Études à l'étranger : quels pays se démarquent aujourd'hui ?

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Publié le 2022-11-22 à 10:00 par Asaël Häzaq
Deux évènements majeurs ont bouleversé la mobilité des étudiants : le Brexit et la pandémie. Depuis, la mobilité internationale a repris des couleurs, et quelques États figurent parmi les nouvelles coqueluches des étudiants. Quels sont les pays qui attirent le plus les étudiants étrangers ? Quels sont leurs atouts ?

Reprise de la mobilité internationale des étudiants

Les étudiants sillonnent de nouveau le monde pour parfaire leurs connaissances et découvrir une nouvelle culture. Selon la dernière étude de l'UNESCO, 6 millions d'étudiants sont en mobilité internationale. Ce chiffre date de 2019, soit, avant le Brexit et la pandémie. L'Europe devient la première destination des étudiants. L'Asie reste également plébiscitée, grâce à la Chine, mais surtout la Corée du Sud, qui suscite de plus en plus l'intérêt des étudiants étrangers.

Reste un contexte de crise mondiale qui a façonné les nouveaux contours de la mobilité internationale des étudiants. Avec le Brexit, le Royaume-Uni, autrefois classé parmi les premiers pays d'accueil des étudiants internationaux, se fait désormais devancer par l'Australie. Les États-Unis, le Canada et l'Allemagne restent les destinations favorites des étudiants étrangers. La Russie figurait aussi parmi ces pays (5e pays d'accueil en 2019), mais la guerre en Ukraine pèse lourd sur la mobilité. La France conserve une bonne position, après les États-Unis, le Canada, l'Allemagne et l'Australie.

Les pays favoris des étudiants étrangers

Il faudra encore attendre pour connaître les nouveaux chiffres de la mobilité internationale des étudiants. Mais une nouvelle carte se dessine peu à peu, avec un nouveau venu propulsé par la pop culture. La Corée du Sud fait une entrée remarquée parmi les pays favoris des étudiants étrangers, et est bien partie pour asseoir sa nouvelle position.

  • Corée du Sud

On ne présente plus la « hallyu », la vague coréenne qui déferle sur le monde. De plus en plus présente ces dernières années, à travers la musique (K-pop, la pop coréenne), la mode (K-fashion), le cinéma et les séries (K-drama), la bande dessinée (manwha et webtoon), le maquillage ou la gastronomie, la hallyu est en fait une politique gouvernementale mise en place il y a 30 ans. Cette politique, inspirée du modèle américain, est simple : rendre la Corée du Sud attractive en passant par la pop culture. Et ça marche. Les stars sud-coréennes sont les premières ambassadrices de leur pays ; des millions de fans se passionnent pour la culture coréenne et se lancent dans des cours de coréen. Des milliers d'autres poussent l'aventure et partent étudier en Corée du Sud.

D'après le ministère de l'Éducation de la Corée du Sud, plus de 160 000 étudiants internationaux fréquentaient les universités sud-coréennes en 2019. Un chiffre en hausse constante depuis 2014. 2020 marque une rupture, avec 153 695 étudiants internationaux inscrits dans une université coréenne au 1er avril, soit une baisse de 4 %. Les étudiants étrangers font progressivement leur retour depuis la réouverture des frontières sud-coréennes.

Parmi ces étudiants, on compte de plus en plus de jeunes africains. S'ils restent plus nombreux à partir en Chine (plus de 81 000 en 2018, selon le ministère chinois de l'Éducation), ils se tournent désormais également vers la Corée du Sud. À peine 98 étudiants africains fréquentaient une université sud-coréenne en 2003. Ils étaient 2800 en 2019. Principales raisons : la renommée internationale des universités sud-coréennes, et un « miracle coréen » qui concurrence le géant chinois, et même le « rêve américain ». Il n'aura fallu que quelques décennies à la Corée du Sud pour se hisser au rang de puissance mondiale. La hallyu achève de propulser l'État au rang de « pays cool ». L'ascension sud-coréenne ne fait que commencer.

  • Canada

On ne présente plus le Canada, l'un des pays favoris des expatriés. Selon l'Office national des statistiques canadiennes, le pays a accueilli 621 565 étudiants étrangers en 2021, dont 450 000 nouveaux immigrants. Un nouveau record. Le Canada bénéficie d'une excellente réputation internationale. Sa politique d'immigration ouverte et positive séduit les étudiants étrangers. Si l'on parle toujours du « rêve américain », le rêve canadien est tout aussi vendeur. Tout semble possible dans ce pays qui entend accueillir 500 000 nouveaux immigrants d'ici 2025. Les étudiants internationaux savent qu'ils ont de bonnes chances de trouver du travail – le pays, sous tension, cherche des travailleurs qualifiés. Étudier au Canada est un avantage supplémentaire sur le CV. Les universités canadiennes sont reconnues pour la qualité de leurs enseignements et leur flexibilité. Les étudiants étrangers apprécient également le cadre de vie, la diversité et l'inclusivité. Le Canada compte plus de 250 origines ethniques ; on y parle plus de 200 langues. Une chance et un défi pour le gouvernement Trudeau, récemment accusé de lenteur dans les traitements des dossiers des étudiants étrangers, et de discrimination à l'égard de certaines populations.

