Interview : Nina Camatta, présidente du Centre des Jeunes Dirigeants à Maurice

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Publié le 2021-05-05 à 09:15 par Veedushi
Nina Camatta, à la tête du Centre des Jeunes Dirigeants à Maurice, sait ce qu'elle veut et fait tout pour l'avoir. Voilà six ans que Nina Camatta alterne entre l'Ile Maurice et la France, alliant entrepreneuriat et expertise-comptable et surfant entre le rythme effréné de Paris et la dolce vita de l'Ile Maurice. Voici son histoire.

Pouvez-vous vous présenter brièvement et nous parler de votre parcours ?

Après une expérience de 10 ans dans un cabinet d'audit et d'expertise-comptable à Paris, j'ai créé mon propre cabinet en 2011. En 2015 s'en est suivie la co-création d'une activité d'externalisation de travaux comptables et d'accompagnement entrepreneurial à destination à l'Ile Maurice, complétée en 2019 d'un bureau à Madagascar. Le tout en parallèle de mon activité en France que j'ai conservée. Je pense avoir choisi le métier d'expert-comptable et de commissaire aux comptes pour être au quotidien auprès des entrepreneurs, tout en étant moi-même. 

D'autre part, cela fait plus de 10 ans que je suis engagée dans les réseaux associatifs et institutionnels. Dans un premier temps auprès de mes instances professionnelles, avec des fonctions électives régionales et nationales, puis au sein de réseaux professionnels (métiers du web, finance, interprofessionnels du chiffre et du droit) et enfin auprès du CJD Ile Maurice depuis 2020, que j'ai intégré en tant que membre en 2017. 

Qu'est-ce qui vous a amené à l'île Maurice ? Depuis combien de temps y êtes-vous ?

Je suis arrivée à l'Île Maurice en 2015, avec un projet mixte entrepreneurial et personnel. Mon souhait était de pouvoir concilier mes aspirations personnelles - travailler à l'étranger et vivre sur une île paradisiaque plusieurs mois par an – avec ma situation professionnelle. C'est tout naturellement que mon choix s'est porté sur l'Ile Maurice, l'endroit idéal pour réaliser un tel projet. Depuis, hors limitations de déplacements que nous vivons depuis un an, je partage ma vie entre l'Océan Indien et la France. J'ignore ce qui m'a porté vers cette belle île, j'ai suivi mon intuition et ne me suis pas donnée de limite. J'ai très rapidement aimé la culture, le style de vie, l'ouverture à l'international. Et mesuré toutes les opportunités qui s'y présentaient. 

Vous êtes présidente du Centre des Jeunes Dirigeants à Maurice. En quoi consiste votre rôle ?

Mon rôle est multiple : veiller à la bonne marche de la section, la représenter auprès du CJD International (l'institution et les autres pays), en effectuer la promotion auprès de son environnement notamment. Mais aussi, comme tout membre, participer aux formations et événements qui y sont organisés. 

Qu'est-ce que cela fait d'etre une femme à un poste de ce genre dans un pays comme l'ile Maurice ? Bénéficiez-vous du soutien de vos collaborateurs ?

A titre personnel, la question du genre ne s'est jamais posée. Ce d'autant plus que les membres du CJD partagent les mêmes valeurs, dont le respect de la dignité humaine, qui par nature écarte la discrimination, quelle que soit sa forme. 

Pour exercer ma fonction je suis aidée d'un bureau, d'une permanente à temps partiel, de membres actifs et de la structure du CJD International. Les réunions d'échanges que j'ai régulièrement avec les autres présidents des autres pays sont également très inspirantes et sources de soutien. 

Depuis quand le CJD Maurice existe-t-il et quelles sont ses missions ?

Le CJD Maurice existe depuis 2015 ; ses missions sont les mêmes que celles du CJD France, avec une dimension internationale.  

Le CJD a été créé en France en 1938. Il s'agit d'une organisation patronale qui au fil du temps s'est transformée pour devenir aujourd'hui un réseau international de dirigeants, qui apporte autant sur le plan individuel du dirigeant que sur son environnement et son activité professionnelle. Le CJD transforme. Il s'agit d'une « école de dirigeant », avec un parcours dédié et nombre de formations et de réflexions, mais pas que. 

