Les protestations et la crise sanitaire aux États-Unis vues par un expatrié italien

Interviews d'expatriés
  • mbrascatu
    Andrea Algieri
Publié le 2020-09-30 à 13:15 par Francesca
Andrea est originaire de Calabre. Après avoir passé des années à Florence, ou il a complété ses études, il décide de s'envoler pour Portland, aux États-Unis. Il y vit depuis 13 ans maintenant. Ayant la musique dans le sang, il y fonde un groupe de musique. Aujourd'hui, Andrea parle à Expat.com de sa vie quotidienne aux États-Unis et nous parle de la crise sanitaire et des récentes protestations.

Pouvez-vous vous brièvement à nos lecteurs ?

Je m'appelle Andrea Algieri. Je suis né dans une petite ville de Calabre, Luzzi, dans la province de Cosenza. Après le lycée, j'ai déménagé à Florence afin d'y poursuivre mes études. J'y ai vécu pendant environ 15 ans. Après quelques années, j'ai déménagé à Portland, dans l'Oregon. Je suis musicien/compositeur. Depuis environ 10 ans, j'ai fondé un groupe de musique sous le nom de « Mbrascatu ».

Qu'est-ce qui vous a amené aux États-Unis ?

J'ai déménagé aux États-Unis pour être avec mon ex-épouse qui est Américaine.

D'où vient votre passion pour la musique ?

Ma passion pour la musique remonte à mon enfance. Je me rendais souvent à la «Radio Tebe Lucana », une radio locale. Mon cousin était l'un des DJ à l'époque. J'y ai passé des après-midi entiers à écouter toutes sortes de musiques. C'est à partir de ce moment-là que j'ai commencé à m'y intéresser. Quelques années plus tard, cette passion a connu un crescendo quand mes amis et moi avons décidé de créer un groupe.

Que signifie Mbrascatu, le nom de votre groupe de musique ?

Mbrascatu est le surnom de ma famille. Mon grand-père, Algieri Gerardo, aussi connu Mastru Gerardu Mbrascatu, a toujours été une figure très importante dans ma vie. Il m'a d'ailleurs offert ma première guitare que je garde jalousement jusqu'à présent. Pour lui rendre hommage, mais aussi pour préserver mes racines, j'ai décidé de donner ce nom au groupe.

Comment Portland, votre ville d'adoption, inspire-t-elle votre créativité ? Quels sont les thèmes que vous abordez dans vos chansons ?

Portland est une ville qui déborde de bonne musique. J'assiste souvent à des concerts de groupes locaux, quel que soit le genre musical. Ils sont une grande source d'inspiration pour moi. Les sujets abordés dans mes chansons varient selon mon humeur. Tout ce que je raconte, avec des notes autobiographiques, c'est ce que je ressens au fond de moi.

Quel est le secret de votre succès auprès du public américain depuis que vous avez fait le choix de chanter en italien ?

Depuis le tout début, nous avons essayé d'accrocher notre public au niveau musical. Nous nous concentrons beaucoup sur les arrangements. Nous avons assemblé différents sons et genres sans jamais rien prendre pour acquis. Ce mélange de sons, en plus la langue italienne, nous a donné une voix « unique ». Je crois d'ailleurs que c'est la clé de notre succès. Je pense que la musique ne connaît aucune barrière linguistique. La voix n'est rien d'autre qu'un instrument. Chanter en italien à l'étranger et voir que tout ça est accueilli avec beaucoup d'enthousiasme, même par des personnes qui ne connaissent pas l'italien, est une chose merveilleuse !

Comment se sont déroulées vos premières années à Portland. Qu'avez-vous fait avant de vous consacrer à plein temps à la musique et à la composition ?

Les premières années, j'ai travaillé dans quelques restaurants mais j'ai toujours continué à produire de la musique. Depuis la naissance de mon fils Francesco, qui a 5 ans aujourd'hui, j'ai décidé de me consacrer exclusivement à la musique. Je dois reconnaître que je n'aurais pas pu faire un meilleur choix.

Quelle est la situation de la crise de COVID-19 à Portland ? Comment les autorités ont-elles géré la situation ?

À Portland, nous avons eu quelques cas au début de la pandémie, mais le nombre était faible en raison de l'absence de tests de dépistage. Durant les deux derniers mois, le nombre de cas a considérablement augmenté, même si la plupart sont asymptomatiques. Nous avons eu droit à un confinement partiel. Nous avons donc pu nous déplacer en toute sécurité sans aucun contrôle, mais de nombreuses entreprises ont été contraintes de fermer. Avec l'augmentation du nombre de cas depuis la réouverture, le gouverneur Brown envisage d'instaurer le confinement a nouveau. Si cette décision devait être prise, de nombreuses activités risquent de se retrouver au bord du gouffre. En ce qu'il s'agit de la prise en charge des patients, les institutions ont fait un excellent travail. Il n'empêche qu'il est grand temps que le système de santé soit complètement remanié.

Quel a été l'impact de la crise sanitaire sur votre activité professionnelle ?

L'art est l'un des secteurs les plus touchés par la crise sanitaire. Tous nos concerts en 2020, ainsi que ceux de mes confrères, ont été annulés. D'ailleurs, nous ne savons pas si nous pourrons à nouveau donner des concerts en 2021.

Ces derniers mois, de nombreuses villes américaines, dont Portland, ont été le théâtre de manifestations pour dénoncer la brutalité policière. Quel est votre point de vue sur la question et avez-vous participé à ces événements ?

Je crois que tout le monde a le droit de manifester. Pour ma part, j'ai soutenu le mouvement « Black Lives Matter » et je continuerai de le faire. Cependant, je condamne sans réserve la violence qui n'a rien à voir avec le message du mouvement BLM.

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