Marché du travail : l'impact de la crise sanitaire

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Publié le 2020-11-20 à 05:45 par Veedushi
Le gouvernement malaisien a récemment annoncé son intention de réduire sa main-d'œuvre étrangère afin de promouvoir l'emploi des Malaisiens. Le pays emboîte ainsi le pas de nombreuses destinations attractives pour l'expatriation professionnelle, comme Singapour ou l'Arabie saoudite. Parallèlement, d'autres pays profitent de la situation pour redorer leur blason aux yeux des professionnels étrangers par différents moyens et, ainsi, booster leur économie. Qu'est-ce que cela signifie pour ceux qui recherchent du travail à l'étranger ?

L'impact de la crise de COVID-19 sur le marché du travail international est non négligeable. D'autant plus que le travail à distance semble être devenu la nouvelle norme aux quatre coins du monde. Moins enclines à recruter à l'international, que ce soit en Europe ou ailleurs, les entreprises préfèrent préserver leur main-d'œuvre existante tout en réduisant les coûts. Le licenciement étant devenu inévitable ces derniers mois, avec plusieurs secteurs en berne, notamment le tourisme, l'hôtellerie et la restauration, le taux de chômage ne cesse de grimper alors que le taux d'employabilité a tendance à stagner. Cela a poussé des milliers de professionnels à reporter ou tout simplement annuler leur projet d'expatriation.

Aujourd'hui, très peu de pays continuent à recruter des professionnels étrangers afin de répondre à la demande du marché du travail. C'est le cas du Canada. D'autres, comme l'Australie et la Nouvelle-Zélande se sont récemment engagés à rouvrir leurs frontières aux profils étrangers les plus qualifiés à partir de 2021. Ainsi, seules les personnes qui possèdent des compétences qui figurent sur les listes de pénurie de main-d'œuvre, comme les infirmiers, les médecins, ou encore, les ingénieurs en informatique, ont une chance d'être sélectionnées. Cela témoigne d'une profonde transformation du marché du travail et de la tendance actuelle du monde de la mobilité internationale.

De l'Asie au Moyen-Orient

Jadis attractive pour le travail, la Malaisie accusait un taux de chômage de 4,6% en septembre 2020, ce qui correspond à une hausse de 1,3% par rapport à la même période l'an dernier. On y compte ainsi plus de 737 500 sans emploi. Un chiffre alarmant, pour le moins que l'on puisse dire, même si quelque 35 500 personnes sont parvenues à y décrocher un emploi au cours des derniers mois. Comme de nombreux pays d'Asie, la Malaisie peine à maintenir la tête hors de l'eau depuis le début de la crise. C'est la raison pour laquelle son gouvernement a choisi de prioriser l'emploi des locaux, y compris des jeunes diplômés. Dorénavant, pour recruter des professionnels étrangers, un employeur doit justifier de l'absence des compétences requises sur le territoire malaisien. Toutes les nouvelles offres d'emploi doivent donc être publiées sur le portail officiel MYFutureJobs afin de donner une chance aux Malaisiens de postuler.

C'est d'ailleurs l'approche adoptée par l'Arabie saoudite ces derniers mois. Une situation qui ne fait qu'accélérer le processus de nationalisation du marché du travail. Comme l'Arabie saoudite, de nombreux pays du Moyen-Orient, y compris le Qatar et le Koweït, font aujourd'hui face à ce qu'on appelle « l'exode des expatriés ». Ceci a d'ailleurs entraîné une baisse démographique significative dans la plupart de ces pays. Il est intéressant de noter qu'un bon nombre de ces pays abrite d'importantes communautés d'expatriés de différentes nationalités qui s'y sont installées principalement pour le travail.

En revanche, face à la forte présence de travailleurs étrangers sur son territoire et dont elle dépend de manière significative, l'Arabie saoudite a récemment entrepris une réforme de ses lois du travail. Cette réforme, qui devrait entrer en vigueur en mars 2021, a pour but d'accorder davantage de droits aux professionnels étrangers. Jusqu'à présent, les professionnels étrangers qui travaillent en Arabie saoudite dépendent de leur employeur ou sponsor. Grâce aux nouvelles lois, ils bénéficieront dorénavant d'une plus grande mobilité professionnelle. En d'autres mots, ils auront la possibilité de changer d'employeur sans aucune contrainte et de décaler leurs visas de sortie ou de ré-entrée. Cette démarche devrait ainsi accroître la compétitivité du marché du travail saoudien, sans compter les avantages financiers qui en incombent.

Le cas de Singapour

Avec un taux de chômage de 3,6% aujourd'hui, comparé à 4,7% en septembre dernier, Singapour semble vouloir se remettre sur les rails petit à petit. En effet, le pays a annoncé, en mai 2020, de nouvelles mesures visant à réduire le nombre de professionnels étrangers qui se trouvent sur son territoire. Parmi ces mesures, on retrouve un salaire minimum de 3 900 $SG par mois pour être éligible pour un Employment Pass. Pour les professionnels du domaine de la finance, le salaire minimum requis passe de 4 500$SG à 5 000 $SG par mois. Une situation qui est en train de décourager les employeurs à recruter des professionnels étrangers. Il n'empêche que Singapour reconnaît l'importante contribution des talents étrangers à son marché du travail et à son économie. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le pays a prévu de lancer un nouveau programme intitulé « Tech Pass ».

Ce programme, chapeauté par l'Economic Development Board, ambitionne d'attirer au moins 500 professionnels du secteur de la technologie à partir de janvier 2021. Grâce à ce nouveau visa, les candidats potentiels auront l'opportunité de créer plusieurs entreprises à Singapour et de devenir un investisseur, un consultant ou un mentor pour des start-ups locales. En revanche, ce visa ayant une durée de deux ans, il ne s'adresse pas aux professionnels de l'informatique qui souhaitent intégrer le marché du travail singapourien. Seules les personnes pouvant apporter une valeur ajoutée au secteur informatique à travers leur talent et leurs investissements seront considérées.

Pour y être éligible, les candidats doivent toucher un salaire d'au moins 20 000 $SG par mois et avoir une expérience d'au moins 5 ans dans la gestion d'une entreprise technologique ayant une valeur marchande d'au moins 500 millions de dollars américain. Ceux ayant une expérience d'au moins 5 ans dans le développement d'un produit technologique qui soit génère plus de 100 millions de dollars américains ou dispose d'au moins 100 000 utilisateurs actifs par mois seront également considérés.

La priorité aux investisseurs

Comme Singapour, de nombreux pays préfèrent aujourd'hui capitaliser sur l'investissement étranger plutôt que le recrutement. Le Qatar, par exemple, a choisi de réduire les coûts relatifs à l'emploi des professionnels étrangers dans ses ministères et organismes publics par 30% depuis juin dernier. Une situation qui n'a pas été sans conséquence pour le marché du travail ainsi que l'économie du Qatar. Pour remonter la pente, le pays propose aujourd'hui la résidence permanente à travers l'investissement immobilier résidentiel et commercial. Toutefois, pour y être éligible, le montant de l'investissement doit être d'au moins un million de dollars.