Sur le site du CJD nous pouvons lire « Mettre l'économie au service de l'homme est depuis toujours notre moteur au CJD. Le CJD est bien plus qu'un mouvement d'entrepreneur·e·s engagés et humanistes, c'est un véritable action tank qui, par la force de son collectif, défriche des idées, mène des expérimentations, développe des approches, questionne les manières d'agir pour bâtir des entreprises plus responsables, plus durables et plus agréables. Le CJD, c'est une expérience de transformation de soi en tant que dirigeante et dirigeant qui encourage à oser et ouvrir le champ des possibles. Parce qu'il est urgent, pour toutes et tous et pour la planète, d'avancer différemment. » qui est un très bon résumé de ses missions. 

Le CJD compte actuellement 5 700 dirigeants d'entreprises dans 17 pays affiliés. Qu'en est-il à Maurice ?

Le CJD Maurice est en petit comité qui compte actuellement 24 membres. C'est ce que nous pouvons appeler un réseau confidentiel. Ce qui nous permet de tous bien nous connaître, de développer une proximité et des liens de confiance. A travers le monde, la taille des sections varie de 10 à plus de 150 membres. Nous sommes en période de recrutement, avec un objectif de recrutement de 5 à 15 personnes au plus.  

Quels types de profils considérez-vous au sein du CJD et comment faites-vous pour les trouver ?

Le profil du JD (jeune dirigeant) est un entrepreneur/dirigeant/manager, y compris en solo. Il n'y a pas de limite d'âge, sauf à être jeune dans sa tête ! Nous recrutons nos membres par cooptation et par sollicitation volontaire. Un processus de recrutement précis est ensuite mis en œuvre. 

Le CJD arrive-t-il à atteindre ses objectifs à l'île Maurice ? Quels sont les principaux défis auxquels vous devez faire face ?

L'année 2020/2021, a été celle de la relance de la section,  après une année de pause : l'objectif a été atteint. Avec une bonne visibilité au sein du réseau du CJD International et  auprès des autres sections de la zone Océan Indien (La Réunion, Madagascar, Mayotte). En revanche, en raison de la crise sanitaire internationale qui nous touche tous depuis mars 2020, tous nos événements, formations et autres actions n'ont malheureusement pas pu se tenir. Quelques membres sont aussi repartis à l'étranger. Mais ce n'est que partie remise !

Les défis auxquels la section doit faire face sont nombreux.  En premier lieu la motivation des membres à s'engager, tant pour eux-mêmes que pour le collectif. Rien de tel que l'engagement pour s'enrichir, grandir, se transformer. Et faire progresser le collectif. Mais ce n'est pas si simple en pratique ; c'est une situation que connaissent nombre d'associations. 

Quels sont les projets qui vous tiennent à cœur à la tête du CJD et comment comptez-vous y arriver ?

Les projets qui me tiennent  à cœur au sein du CJD sont de développer la section Ile Maurice, apporter encore plus de formations et d'événements à ses membres, la faire rayonner auprès des autres sections du CJD international, sans oublier l'influence locale. Enfin et bien sûr, assurer sa pérennité et ma succession ; le mandat de la présidence étant fixé à 2 ans. 

Pour y arriver, outre mon implication personnelle, je compte sur la motivation et l'engagement de mon bureau et de mes membres, mais aussi le support du CJD International qui est en pleine structuration et développement d'outils prêt à l'emploi. 

Hormis votre titre de présidente du CJD, quelles autres casquettes portez-vous et quel est le rôle qui compte le plus pour vous ?

Présider le CJD Ile Maurice est un rôle qui requiert de la disponibilité et de l'engagement, en plus de sa vie personnelle et professionnelle. C'est pour cela que je me suis volontairement libérée de toute autre fonction élective. Me consacrer à la promotion de l'entrepreneuriat, via le CJD, est pour moi le rôle prioritaire. 

Où vous voyez-vous dans les 5 prochaines années ?

Nous sommes toujours en évolution, qu'elle soit brutale ou la résultante d'un cheminement progressif. Pour ma part, je me vois toujours avec mon activité professionnelle actuelle, engagée auprès du CJD International, parcourant divers pays. Depuis que je suis à l'Ile Maurice j'ai la  vision d'un projet entrepreneurial qui me tient à cœur, que je n'ai malheureusement pas encore mis en œuvre. Il s'agit d'un projet de soutien et de mise en avant d'entrepreneurs individuels dans le cadre d'activités locales, responsables et durables, avec un volet éducatif et social. Arrivé à un certain niveau de maturité et d'aisance, il est du rôle de chaque entrepreneur d' accompagner et de donner, de prendre une part active à l'amélioration de son environnement. Prendre sa place, en tant que dirigeant/entrepreneur, est une notion concrète, dont l'approche requiert un travail sur soi ; ce à quoi le CJD est une précieuse aide.

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