Impôts : nouvelles mesures pour les Sud-africains vivant à l'étranger

Vie pratique
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Publié le 2017-03-27 à 14:30
Il existait jusqu'alors des accords de non-double imposition entre certains pays. Aujourd'hui, l'Afrique du Sud compte aller encore plus loin : si ses ressortissants ne sont pas soumis à un impôt sur le revenu dans leur pays de résidence, ils devront passer à la caisse en Afrique du Sud.

Si l'Afrique du Sud attire, chaque année, de nombreux professionnels étrangers en quête de nouvelles perspectives de carrière, ses citoyens sont également très nombreux à voguer vers de nouveaux horizons. L'une des raisons derrière cette tendance est probablement sa fiscalité, jugée élevée par certains, sans oublier le contexte économique difficile et l'inquiétant taux de criminalité. Mais depuis les autorités sud-africaines ont annoncé vouloir imposer certains de ses ressortissants vivant à l'étranger, s'expatrier pour des raisons fiscales ne sera peut-être plus aussi favorable à l'avenir. 

Le système fiscal sud-africain

Il y a quelque temps, le système fiscal sud-africain se basait sur la notion de source de revenu. En somme, seuls les revenus d'origine sud-africaine étaient imposés. Or, le gouvernement sud-africain envisage à présent d'étendre l'imposition aux revenus de source étrangère perçus par les ressortissants sud-africains vivant et travaillant dans un pays où l'impôt sur le revenu est faible, voire inexistant. Chose qui, bien sûr, ne fait pas l'unanimité.

A ce jour, les ressortissants sud-africains avant vécu et exercé à l'étranger pour une période de 183 jours sont exonérés de l'impôt sur le revenu en Afrique du Sud. De plus, un ressortissant sud-africain ayant passé 61 jours continus sur un total de 184 jours jours à l'étranger n'est pas tenu de payer l'impôt sur le revenu en Afrique du Sud. Les autorités sud-africaines s'intéressent désormais à certaines destinations très prisées par les ressortissants du pays, comme par exemple, Dubaï où l'impôt sur le revenu est quasiment inexistant. Les autorités sud-africaines tenteraient-elles de profiter de cette exonération pour remplir davantage leurs caisses ?

Ce qu'en pensent les Sud-africains

Alistair, expatrié sud-africain, vit en Éthiopie depuis que l'entreprise qui l'avait embauchée a fermé ses portes à Pretoria pour s'implanter à Adis Ababa, voici deux ans. L'entreprise pour laquelle il travaille, œuvrant dans le domaine du développement global, est actuellement exonérée d'impôts. Grâce aux dispositions fiscales en cours en Ethiopie, tous les employés de cette entreprise sont également exemptés d'impôt. "C'est très avantageux, car le taux de l'impôt sur le revenu en Éthiopie avoisine les 35%", explique Alistair .

Ce qui l'inquiète, par contre, c'est l'intention du gouvernement sud-africain d'exiger que ses ressortissants exerçant à l'étranger paient l'impôt sur le revenu dans leur pays d'origine. « Je ne pense pas que ce soit une bonne chose car cela peut décourager les ressortissants sud-africains de retourner au pays tandis que d'autres ne voudront tout simplement pas tenter l'aventure professionnelle à l'étranger, craignant une fiscalité trop haute dans leur pays natal ». Selon lui, cette décision aura certainement des répercussions directes sur son revenu et sur sa vie privée et pourrait menacer son avenir dans l'entreprise. « Lorsque j'ai été recruté, il était clairement indiqué que l'entreprise s'acquitterait de mes impôts. Si cette nouvelle réglementation entre en vigueur, je coûterai, en conséquence, plus cher à l'entreprise. De ce fait, je me demande si cela vaudra le coût pour eux de me garder ».

Ce n'est pas pour autant qu'Alistair compte retourner en Afrique du Sud de sitôt, mais il dit suivre de très près la mise en œuvre de cette nouvelle réglementation. L'Éthiopie, selon lui, demeure un pays cher. S'il se voit contraint de payer des impôts en Afrique du Sud tout en faisant face au coût de la vie élevé en Éthiopie, il cherchera un emploi dans un autre pays.

De toute évidence, les Sud-africains ont encore leur mot à dire avant que ces amendements ne soient votés. Si cela était le cas, l'Afrique du Sud inventerait un statut fiscal inédit pour ses ressortissants expatriés.