Extrait du blog Réussir en Chine
En Chine, les restaurants traditionnels sont généralement tous équipés de grandes tables rondes, pouvant recevoir entre 6 et 12 personnes, avec en leur centre une plaque de verre tournante. Il y a deux façons de choisir son environnement : soit noyé dans la masse, c'est-à-dire dans un grand hall enfumé et très bruyant (jusqu'à plusieurs centaines de personnes), soit isolé des autres tables, dans une salle fermée avec climatisation, télévision et sofa.
Ces salons privés sont appelés bÄojiÄn Cette deuxième option est de loin la plus recommandée lorsque l'on invite des gens à dîner. Il est en effet souvent difficile de s'entendre parler dans la salle commune. Lors d'un repas bien arrosé, le bruit peut atteindre des sommets inimaginables pour ceux habitués au calme des campagnes européennes. Tout le monde se parle en même temps, certains s'adonnent au karaoké ou regardent la télévision alors que d'autres s'affrontent dans les combats acharnés de jeux d'alcool. Le Chinois parle naturellement fort, c'est un fait incontestable. Dès lors que l'alcool joue son rôle désinhibant, cela tombe parfois dans la démesure.
Contrairement aux habitudes culinaires occidentales, les plats sont, en Chine, commandés pour être partagés par toute l'assistance. Les portions individuelles n'existant pas, il s'agit dès lors de bien varier les choix et d'anticiper la quantité qui sera nécessaire. Toujours prévoir trop, telle est la règle d'or. On ne lésine pas sur la quantité à commander dans de telles circonstances, ni sur le raffinement des mets. Ce qu'il ne faut surtout pas faire, c'est donner l'impression de compter son argent. L'hôte doit s'affirmer comme riche et généreux. N'oublions pas que dans l'Empire du Milieu, la richesse est sans doute l'élément le plus convaincant pour s'affirmer au sein d'une communauté. Une fois le repas terminé, les plats ne doivent pas être vides, ou du moins pas tous. Il doit toujours rester de la nourriture. Le cas contraire signifierait que l'hôte n'a pas assez commandé, ce qui risquerait d'être fort mal interprété par l'ensemble des convives. Afin de limiter le gâchis, les restes sont souvent mis dans des barquettes pour être emportés.
Il est, dans certaines cultures, impoli de ne pas finir sa portion. En Chine, c'est le contraire. Tout ingurgiter serait déshonorant pour la personne qui donne l'hospitalité. Inutile donc de trop se forcer à tout finir pour éviter le gâchis car un hôte chinois ne vous laissera jamais faire et commandera toujours trop.
Ce type de contraste culturel est très fréquent. C'est pourquoi l'Occidental qui vit en Chine doit se familiariser avec toutes ces astuces qui sont autant de rituels à connaître et à appliquer pour atteindre l'objectif fixé : intégrer une communauté, faire entrer ses invités d'un soir dans son cercle d'amis.
Ainsi, il est bon de savoir que la place d'honneur, à laquelle la personne la plus importante sera priée de s'asseoir, est la place qui fait face à la porte d'entrée. L'hôte quant à lui, s'assiéra à côté de l'invité d'honneur. Une personne proche de l'hôte se trouvera près de la porte, pour pouvoir appeler le personnel du restaurant en cas de besoin et gérer les flux de boisson. Le positionnement des personnes autour de la table n'est jamais anodin et s'avère même très important. Une fois que l'invité principal et l'hôte sont assis côte à côte, ils forment le sommet d'une pyramide hiérarchique. Les autres convives s'assiéront à la suite de l'invité d'honneur, selon leur rang social, par ordre décroissant. Les proches de l'hôte feront de même, de l'autre côté de la table.
Dans ce genre de repas formel, l'idéal serait de commander les plats avant même l'arrivée des protagonistes, afin de limiter au maximum leur temps d'attente. Contrairement aux habitudes occidentales, il n'est pas nécessaire de demander à ses invités ce qu'ils souhaitent manger. L'abondance du choix doit pouvoir satisfaire tout le monde. Si le solliciteur connaît bien ses convives, il pourra même commander les plats en fonction des goûts de chacun. Ce genre d'attentions est toujours très apprécié. Ainsi, une discrète et efficace petite enquête préalable peut être menée afin de savoir quel est le plat préféré de notre invité.
Pour les boissons en revanche, on propose. Cela ne doit pas pour autant restreindre l'étendue du choix. Bien souvent les hommes boivent de l'alcool (bière, vin rouge, spiritueux) alors que les femmes préfèrent les boissons douces (sodas, jus, lait ou thé). Je reviendrai, lors d'un prochain article, plus en détails sur la subtile gestion des boissons.
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