Un jour à la fois

L'Expat du mois
Publié le 2016-02-02 à 07:09 par Expat.com team
Je suis Otir sur la toile, Laurence dans mon village, et je viens de Paris en France où j'ai vécu quarante ans avant de vivre aux Etats-Unis sur la côte Est, dans la forêt du Westchester.

Je suis Otir sur la toile, Laurence dans mon village, et je viens de Paris en France où j'ai vécu quarante ans avant de vivre aux Etats-Unis sur la côte Est, dans la forêt du Westchester.


Comment t'est venue l'idée de t'installer aux États-Unis?

J'ai suivi mon époux, qui voulait s'y installer pour poursuivre sa carrière de musicien de jazz. Quelques semaines après mon arrivée avec mes deux enfants, alors en bas âge, l'aîné a été diagnostiqué autiste. J'ai alors décidé de rester parce que les services aux enfants différents étaient bien mieux adaptés qu'en France.

Depuis combien de temps es-tu partie ? Est-ce la première fois que tu vis loin de chez toi ?

Je suis partie depuis bientôt 18 ans. Je n'avais jamais envisagé de vivre loin de chez moi. La vie en a décidé autrement.

Comment s'est passée l'installation ?

L'installation s'est passée comme dans un brouillard. Les événements ont été tellement précipités que je n'ai pas eu un instant pour vraiment me retourner et me rendre compte de ce qui m'arrivait.

Les Américains sont-ils accueillants ?

Les Américains sont extrêmement accueillants et chaleureux. J'ai trouvé des petits cadeaux de bienvenue à ma porte, j'ai été invitée formellement aux réunions des voisins, pour le Memorial Day, et ensuite pour la fête de l'Indépendance, le 4 juillet. Cela m'a permis de faire rapidement la connaissance de tous mes voisins qui se sont toujours offerts pour m'aider dans toutes mes démarches, dans les courses et dans mes déplacements.

Qu'est-ce qui t'as le plus surpris aux États-Unis ?

Ce qui m'a le plus surpris, c'est l'abondance de "faux" choix et la résistance farouche à l'intervention de l'Etat dans les affaires sociales, ce qui donne lieu à des disparités socio-économiques tellement choquantes. En contrepartie, la solidarité individuelle est remarquable, et la force des communautés réside dans leur générosité et la capacité à s'organiser et réseauter.


Quelles sont les différences les plus marquantes avec la France, ton pays d'origine ?

L'optimisme est la différence la plus marquante pour moi avec la France, que j'aime tendrement, mais qui est résolument négative et quand les choses vont mal, a tendance à se lamenter et protester, alors qu'aux Etats-Unis, la tendance est toujours d'essayer de rebondir après un déboire, de repartir d'un bon pied, et de voir les revers comme des occasions de faire mieux.

Quel est ton meilleur souvenir ?

Mon meilleur souvenir pour l'instant est la façon dont toute ma communauté s'est mobilisée pour permettre la célébration de la bar-mitzvah de mon fils cadet et s'est chargée de toute l'organisation pour moi.

Comment as-tu vécu la récente tempête Jonas ? As-tu déjà vécu une expérience similaire auparavant ?

La dernière tempête Jonas n'a pas fait de dégâts par chez nous. En dix-sept hivers, il y en a eu de bien pire, notamment avec l'ouragan Sandy qui a dévasté ma région et fait beaucoup de morts, y compris deux enfants de notre voisinage, qui ont été tués quand un arbre s'est abattu sur leur maison. Les tempêtes de neige sont redoutables mais pas autant que les ouragans lorsque l'on perd le courant, parfois pendant des semaines. Cela peut encore se produire cette année, et c'est ma hantise.

Est-ce qu'il y a des choses qui te manquent depuis que tu es installée aux États-Unis ?

Bien sûr, comme par exemple les Monoprix, les boulangeries et les papeteries. Mais, comme je garde un souvenir d'il y a très longtemps, peut-être que tout cela aussi a changé. Pour le reste, on s'habitue à tout, et puis, les colis, ça existe ! Ce qui me manque le plus, ce sont mes amis et ma famille.
 

La vie d'une expat aux États-Unis, ça ressemble à quoi ?

Il n'y a rien de typique dans ma vie. Dès le premier mois de mon installation, j'ai dû faire face à des situations atypiques, heureusement ce n'est pas tout le monde qui reçoit un diagnostic qui va affecter toute votre vie de parent dans les jours qui suivent votre arrivée, et qui chamboule tous vos projets. Ce qui a été particulièrement marquant, c'est l'intérêt évident pour les enfants différents et pour leur permettre d'avoir toutes leurs chances au lieu de les exclure.
 

Qu'est-ce qui t'a donné envie d'écrire ce blog ?

Justement le fait que je me suis aperçue qu'il n'y avait strictement rien de typique dans mon expatriation, même le fait qu'elle n'avait pas été décidée, mais que j'avais fini par me retrouver dans cette vie par un effet du destin, et que je souhaitais partager ce destin, avec le plus grand nombre.

As-tu déjà rencontré du monde grâce à ton blog ?

Enormément.

Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à celles et ceux qui souhaitent vivre aux États-Unis ?

Parlez correctement l'anglais, ne venez pas avec l'idée que l'on vous doit quoi que ce soit, soyez ouverts et généreux et même si vous trouvez que les choses sont imparfaites, soyez prêts à parler des bons côtés. Continuez à priser les habitudes de vie que vous a donné votre éducation française, notamment pour la vie de famille pour ne pas céder à la tentation du fast-food (attention aux kilos !), ne comptez pas sur l'administration pour vous faciliter la vie, mais au contraire rapprochez-vous des réseaux d'amis, et n'hésitez pas à faire du volontariat pour vous intégrer dans la communauté.
 

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