C'est vaste comme question, on pourrait faire une conférence de 2h sur le sujet... Pour résumer:
- Le Pérou est globalement sous-exploré (du point de vue géologique, et surtout en ce qui concerne les hydrocarbures), et quand on regarde les pays alentours (Vénézuela, Colombie, Bolivie, Argentine), il y a probablement de grosses découvertes à faire, notamment dans les bassins subandins, et en off-shore. La seule découverte majeure des bassins sub-andins est "Camisea" (gaz naturel), alors que ces mêmes bassins dans les pays voisins ont de nombreux champs gaziers et pétroliers.
- Le problème actuellement, ce sont des groupes qui n'ont aucun intérêt à ce que des entreprises formelles s'installent. S'il y a eu des abus dans le passé, les entreprises formelles sont maintenant très contrôlées (il faut avant de commencer tout travail faire des Estudios de Impacto Ambiental très poussés). Par contre, il existe dans la jungle au pied des Andes trois problèmes majeurs: les mines illégal, les bûcherons illégaux et la culture de coca pour le narcotrafique. Ces trois activités ne voulant absoluement pas que des entreprises formelles s'installent dans leur zone, elles organisent des manifestations, montent de fausses ONG environnementales, etc... Dans la "sierra", ce sont les mines illégales qui font tout pour empêcher l'installation des mines formelles. On arrive au paradoxe suivant: les entreprises formelles, maintenant très contrôlées et ayant un impact environnemental plus faible ne peuvent pas s'installer, et ce sont les activités les plus dévastatrices de l'environnement qui restent (mines illégales, déforestation). De plus, les activités légales rapportent (beaucoup) à l'Etat et aux Régions, tandis que les activités illégales ne rapportent par définition rien en impôts (mais financent toutes sortes de mafias).
- Le gouvernement ne fait rien actuellement pour favoriser l'investissement et contrer les groupes mafieux des mines illégales et du narcotrafique. Il y a eu une une légère tentative au début du mandat d'Humala d'améliorer les choses, mais aujourd'hui c'est au point mort (cf. événements du projets Las Bambas la semaine dernière, Tia Maria à Arequipa il y a quelques mois, événements de Pichanaki l'année dernière, Conga il y a 2 ans, etc...). Si le problème persiste après les élections de 2016, autrement dit si le prochain gouvernement ne prend pas au sérieux ce problème, on peut prédire une crise économique grave au Pérou dans les prochaines années, car les entreprises formelles iront investir ailleurs (elles ont déjà commencé à le faire). Les gens oublient souvent qu'au Pérou, l'extraction (mines et hidrocarbures) est le moteur de l'économie. Actuellement, cela tourne avec des projets découverts il y a 10-15 ans, plusieurs nouveaux projets n'ont pas été mis en route (Conga, Tia Maria) et l'exploration est au point mort (notamment hidrocarbures).