où. Leur séjour permet d'alimenter l'économie locale (logement, loisirs, nourriture, transports, etc.). Travailler sous visa touristique est illégal. Le visa nomade numérique, en revanche, est justement conçu pour répondre aux attentes de ces nouveaux travailleurs mobiles. De plus, le visa nomade numérique permet de rester plus longtemps sur le territoire. Certains États délivrent des visas d'un an, deux ans ou plus, renouvelables. Pour l'instant, la réflexion se poursuit en Inde. Pour Khaunte, l'affaire est déjà entendue. Le visa nomade numérique indien sera profitable, non seulement à Goa, mais aussi sur des territoires moins en vue.

La Suède restreint les conditions pour l'immigration familiale

Le gouvernement suédois compte renforcer les conditions d'accès à l'immigration familiale. Annonce faite jeudi 13 juillet par les membres du gouvernement et les démocrates suédois populistes de droite. La coalition formée par les démocrates suédois (SD) et la droite suédoise soutient le projet. La proposition de loi vise à fait à réduire le nombre de demandeurs d'asile. Pour cela, le projet envisage de relever de 18 à 21 ans l'âge limite de refus de titre de séjour pour les conjoints et cohabitants. La nouvelle loi serait également moins tolérante envers les enfants et certains adultes qui, jusque là, pouvaient bénéficier d'un titre de séjour sur la base de circonstances « particulièrement pénible » ; cette dernière mention serait supprimée au profit de raisons « exceptionnelle ». Une condition plus stricte, qui s'appliquerait donc même aux enfants. La mesure reviendrait à durcir les conditions d'octroi du permis de séjour pour cause humanitaire. Comme la Finlande, la Suède parle d'un « changement de paradigme » concernant l'immigration. Critique vive de l'opposition, qui dénonce une influence de plus en plus « problématique » de l'extrême droite.