Prêt immobilier : le Brexit complique les choses pour les expatriés français

Vie pratique
  • pret immobilier
    Shutterstock.com
Publié le 2022-03-15 à 14:00 par Asaël Häzaq
C'est l'un des investissements privilégiés des expatriés. L'immobilier reste une valeur sûre, d'autant plus cette année. 2021 a marqué les esprits, avec des taux d'intérêt de crédits immobiliers particulièrement bas (parfois, à moins d'1%). Malgré une inflation qui pourrait atteindre 3,5% en juin selon l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), 2022 commence sur la même dynamique que 2021. Une période propice pour les emprunts immobiliers qui n'a pas échappé aux Français expatriés au Royaume-Uni. 

Ces derniers investissent en vue d'un retour en France, pour se constituer un patrimoine immobilier, augmenter leurs revenus, ou encore, pour préparer leur retraite. Mais depuis le Brexit, les règles de l'emprunt se sont durcies.

Investir dans l'immobilier de son pays d'origine : quand les banques ne suivent pas

Les témoignages de Français refoulés par les banques se multiplient. Romain souhaitait préparer son retour en France, en profitant des taux d'intérêt pour acheter un appartement. Il contacte son ancienne banque, qui le dissuade de se lancer dans un achat en France. Les autres banques refusent aussi de le suivre. « J'ai pourtant un bon dossier. Bon salaire, bonne situation. Je sais que je ne passerai pas ma toute ma vie en Angleterre. J'ai bien l'impression que les banques me poussent à y rester. »

Le Brexit explique-t-il à lui seul la frilosité des banques ? Pas vraiment. Les Français vivant à l'étranger ne sont, de base, pas une clientèle prioritaire pour les banques. Le Brexit n'a certes pas joué en leur faveur. Leur statut de non-résident rend les opérations financières plus risquées. Comment vérifier la solvabilité du demandeur ? La banque pourra-t-elle le poursuivre en cas de défaut de paiement ? Comment apprécier sa situation sur le long terme (salaire, situation professionnelle, formalités administratives, renouvellement ou non du visa…) ? Sur le côté pratique, la banque peut être amenée à devoir faire appel à un spécialiste du pays donné pour régler les formalités juridiques, pour passer la barrière linguistique etc. Chaque pays a sa législation, ses procédures, sa monnaie, son système de transactions et de protection de données. Autant de paramètres qui compliquent la tâche des banques françaises, pour un retour sur investissement pas toujours évaluable.

Avec le Brexit, les Français expatriés se retrouvent dans la même situation que les autres Français vivant dans un pays tiers. Difficile pour les banques de faire des affaires avec le compte d'un Français de l'étranger ; son compte n'aura, en principe, que peu de mouvements. Par exemple, il ne recevra pas les salaires de l'expatrié. La banque ne pourra pas proposer à l'expatrié les mêmes services et offres qu'elle propose aux personnes habitants sur le territoire. Le non-résident peut être moins intéressé par les produits de la banque française, qui ne correspondront pas toujours à ses besoins. La législation de son pays d'accueil peut aussi interdire certaines transactions avec une banque française. En résumé, les Français de l'étranger seraient de « moins bons clients »

Financer son emprunt immobilier : les conseils

Quelles solutions pour financer son projet immobilier en France tout en résidant à l'étranger ?

Premier conseil : présentez les meilleures garanties possibles. Les Français expatriés ne sont pas considérés comme prioritaires. Présenter un dossier solide rassure les banques. Elles investiront naturellement sur le profil qui leur semble le plus sûr, qui comporte le moins de risques. Concrètement, une bonne situation professionnelle, un visa long terme, un bon salaire, et un apport personnel élevé (plus élevé que si vous résidiez en France) rendront votre dossier plus solide.

Deuxième conseil : investiguez. Comment se porte le marché de l'immobilier en France ? Si les banques vous fourniront des informations, il vaut mieux que, de votre côté, vous fassiez également vos recherches. Connaissez-vous la ville dans laquelle vous souhaitez acheter ? Avez-vous ou comptez-vous visiter le quartier ? Si l'année 2021 se caractérise par des taux d'emprunt immobilier très intéressants, elle est aussi marquée par une hausse des prix (un peu plus de 7% en moyenne), par une hausse des ventes de logements anciens, de logements de campagne, et de logements dans les villes modestes. C'est l'une des conséquences des confinements. Les acheteurs recherchent des logements plus spacieux, avec jardin, dans des villes moyennes, mais toujours proches des grandes villes (transports en commun accessibles, train…). En parallèle, la poussée inflationniste pourrait paradoxalement profiter aux emprunteurs, sous réserve de négocier son emprunt à un taux fixe. Quelles sont vos attentes en la matière ? Déterminer vos besoins permettra de mieux évaluer le montant de votre prêt, et de votre apport personnel.

Troisième conseil : faites appel à des professionnels. Emprunter en France lorsqu'on réside en France et emprunter depuis l'étranger sont deux choses différentes. Assurez-vous de vous entretenir avec un expert qui a déjà octroyé un prêt immobilier à un non-résident. Toutes les banques ne sont pas spécialistes en la matière. Pensez aux courtiers spécialisés dans les prêts immobiliers pour les non-résidents. Certains pensent, à tort, que solliciter leurs services fera gonfler la facture. Or, les honoraires de courtage sont généralement de l'ordre de 1%. Les courtiers ont un solide réseau leur permettant de négocier des taux intéressants. De plus, ils connaissent le terrain. Ils vous feront gagner un temps précieux, joueront de leur réseau pour vous proposer l'offre qui correspondra le mieux à vos attentes.