D'où venez-vous et depuis combien de temps vivez-vous en France ? Qu'est-ce qui vous y a amené ?
Je suis né à l'Ile Maurice, je suis de Quatre Bornes. Je vis en France depuis septembre 2000. Initialement, je suis parti pour mes études, à Toulouse. J'ai une double compétence, j'ai une licence d'économie et un master informatique en ingénierie des systèmes d'information. Ensuite, je suis monté à Paris où il a été facile de trouver du travail. Et les choses ont suivi, mariage, trois enfants, et divorce. Depuis, nous nous partageons la garde avec mon ex-épouse, une semaine sur deux. Nous avons une fille de 9 ans, un garçon de 5 ans et une petite de 2 ans.
Qu'est-ce que la crise du Coronavirus a changé dans votre vie de famille ? Comment se passe l'organisation des journées pendant le confinement ?
Emmanuel Macron a annoncé la fermeture des écoles lors de ma semaine de garde. Le confinement a été annoncé dans la foulée. Mon ex-femme étant un peu souffrante, j'ai décidé de les garder deux semaines en confinement.
Le plus compliqué à mettre en place ce sont les courses. Soit on passe deux heures dans un magasin, soit on fait des commandes en ligne avec semaine de délais de livraison. Comme je ne peux pas laisser les enfants seuls à la maison, je n'ai pas le choix, on commande et on se fait livrer les courses. Au niveau boulot, j'ai la chance de pouvoir faire du télétravail mais j'ai du adapter mes horaires.
Les professeurs nous envoient le programme de la semaine avec les devoirs le lundi ou mardi à imprimer. J'ignore comment les famille qui n'ont pas d'imprimante fonctionnent. Le matin je passe une bonne heure avec ma grande fille sur les cours et devoirs. Ensuite, j'enchaîne avec des réunions de travail en téléconférence. Apres le dejeuner, je reprend les devoirs avec mon fils.
Le reste du temps, il faut les occuper. On sort un peu dans le jardin l'après-midi, ils regardent des dessins animés, jouent sur leur tablette, font des dessins, ils appellent leur maman et leur grand-mère par visio… ce n'est pas facile à gérer.
Quel impact cette situation a sur vos enfants ? Ont-ils conscience de ce qui se passe ?
Ils en ont parlé un peu à l'école, de façon ludique, avant le confinement. Ils ont appris des bons gestes sur comment bien se laver les mains par exemple. Ma grande fille de 9 ans est celle qui comprend le mieux et aussi celle qui est le plus affectée car nous avons fêté son anniversaire samedi dernier. Elle était très triste de ne pas pouvoir inviter ses amis. Pour elle c'était une catastrophe. Elle a même mis un message sur le frigo : “Le coronavirus a gâché mon anniversaire.”
Les deux plus petits, tant qu'ils peuvent jouer, sont plutôt contents d'être à la maison même si le contact extérieur leur manque. Mais on en parle, je leur explique pourquoi nous ne pouvons pas sortir, que c'est à cause d'une maladie qu'on peut attraper n'importe où, qui fait tousser. J'essaie de simplifier les choses.
Beaucoup de parents sont aujourd'hui confinés avec leurs enfants. Aurais-tu un conseil à partager ?
Il faut laisser les enfants vivre. Même si il y a beaucoup de devoirs à faire, ne pas s'acharner toute la journée. La situation est déjà stressante à vivre au quotidien, il faut profiter de tous les moments qu'on a ensemble. Nous parents, nous ne sommes pas profs. Alors on essaie de jongler. Je pense que lorsque l'ecole pourra reprendre, les professeurs aideront à rattraper le retard.
Suivez-vous ce qui se passe à Maurice ? Envisagez-vous un retour au pays après le coronavirus ?
Oui bien sûr, je me tiens informé de ce qui se passe dans mon pays natal. Toute la famille va bien. J'envisage de me réinstaller à l'Ile Maurice, mais quand les enfants seront grands.