  • États-Unis

À bout de souffle, le géant américain ? La première puissance mondiale toussote, malmenée par la crise sanitaire. Le nombre d'étudiants étrangers est passé de 1 075 496 en 2019-2020 à 914 095 en 2020-2021. Soit une chute de 15 %. Mais le pays de tous les possibles se relève vite, propulsé par la solide réputation de ses universités et un marché économique dynamique, surtout dans les métiers innovants. Robotique, data, recherche, finances… Pour faire carrière, des milliers d'étudiants étrangers plébiscitent toujours les États-Unis. Dès l'autonome 2021, l'Institute of International Éducation (IIE) comptait une hausse de 68 % des inscriptions de nouveaux étudiants étrangers. Le pays reste la première destination des étudiants internationaux.

  • Allemagne

L'Allemagne a le vent en poupe. Selon l'Office allemand d'échanges universitaires (DAAD), le pays a accueilli 350 000 étudiants étrangers en 2021-2022. C'est 8 % de plus que la période précédente (environ 25 000 étudiants supplémentaires). Un bon chiffre qui s'explique en partie par la stratégie de l'Allemagne. Si le nombre d'étudiants étrangers a continué de progresser malgré la Covid, c'est parce que beaucoup d'entre eux ont décidé de poursuivre leur cursus. Le pays a beaucoup investi pour faire parler de ses doctorats et retenir ses étudiants internationaux. Avec succès. Les étudiants étrangers reconnaissent la qualité des enseignements des universités allemandes, les perspectives de carrière, et le cadre de vie. L'Allemagne, l'un des pays fondateurs de l'Union européenne, est un pilier économique incontournable. Sa position géographique et son influence économique participent également de son bon positionnement chez les étudiants étrangers. 

  • France

Voilà un pays qui semble cumuler les contradictions. Contrairement à ce que son actualité pourrait laisser penser (les politiques s'écharpent actuellement au sujet du nouveau projet de loi immigration du gouvernement), la France a la cote auprès des étudiants étrangers. En 2020-2021, ils sont 365 000 à avoir choisi d'y étudier, à peine 1 % de moins que la période précédente. Contrairement aux autres grands pays d'expatriation étudiante, la France a bien résisté à la Covid. La France aussi met en avant la qualité de ses enseignements, et ses investissements dans l'innovation et les technologies de pointe. Hub et start-ups tissent le nouveau paysage de la France. Bordeaux pour l'aéronautique, Lille pour les technologies de l'image, du son et de l'innovation, Clermont-Ferrand pour les biotechnologies, Grenoble « Silicon Valley » à la française… Sans compter la capitale et ses multiples start-ups. Tout comme l'Allemagne, le pays mise sur sa position géographique (au cœur de l'Europe), son histoire (il est l'un des bâtisseurs de l'UE) et son patrimoine pour attirer les étudiants étrangers.

  • Australie

L'Australie retrouve un nouveau souffle. Selon les chiffres du gouvernement, le pays a accueilli 527 259 étudiants étrangers cette année. Un chiffre en baisse de 4 % par rapport à l'an dernier, mais qui reste encourageant. Car l'Australie revient de loin. Sa politique zéro Covid a stoppé la mobilité internationale étudiante. Devant le marasme économique provoqué par cette situation (avec une perte de 40 milliards de dollars sur un an), le gouvernement a mis en place des corridors, dès le mois d'août 2021 pour permettre la circulation des étudiants étrangers. La mesure s'accompagne d'un plan pour soutenir le secteur universitaire, du remboursement des frais de visas et de la suppression du quota d'heures de travail (les étudiants étrangers étaient limités à 40h/semaine). Mais les associations de défense des étudiants tirent la sonnette d'alarme. Même si le quota d'heures fera son retour en juillet, la souplesse du gouvernement vis-à-vis du travail des étudiants étrangers vise davantage les entreprises que leur bien-être. Confrontée à une pénurie sans précédent, l'Australie compte sur la main-d'œuvre étudiante. Un peu trop, pour les associations, qui rappellent que le travail peut nuire aux études.