Dans le quartier résidentiel où habite ma soeur, à Yaoundé. Des voisins avaient un singe apprivoisé.
Au bout de quelques années, ce dernier s'échappait souvent et, est devenu, très vite, le caïd du quartier. Un vrai fléau mais, sympa. En tout cas, pas pour le boutiquier du coin, à qui, souvent, il va voler le sucre et les sachets de "king arthur" qu'il raffole. Pas pour ma soeur, avec qui, il disputait souvent, soit le régime de bananes-plantain, soit la poubelle. Au point où, il a menacé ma soeur... Pas pour le caniche de ma soeur, non plus. Il adorait narguer ce chien, trop "bavard" et allait même, manger dans sa gamelle...
La propriétaire en avait tellement marre des plaintes que, de guerre lasse, elle a dit aux enfants du quartier, de le tuer...
Ma fille et mon fils, ayant appris la chose, sont venus vers moi, en m'implorant de faire quelque chose. Mais quoi? Je ne savais pas quoi faire. Puis, je me suis souvenu que, j'avais vu en ville, des voitures, sur lesquelles était marqué "protection des humains et des animaux" mais, je ne savais pas comment entrer en relation avec la structure..Je me suis aussi, souvenu du zoo de Nvog Beti...
Pour calmer mes enfants, et les autres du quartier, e suis allée voir la propriétaire. Elle m'a expliqué son impuissance et son désarroi, face à ce petit rebelle à quatre pattes. Elle m'a raconté aussi, la terreur qu'il infligeait aux chiens de la maison, à qui il mangeait la nourriture..
Je lui ai demandé si, la prochaine fois que le petit delinquant, reviendrait, qu'on l'attrape et qu'on m'appelle, je l'amènerai au zoo...
Les jours suivants, c'était comme s'il savait que j'étais devenue son avocate. Lui qui, n'approchait pas des humains et ne se laissait pas approcher, non plus. Lorsqu'on était assis dehors, même si j'étais avec d'autres personnes, il venait vers moi, m'approchait un fur et à mesure, de façon graduelle.. D'abord, à 3 mètres, puis, petit à petit, il s'est assis à côté de moi. Le lendemain, il a mis sa patte sur ma cuisse, le jour suivant, il s'est assis sur mes genoux...
Timidement, je lui caressais la tête. il acceptait mes caresses Mais, j'avais peur de lui car, il était assez imprévisible et pouvait se montrer violent. Mais, je ne lui montrais pas... Ma fille nous a fait des photos...
Puis, un jour, il a disparu. On ne l'a plus revu...
Les jours ont passé et, ma fille a appris par les enfants du quartier, qu'on l'avait tué...
Elle a beaucoup pleuré et m'a abreuvée de reproches : "tu étais la seule, à qui il faisait confiance. Tu aurais pu et du le sauver...!!!
J'ai accueilli, en silence, la douleur de ma fille. Qu'aurais-je pu faire, toute seule,pour l'attraper, sans qu'il y ait une cage, quelque chose pour l'attacher ou le mettre en abri?
oui, je garde en moi, cette douleur et cette culpabilité, de n'avoir pas pu l'aider, ce petit singe qui, par instinct, m'avait fait confiance, à moi, parmi d'autres humains qui le maltraitaient et avaient peur de lui...
J'avoue que j'ai honte de ma trahison, envers ce petit animal